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Explication "Le joujou du pauvre" Baudelaire

Commentaire de texte : Explication "Le joujou du pauvre" Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  2 052 Mots (9 Pages)  •  2 233 Vues

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Le joujou du pauvre. Petits poèmes en prose. Baudelaire (1821-1867)

Le texte étudié est un extrait du poème. La première partie du poème, non étudiée, est un discours (1ère personne, présent de l'indicatif) d'un narrateur qui parle du goût des enfants pour les jouets simples. Vient ensuite ce passage, sous forme de récit (3ème personne, imparfait/ passé simple) essentiellement descriptif, qui possède une forte cohérence malgré le retrait de la première partie.

I le jeu des oppositions

Tout le texte s'articule autour de la figure de l'opposition, de l'antithèse. Tout d'abord dans la structure même du passage : § 1et 2 : le monde et l'enfant riches, § 3 : le jouet riche / § 4 : le monde et l'enfant pauvre, § 5 le jouet pauvre / § 6 :La réunion des opposés. On le voit, le texte oppose la première partie (le monde riche, § 1, 2, 3) et la seconde (Le monde pauvre (§ 4 et 5). On peut remarquer la forte cohérence du monde riche (le jouet riche est comme l'enfant riche qui est comme le monde riche / la même chose pour le jouet, l'enfant, le monde pauvre). On remarque par ailleurs la même succession dans l'ordre des éléments de chacun des mondes : le lieu d'abord, puis l'enfant (avec à chaque fois un commentaire sur les apparences), et enfin l'enfant. Baudelaire a donc nettement mis en valeur les oppositions en jouant sur un effet de symétrie particulièrement sensible dans la figure du chiasme présent dans le début des § 1 et 4

« Sur une route, derrière la grille » (§ 1)

[pic 1][pic 2]

« De l'autre côté de la grille, sur la route » (§ 4)

La structure du texte exhibe donc symétriquement l'opposition des deux mondes selon l'axe de séparation de la grille du château et Baudelaire le dit explicitement : « A travers ces barreaux symboliques séparant deux mondes ».

Passons aux oppositions lexicales. Elles s'articulent autour de quelques thèmes.

Monde riche

Monde pauvre

Oppositions

Blancheur d'un joli château frappé par le soleil, vaste parc

Route, chardons orties

Lieu fermé et nature apprivoisée contre lieu de passage et nature sauvage

Enfant beau et frais, coquetterie, joli

Marmot-paria, sale, chétif, fuligineux

Santé, richesse, contre manque d''hygiène et de soin

un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, ... verroteries

Un rat vivant

Beauté, artifices, éclat, contre saleté, manque d'hygiène, aspect repoussant.

On peut ainsi trouver toute une série de termes qui s'opposent. Globalement la richesse s'oppose à la pauvreté, la santé au manque d'hygiène, la beauté au caractère repoussant... Mais on peut aussi repérer l'opposition des couleurs (la lumière, le jaune et la blanc, pour la richesse, contre l'obscurité, le noir, du monde pauvre) et enfin une opposition plus importante encore, celle de la mort et de la vie : dans le monde riche, tout est figé et on utilise le verbe « gésir » pour parler du jouet riche (« gisait »). Dans le monde pauvre, au contraire, il y du mouvement, par exemple avec les verbes « agaçait, agitait et secouait » et le rat est « vivant », il est « tiré de la vie ». En allant un peu plus loin, on pourrait même dire que le monde riche apparaît comme le monde du conte ou du rêve avec son « château », sa lumière blanche, son petit côté magique avec les verbes comme « apparaissait » alors que le monde pauvre semble être le monde de la réalité triviale, dure, désenchantée.

Donc, un texte qui met en évidence un très fort jeu d'oppositions.

II Un poème-tableau

Parmi les Petits Poèmes en prose, on peut trouver des textes de types différents (narratifs, analyse de sentiments, dialogues..., ou combinaison de ces types), ici, le texte est nettement descriptif. Il s'agit d'un temps de pause dans le récit sans action (dans le texte aucune action sauf à la fin avec les verbes d'action (« agaçait, agitait et secouait ») et la réconciliation finale (« se riaient l'un à l'autre »). Nous retrouvons tout le matériel habituel de la description. Nous retrouvons ainsi les localisations et une organisation de la description qui nous permettent de structurer l'espace (« Sur une route, derrière la grille » etc.) souvent placés en début de §. Nous retrouvons aussi les temps habituels de la description (imparfait) ainsi que les types de verbes, les verbes d'état et d'apparence ( « se tenait », « apparaissait » « gisait », « il y avait »). Nous retrouvons aussi une forte caractérisation adjectivale, des adjectifs qualificatifs (souvent de forme, taille, couleurs) qui précisent les éléments de la description (« sale », « vaste », « verni », « doré », etc.). Nous retrouvons aussi des figures de style caractéristiques de la description comme l'énumération ( « un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, doré, vêtu d'une robe pourpre, et couvert de plumets et de verroteries » etc.) ou l'opposition (voir plus haut). Un texte donc clairement descriptif avec une focalisation zéro, un narrateur omniscient qui semble tout connaître de la scène.

Par ce caractère descriptif, le poème se rapproche d'un tableau : le poème se donne a voir comme un tableau, une scène fortement structurée d'une part par les lieux avec la grille qui sépare les deux mondes et d'autre part par le jeu des couleurs qui oppose lumière et obscurité comme dans la technique picturale du « clair-obscur ». Baudelaire a pleinement exploité ce caractère pictural en faisant explicitement référence par deux fois à la peinture dans le poème. Ainsi, pour chacun des enfants, une précision est donnée qui est de l'ordre de la peinture (« ces enfants-là si jolis, qu'on les croirait faits d'une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté. » / « dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l'œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère. »). Les termes « pâte », « peinture », « vernis », « patine », font clairement référence à la peinture.

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