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Feuillets d'Hypnos : Analyse du texte de René Char

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Par   •  25 Novembre 2014  •  3 086 Mots (13 Pages)  •  4 037 Vues

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Feuillets d'Hypnos : Analyse du texte de René Char

"J'ai aimé farouchement mes semblables cette journée-là "

FEUILLETS D'HYPNOS

Commentaire du FEUILLET 128.

Texte tiré des Feuillets d'Hypnos, ouvrage paru la première fois en 1946, puis en 1948 dans un ouvrage regroupant d'autres textes poétiques Fureur et Mystère.

Feuillets d'Hypnos, d'un aspect spirituel fort, est le témoignage personnel de René Char sur son expérience de la guerre et de la Résistance armée dans le Vaucluse. Ce recueil d'aphorismes et de textes plus longs, s'apparente à une chronique, un journal sur la vie souterraine et clandestine qu'il a menée durant les deux années (presque trois) dans les montagnes et vallées du Vaucluse, manoeuvrant sans cesse contre l'occupant. En effet, il est chef de section dans l'Armée secrète et se fait appelé Capitaine Alexandre (référence à Alexandre le Grand ?). Avant d'être poète, l'homme est actif. La poésie est considérée comme dérisoire face à l'innommable de la Guerre. Il fait de son journal, construit comme une suite de notes, sur les épreuves difficiles de l'Occupation, un recueil poétique mais aussi très existentiel : il est constamment traversé de réflexions sur l'amitié, la communauté, le sacrifice, et sur la double question de l'être et de l'action. René Char revient sans cesse sur la confrontation permanente et quotidienne avec la mort, et ce qu'il appelle "l'ennemi absolu" : la guerre.

"J'ai aimé farouchement mes semblables cette journée-là"

La lecture de ce texte soulève d'emblée plusieurs questions essentielles portant sur la thématique de la séquence. Poésie engagée : tout d'abord, en quoi ce texte (d'apparence prosaïque) peut-il être considéré comme un poème ? Ensuite, comment inscrire ce texte dans la problématique de la séquence (en quoi est-il "engagé") ?

Nous (pluriel de modestie !) avons donc construit notre étude en nous attachant à suivre plusieurs axes de réflexion : formels, stylistiques et idéologiques.

1 ) La structure de ce texte

C'est une narration (dans une oeuvre poétique !) qui dépasse le cadre de la simple anecdote. C'est un texte construit suivant les étapes du récit :

- un paragraphe introductif : présentation et disposition du temps, des lieux, des forces agissantes, et la mise en place de "l'épreuve".

- un paragraphe principal qui contient le récit de la scène, le retournement de la situation jusqu'au dénouement.

- une phrase de conclusion à la première personne qui expose une reflexion expressive et intime.

- une note en bas de page appelée par "sacrifice", dernier mot du texte ; note à modalité interrogative et sans réponse. (interrogation qui se situe hors de l'énonciation du texte, on est dans un temps différent, plus lointain ce qui a pour effet un décalage et produit un effet de surprise)

2 ) Où et quand se situe l'action ?

La scène se passe dans un village quelque part en France ("Marcelle" "le boulanger"): "pas un des miens n'était présent au village" et dans la note "le coeur mûri pour moi de ce village" nous l'indiquent. L'action se situe pendant laSeconde Guerre mondiale et l'occupation de la France par l'armée allemande : "deux compagnies de SS et un détachement de miliciens" et "les SS avaient surpris" nous permettent de l'affirmer.

Plus précisement l'action se déroule tôt le matin puisque "le boulanger n'avait pas encore dégrafé les rideaux de fer de sa boutique" implique l'heure précoce de la journée puisque généralement le boulanger est le premier artisan à ouvrir sa boutique, le premier personnage du village à travailler. De plus, l'auteur indique "depuis quatre heures j'étais éveillé. Marcelle était venue (...) me chuchoter l'alerte" : les indications temporelles sont précisées ici.

3 ) Quelles sont les différentes étapes du récit ?

Un récit en plusieurs étapes qui se construit en suivant une progression intensive et l'utilisation des différents temps verbaux du récit au passé. Dans le premier paragraphe (paragraphe de description et de présentationdes lieux et personnages) l'emploi du plus-que-parfait ("n'avait pas encore dégrafé") est une indication temporelle précise décrivant un fait accompli et révolu antérieur au passé simple : le premier pargraphe n'est donc pas consitutif d'une véritable étape de la narration. "Alors commença l'épreuve" exprime l'ouverture, par un effet d'intensification dramatique (l'ouverture du rideau au théâtre). L'auteur va décrire une crise, ses rebondissements et l'évolution des personnages jusqu'à l'issue : la violence des SS qui envahissent un village, le tire de son attitude paisible (village en sommeil, encore endormi) et s'acharne violemment sur un maçon coupable de braconnage. Le narrateur est caché dans une grange à prosimité et suit la scène, prêt à agir à chaque instant. Les SS veulent savoir où se cache un homme (le narrateur ?). La situation se renverse lorsque surgissent les habitants les plus faibles du village (femmes, enfants et vieillards) en une "marée" fondant sur les SS. La patrouille se retire et le narrateur se découvre.

4 ) Quelles sont les différentes forces en présence ?

Il y a plusieurs protagonistes qui se confrontent dans une situation difficile et violente : c'est une crise intense, une "épreuve" avec tout l'aspect sacré qu'elle sous-entend.

- Le boulanger, Marcelle, le jeune maçon, femmes, enfants, vieillards : qui constituent l'ensemble du village

- "Deux compagnies de SS et un détachement de miliciens" : l'ennemi.

- Le narrateur "je".

Les membres du village subissent l'action et la violence des SS (comparés à un animal monstrueux

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