LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Etude du recueil "188 Contes à régler", De Jacques Sternberg.

Note de Recherches : Etude du recueil "188 Contes à régler", De Jacques Sternberg.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Mars 2015  •  1 133 Mots (5 Pages)  •  2 552 Vues

Page 1 sur 5

STERNBERG (Jacques), 188 Contes à régler, illustrations de Roland Topor, édition revue par l’auteur, Paris, Denoël – Gallimard, coll. Folio, [1988, 1998] 2004, 377 p.

Lorsque, pendant les fêtes, j’ai eu l’idée saugrenue (et mal payée) de lire quelques romans de vieille science-fiction bien eud’ chez nous, je m’étais notamment fait La Sortie est au fond de l’espace de Jacques Sternberg ; un roman certes pas parfait, mais néanmoins toujours percutant, et séduisant de par son pessimisme et sa misanthropie (ben oui, moi, le pessimisme et la misanthropie, ça me parle). Néanmoins, de son propre aveu, l’auteur avait une prédilection pour la forme courte, voire ultra-courte : extrêmement prolifique, il a écrit tout au long de sa carrière plus de 600 « short short ».

Ces 188 Contes à régler, qui marquèrent en 1988 le retour de l’auteur à la science-fiction (qu’on ne s’y trompe pas : malgré la réédition dix ans plus tard chez Folio en « blanche », après un premier passage en « Présence du futur » chez Denoël, on nage ici en plein genre, SF pour l’essentiel, parfois fantastique), en constituent un témoignage éloquent. 188 récits extrêmement brefs (parfois une seule phrase, ou un unique paragraphe, souvent une page tout au plus), classés pas ordre alphabétique (à l’exception des « nostalgia » qui concluent le recueil, vieux textes généralement moins intéressants, à l’exception du plus long, fourmillant d’idées, le superbe et hilarant « Petit Précis d’histoire du futur »), qui sont autant de variations sur les obsessions de l’auteur, sur son pessimisme et sa misanthropie (donc), mais relèvent aussi très souvent de l’humour le plus noir (ce qui n’était à mon sens pas vraiment sensible dans La Sortie est au fond de l’espace), avec des illustrations de Roland Topor à l’avenant. Tout cela n’est en effet pas vraiment joyeux et, si on rit souvent, c’est d’un rire coloré, noir donc, ou encore jaune, teinté d’absurde autant que de dégoût. Et, des fois, sans que la nouvelle ait pour autant raté sa cible, on ne rit pas. Du tout.

Tiens, pour une fois, j’ai envie de reproduire la quatrième de couverture, étrangement juste :

« Les extraterrestres ? Trop différents de nous pour qu’une quelconque communication soit possible, ou trop semblables à nous pour exciter notre curiosité.

« Les planètes étrangères ? Piégées.

« Les objets ? Suspects.

« Le temps et l’espace ? Sujets à d’étranges sautes d’humeur.

« Les humains ? Pollueurs, prétentieux, belliqueux avides de profits et de records, vulgaires, rongés par l’ennui, mortels dans tous les sens du terme.

« Et Dieu dans tout ça ? Tranquillement sadique.

« En 188 contes-gouttes, Jacques Sternberg revient à la science-fiction, ses premières amours, pour décliner ses haines et ses dégoûts sur le seul mode qui trouve grâce à ses yeux : l’absurde, l’humour noir, le sarcasme glacé. »

Ce recueil, que l’on a instinctivement envie de placer sous le patronage d’un Fredric Brown, notamment, mitraille donc le lecteur avec les obsessions de Jacques Sternberg, des plus innocentes (en apparence, tout du moins, comme le nautisme) aux plus graves (ainsi la Shoah ; précisons que le père de l’auteur mourut en déportation). Et on en retire un tableau de l’espèce humaine guère flatteur : l’homme, ici plus que jamais (ou pas), est définitivement répugnant. Agressif, mesquin, stupide, prétentieux, inconscient, cupide, il n’a rien pour lui.

Aussi n’aurait-on a priori guère envie de trouver tout cela réjouissant, pour peu que l’on s’y arrête un brin. Et pourtant, si ; car c’est souvent follement drôle, d’un potentiel comique à la hauteur du sentiment de nausée qui étreint immanquablement le lecteur masochiste. En

...

Télécharger au format  txt (7 Kb)   pdf (91.1 Kb)   docx (11.3 Kb)  
Voir 4 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com