En quoi le poète, et plus généralement l’écrivain, jouent-ils le rôle de « révélateur » comme l’exprime Bergson dans son texte ?

En quoi le poète, et plus généralement l’écrivain, jouent-ils le rôle de « révélateur » comme l’exprime Bergson dans son texte ?

L’art, depuis de nombreuses années, nous permet de connaître le monde qui nous entoure, avec comme exemple les écrits historiques, nous avons pu ainsi connaître l’histoire plus précisément, connaître des mœurs ou des coutumes, tel que les derniers jours de Pompéi, qui nous permet de percevoir au-delà de l’état du paysage une réalité qui nous était alors assez vague. Henri Bergson, dans un passage de la pensée et le mouvant, semble affirmer que l’artiste, révèle à nos yeux ce qui ne frappait pas avant notre conscience et nos sens. La fonction de l’art serait alors de nous révéler la réalité. On peut alors se demander comment l’écrivain nous révèle-t-il la réalité à travers sa création, en quoi joue-t-il le rôle de « révélateur ». En effet, en quoi les créations du poète où de l’écrivain arrivent-elles à appréhender la réalité ? Après avoir compris quelle était la nécessité de l’art pour nous, nous verrons ce que l’artiste nous transmet.

Il est d’un constat commun que d’affirmer que l’art est une part importante de notre vie, elle a, depuis toujours, été l’expression de notre moi intérieur, que ce soit avant l’écriture avec les peintures rupestres de la grotte de Lascaux, ou les derniers écrits de nos auteurs favoris. Mais si d’autres formes d’art peuvent nous transmettre la réalité, nous allons en rester au rôle de l’écrivain.

Tout d’abord, il est important d’approfondir ce qu’est le rôle du « révélateur ». Bergson, dans son texte, nous transmet l’idée que l’art servirait à nous transmettre ce qui, en nous ou en dehors de nous, ne toucherai pas notre conscience ou nos sens, soi notre perception première. Bergson nous introduit l’idée que, l’art rend visible ce qui ne l’était au paravent, des émotions ou des pensées qui pouvaient se trouver à l’intérieur de nous-même mais qui étaient ainsi, invisibles. C’est donc ainsi que Bergson compare cette fonction qu’a l’art, à la photographie. En effet, des années plus tôt, alors que les appareils photos numériques n’existaient pas encore, on utilisait des appareils argentiques, desquels on obtenait des négatifs, qu’il fallait tremper dans un révélateur, pour voir apparaître la photo. Car même si la photo, avant d’être plongée dans le bain, était déjà là, nous ne pouvions en voir les couleurs qu’une fois sortie. Bergson précise que l’art peut nous montrer des choses autant dans l’esprit que dans la nature, cela suppose donc qu’il y a dans la nature, des choses qui nous sont invisibles et c’est cette affirmation qui rejoint la thèse d’un autre auteur connu, O. Wilde, qui affirme que la beauté n’existe pas sans l’art, que nous ne sommes capables de saisir la beauté des choses tant qu’un artiste ne nous l’a pas montré. Victor Hugo, dans les contemplations, a écrit un poème se nommant, à la fenêtre, pendant la nuit, nous décrit un ciel parsemé d’étoiles, et s’il n’en fait pas une très longue description, on arrive à saisir tout de même la beauté et la tristesse qui s’en dégage. Les ciels étoilés sont beaucoup dépeints dans les écrits, on en retrouve un dans Roméo et Juliette, dans la scène du balcon, une scène très forte en émotions, très célèbre, ou encore dans Cyrano de Bergerac, lorsque ce dernier prend la place de Christian et avoue son amour à Roxanne. Dans ces exemples, la nuit a un sens très fort, une beauté mélancolique. L’art, et donc l’artiste, a la capacité de transformer un simple ciel étoilé en un décor plein de beauté et d’émotions.

Si le rôle du révélateur est maintenant plus clair, il nous reste à nous demander pourquoi avons-nous si besoin de lui. Tout d’abord car notre subjectivité peut nous couper du réel, en effet, nous vivons chaque jours la même vie, on peut illustrer cette idée par le texte d’Albert Camus dans le mythe de Sisyphe « lever, tramway, quatre heures de bureau ou d’usine, repas, tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le même rythme », nous avons une routine et donc notre perception du réel peut être étroite, c’est ce que peut corriger les écrits car ils nous font voyager à travers le temps et l’espace, on peut alors se retrouver dans les années 1830 dans le rouge et le noir avec Stendhal ou dans le futur avec Fahrenheit 451 avec Ray Bradbury. Ces voyages qui se font à travers les époques et les lieux nous permettent d’élargir notre connaissance et de révéler en nous, des pensées ou des émotions qui demeuraient jusqu’à lors, invisibles.

Si notre subjectivité peut nous couper du réel, nous avons donc besoin de l’artiste, du révélateur, pour nous y connecter. Lorsque Victor Hugo écrit Claude Gueux, il vise à dénoncer les conditions de détention et les peines données pour les délits, ces textes ont pu avoir un impact sur le lecteur qui a pu se rendre compte des mauvaises conditions de vie et de se rendre compte que la peine de mort n’était pas valable, Victor Hugo a donc eu le rôle de révélateur, car il a pu faire se rendre compte aux autres certaines choses qu’ils pouvaient ignorer. L’écrivain nous permet donc d’appréhender, d’apercevoir la réalité et plus important, de la saisir. Dans les romans historiques, on saisit la réalité, les coutumes, les mœurs, on aperçoit plus précisément une époque qui pouvait nous sembler vague. De plus, l’écrivain , lorsqu’il écrit des récits qui tendent vers l’imaginaires, nous, lecteurs, prenons les morales des récits pour les appliquer dans la réalité, c’est le principe avec les apologues. Dans les comptes de fées comme le petit chaperon rouge, on tire inconsciemment des leçons de vie que l’on applique à notre existence, cela nous permet d’appréhender la réalité, le loup qui parait courtois mais qui peut nous manger si nous sommes trop indiscrets, cela nous apprend inconsciemment à nous méfier des inconnus, dans ce même compte, le petit chaperon rouge n’écoute pas sa mère et ne prend pas le bon chemin, ce qui nous apprend que nous devons écouter l’autorité. Mais plus généralement que dans un apologue, on peut avoir des « révélations » qui viennent de récits fantastiques, oniriques, comme dans les Disney, qui reprennent des comptes, ou des histoires fantastiques comme Alice au pays des merveilles ou Peter Pan.

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