Faut-il vraiment utiliser le voile d’une fiction quand on veut parler de la réalité ?

Le problème de l’argumentation est double : d’abord il faut tâcher de convaincre et de persuader son lecteur, mais il faut aussi ne pas le braquer et lui énonçant une thèse et des arguments qui heurtent de but en blanc ses propres convictions ; la difficulté se corse sous les régimes autoritaires qui n’admettent pas la liberté d’expression. Souvent alors les écrivains, intellectuels engagés dans les idées de leur temps, choisissent de créer des fables, des apologues, des récits fictifs dans lesquels les personnages vont vivre des aventures à travers lesquels le lecteur pourra lire une sorte de vision de l’homme et du monde ; le conte philosophique de Voltaire va dans ce sens : se jouer de la censure et de ses prétendus interdits tout en divertissant le lecteur – ce faisant, le lecteur réfléchit et accède à la pensée de l’auteur. On peut alors se demander s’il n’y a pas un paradoxe dans le fait de dissimuler des idées quand on cherche précisément à les transmettre : faut-il vraiment utiliser le voile d’une fiction quand on veut parler de la réalité ?

Nous examinerons d’abord les atouts de la fiction en matière d’argumentation, puis nous mettrons en évidence ses écueils ; enfin nous nous demanderons si l’apologue est le meilleur genre littéraire pour transmettre ses idées.

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