Fiche Therese Desqueyroux

« Thérèse Desqueyroux, Mauriac (1926) »

1. Présentation :

 François Mauriac (1885-1970), bordelais d’origine, s’installe à Paris en 1907 pour embrasser une carrière littéraire. D’abord poète : Les Mains jointes (1909), ce sont ses romans qui le rendent célèbre : L’enfant chargé de Chaines (1913), Le Baiser au lépreux (1923), Thérèse Desqueyroux (1927), Le Nœud de vipères (1932) ... L’écrivain est consacré à plusieurs reprises : il reçoit notamment le prix Nobel de littérature en 1952. Durant la guerre il s’inscrit dans le combat politique en prenant part à la résistance intellectuelle et, en 1958, il est décoré de la Grand-croix de la Légion d’honneur.

2. Thérèse Desqueyroux, Confession d’une épouse criminelle :

 Thérèse Desqueyroux est le 10ème roman de Mauriac : le roman obtient un succès immense à sa publication en 1926 dans la Revue de Paris et en 1927 en volume chez Grasset. L’histoire, tirée d’un fait divers, est celle de Thérèse, accusée d’avoir empoisonnée en vain son mari. Le roman s’ouvre sur un non-lieu prononcé par la justice en faveur de Thérèse. Sur la route du retour, elle prépare sa confession.

A travers ce roman, Mauriac élabore une critique fustigeant la bourgeoisie catholique et conservatrice dont il est issu et analyse les passions humaines.

 Le récit est scindé en 13 chapitres numérotés et non titrés, précédés d’une adresse à « Thérèse ». Dans cette adresse, Mauriac apostrophe directement son personnage, ce qui a pour effet de montrer que l’histoire de la jeune héroïne n’est pas uniquement fictionnelle. Quand au récit, narré presque entièrement à la troisième personne par un narrateur externe, il peut être divisé en trois parties :

o Chapitre I : Sortie du palais de justice, le non-lieu est prononcé en faveur de Thérèse

Le lecteur est directement plongé dans l’action : il s’agit donc d’un incipit « in medias res » (technique narrative qui fait commencer le récit au cœur de l'intrigue), les premières lignes amènent le lecteur à la sortie du palais de justice et le non-lieu d’une affaire dont on ne sait encore rien est prononcé.

Dans ce chapitre, non apprenons que Thérèse est la coupable mais l’histoire révèlera qu’il faudrait la considérer également comme la victime.

o Chapitre II-VIII : Thérèse passe en revue son passé et élabore sa « confession »

Ces chapitres sont rédigés sous la forme d’une analepse (récit d'une action qui appartient au passé, flashback) : c’est un long monologue intérieur par lequel le lecteur pénètre dans l’intimité de la pensée de Thérèse. Le voyage spatial de cette dernière qui rentre chez elle et l’exploration intérieur de sa confession se stoppent brusquement à l’arrivée à Argelouse « l’extrémité de la terre », là où la douleur s’est nouée et où le crime a eu lieu.

Qu’il s’agisse d’un retour en arrière n’empêche en rien qu’il y ait également une projection de l’avenir : Thérèse prépare la confession qu’elle exposera à son mari à son arrivée.

o Chapitre IX-XIII : Retour de Thérèse à Argelouse, réclusion et abandon à Paris

On assiste ensuite au retour brutal eu présent de l’histoire. Apres le monologue, on en revient à un récit factuel et à la considérable désillusion que vit Thérèse : face à son mari, elle sent qu’elle ne peut lui exposer ses explications. Elle vit la séquestration puis l’abandon à Paris, dans la foule des badauds.

Cette fin ouverte permettra à l’écrivain de poursuivre l’histoire de Thérèse dans un cycle de romans et de nouvelles.

3. Critique de la bourgeoisie et mise en relief de la douleur humaine :

 Une critique réaliste :

o La liberté de la femme dans le milieu bourgeois conservateur et catholique de Bordeaux du premier tiers du siècle dernier est bel et bien ce que Mauriac critique dans ce roman.

o Sous l’apparence d’un roman classique, il s’agit d’une étude de mœurs très réaliste et tout autant cruelle : il tente de révéler par le récit et le style qui suit les méandres de

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