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Explication de texte Chants de Maldoror Ducasse

Commentaire de texte : Explication de texte Chants de Maldoror Ducasse. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  22 Novembre 2018  •  Commentaire de texte  •  3 660 Mots (15 Pages)  •  1 213 Vues

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        Nous sommes en présence d'un extrait des chants de Maldoror, un ouvrage de Isidore Lucien Ducasse, poête français d'origine uruguayenne qui écrit pour cette oeuvre sous le pseudo de comte de Lautréamont, un surnom qu'il emprunte surement à Eugène Sue, qui écrit en 1838 un ouvrage intitulé Latréaumont. Il est mort très jeune à l'age de 24 ans et n'a donc pas eu le temps d'écrire beaucoup, seulement 4 oeuvres dont les chants de Maldoror. C'est donc un ouvrage poétique sorti en 1869, donc un an avant sa mort, qui raconte une histoire décousue sans suite logique, si ce n'est la présence constante de Maldoror, le narrateur, un personnage maléfique et assez mystérieux. Dans cet extrait, Maldoror est témoin d'une scène de tempete en mer, qu'il a provoqué, qui emporte un navire. On pourrait alors se demander En quoi l'incarnation du mal pr le personnage de maldoror constitue une volonté de rupture avec une écriture du 19 eme siecle.

        Dans un premier temps, nous verrons que l'écriture de Ducasse présente une volonté de rupture avec l'ordre établi, et ensuite nous verrons l'omniprésence du mal dans ce poême, à travers le personnage de Maldoror.

        Donc dans cette première partie sur la volonté de rompre avec l'ordre établi, nous allons donc voir d'abord en quoi Ducasse est un précepteur du surréalisme, puis nous verrons la haine singulière qu'il ressent envers l'être humain. Enfin, nous verrons que cette volonté de se positionner en rupture avec le sens commun reste limitée.

        Le surréalisme, comme l'a théorisé André Breton en 1924 dans le premier manifeste du surréalisme, est un "automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer le fonctionnement réel de la pensée, en l'absence de tout controle exercé par la raison". C'est donc un courant artistique qui est symbolisé par un désir de révolte contre tout ordre pré-établi et un refus des constructions logiques de l'esprit, avec une volonté de rentrer dans l'irrationel, l'absurde, le rêve, etc. Alors que ce mouvement n'apparait qu'après la première guerre mondiale, on peut déjà voir apparaitre 50 ans plus tôt chez Ducasse les mêmes thèmes abordés, avec les mêmes envies. Tout comme les surréalistes, il veut  libérer l'art des contraintes académiques pour se concentrer sur la création artisitique, c'est pour cela que dans les Chants de Maldoror, il ne met pas en place une histoire cohérente mais la seule présence récurrente d'un être maléfique qui fait l'histoire.

        De plus, Ducasse va constamment modifier ce qu'il présente, à savoir le navire et la tempète, en les faisant changer de forme selon ce qu'il cherche à faire passer. Le bateau va notamment être évoqué d'abord sous lee terme de "navire" à la première ligne du texte, puis il va devenir un "grand vaisseau de guerre" à la ligne 5, à l'approche de la tempète, pour enfin se transformer en "coquille de noix" alors qu'il est completement submergé par les flots à l'avant derniere ligne de l'extrait. Avec ces métaphores ils modifient donc l'image que l'on se fait du bateau selon l'état dans lequel il se trouve. On peut donc retrouver ici des composantes de ce que deviendra le symbolisme avec des auteurs comme Verlaine ou Mallarmé, qui cherche à utiliser des analogies pour présenter différement le monde. Le terme coquille de noix cherche donc ici a montrer la faiblesse du bateau et des constructions humaines face à la puissance de la nature et de la tempète. Enfin, il évoque aussi le bateau sous les termes de maison sans bases et de sépulcre mouvant juste après, à la ligne 8. Ce sont deux métaphores du bateau qui s'opposent car la maison est le lieu commun de l'hospitalité, du réconfort et de la sécurité. A l'opposé, le terme sépulcre renvoie à la mort et donc au futur des marins. Les termes sans bases et mouvant servent seulement à rappeller que c'est le bateau qui est mentionné, et donc le coté marin qui ne permet pas d'avoir de la stabilité. Il va aussi se servir de différentes formules pour parler de la tempète, mais surtout de toutes les forces naturelles qui s'exercent contre les hommes, que ce soit l'eau, le vent, les éclairs, ou même la nuit. On peut retrouver le terme de masses aqueuses par exemple pour évoquer les vagues.

        Ensuite, l'esprit de révolte qui caractérise le surréalisme va se manifester dans l'écriture de Ducasse à travers une haine profonde pour les humains et pour la société et ses entraves, et c'est un thème qui est nouveau à l'époque et qui montre donc qu'il met en place des structures dont les surréalistes vont s'inspirer plus tard. Cette haine est surement amplifiée par le fait que Ducasse est très jeune lorsqu'il écrit cela, et que comme tout jeune il cherche à s'émanciper et à découvrir sa singularité. Cet état d'esprit va être rapporté par le personnage de Maldoror, qui représente le mal, et qui est dégouté par l'instinct de survie humain. Il exprime rapidement son mépris pour les humains en décrivant le ciel comme "d'un noir presque aussi hideux que le coeur de l'homme" à la ligne 4, avec l'adverbe presque qui montre qu'il n'est pas possible avec une nuit que l'on pourrait appeller noire, de décrire l'affrosité de l'homme. Il va ensuite utiliser le terme de parage, qui est un terme utilisé en boucherie, pour l'étape où l'on enlève le gras, pour parler de la tempete qui va détruire les hommes. Il compare donc les hommes à un surplus de ce que serait la nature originelle pure, gachée par ceux ci. Mais surtout, le personnage de Maldoror va se moquer de l'instinct de survie humain qui est un constant combat pour la vie mais surtout contre la mort. Tout d'abord il se moque de ceux qui essayent de maintenir le bateau a flots alors qu'ils sont ridiculement inférieurs aux forces de la nature. Ensuite, alors qu'ils savent que le bateau va couler, ils essayent de se maintenir en vie en retenant leur respiration alors qu'ils ne pourront pas survivre en mer. Ducasse utilise alors l'ironie pour se moquer de ces actes, notamment ligne 22 "chacun se dit qu'une fois dans l'eau, il ne pourra plus respirer, car d'aussi loin qu'il fait revenir sa mémoire, il ne se reconnait aucun poisson pour ancètre". Il est evident qu'aucun humain n'a la capacité de respirer sous l'eau quels que soient ses ancetres, mais cette formule montre a quel point les humains cherchent a assurer leur survie, car lorsqu'ils savent qu'ils n'ont plus les capacités pour survivre, ils cherchent encore malgré tout d'autres signes qui pourraient leur faire croire qu'ils leur reste une chance. Ces dernières respirations dont il se moque ne servent qu'a prolonger comme il le dit la vie "de deux ou trois secondes; c'est la l'ironie vengeresse qu'il veut adresser à la mort". Dans cette formule, il personnifie la mort et présente la vie comme un combat contre cette mort qui attend que nous mourons pour en quelque sorte nous récupérer, et le fait de prolonger de quelques secondes sa vie alors que l'on sait que l'on va mourir ne servirait qu'a narguer cette mort dont le seul but est de nous atteindre. Il affirme même ligne 32 que cette volonté de narguer la mort  est son "suprème voeu", cela veut dire que la vie n'est pour les hommes qu'un combat constant contre la mort, un combat qui est forcément vain puisqu'elle finit toujours par gagner. Il néglige donc la vie humaine qui est sans interet et c'est pour cela que dans le texte, Ducasse va toujours les voir comme un groupe ou alors par un indivdu indéfini, qui ne mérite pas que l'on s'attache à leurs individualités négligeables. Il va notamment utiliser la métaphore des moutons comme représentante de la condition humaine, comme des êtres qui ne vivent qu'à travers le groupe. Le fait de nous présenter ces hommes toujours comme un groupe va nous empecher de nous identifier au personnage et donc d'éprouver de la compassion pour lui. Nous verrons donc plus tard dans la troisième partie que c'est seulement au personnage de Maldoror que nous pouvons nous identifier. Ducasse nous présente aussi cet affrontement comme étant obligatoire en raison des actions des hommes, ce que je veux dire c'est que c'est parce que les hommes font telle chose qu'il leur arrive autre chose. Par exemple, on a une répétition du verbe venait dans les premieres lignes du texte, comme pour montrer que c'est le mouvement des hommes qui provoquerait la tempete. Il se moque aussi de l'abandon des hommes dans l'affrontement des hommes qui les oppose à la nature. En effet, à partir de la ligne 17, il dit "c'est le cri qu'a fait pousser l'abandon des forces humaines. Chacun s'enveloppe dans le manteau de la résignation, et remet son sort entre les mains de Dieu." Il critique l'irrationalité des Hommes qui mettent leur vie entre les mains d'un personnage inconnu, qui devrait venir les sauver sans aucune raison, parce qu'ils le meriteraient. Ils s'attendent à une justice divine qui devraient les sauver eux. Comme au théatre, on attend une sorte de Deus ex Machina, un personnage ou un évenement dont l'intervention peu vraisemblable apporte un dénouement inespéré à une situation sans issue et tragique. Seulement, puisque c'est le mal qui domine tout le texte et tout l'ouvrage, ce miracle ne peut arriver, et à chaque fois où l'on pense qu'il reste de l'espoir pour les humains, il est rapidement balayé par le narrateur. C'est notamment le cas ligne 8 où il dit "le roulis de ces masses aqueuses n'était pas parvenu à rompre les chaînes des ancres; mais, leurs secousses avaient entrouvert une voie d'eau, sur les flancs des navires. La conjonction de coordination "mais" anihile tout espoir de survie. Ainsi, l'écriture de Ducasse laisse donc transparaitre une volonté de rompre avec l'ordre établi, pour nous présenter sa haine de l'être humain et de ses instincts naturels.

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