En quoi le personnage de Madame Bovary peut-il intéresser le lecteur d'aujourd'hui?

Français – Essai

En quoi le personnage de Madame Bovary peut-il intéresser le lecteur d’aujourd’hui ?

C’est en 1856 que Gustave Flaubert publia Madame Bovary, un roman inspiré de faits réels, qui suscita un scandale à l’époque, provoquant les plaintes indignées de nombreux lecteurs. Flaubert fut même jugé pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs », mais finalement acquitté. Ce roman éponyme, particulièrement choquant à l’époque car mettant en scène une vie de femme au parfum de scandale, totalement à l’écart des usages courants, dépeint une réalité très moderne. Encore aujourd’hui, ce roman reste le sujet de nombreuses études. Le personnage principal, Emma Bovary, se fait l’écho de nombreuses thématiques contemporaines telles que la condition de la femme, l’accomplissement personnel avant toute autre considération et le surendettement. Nous allons d’abord nous intéresser au rôle des femmes dans la société du XIXe siècle. Puis, dans un deuxième temps, nous aborderons le thème de l’ennui et de ses conséquences.

Au temps de Flaubert, le rôle de la femme est cantonné à celui de maîtresse de maison, où elle se doit d’être bonne épouse, bonne mère, bonne ménagère. Les mariages sont fréquemment des mariages dits de raison, la future femme n’ayant que bien peu à dire. Ce rôle peu valorisant et répétitif ne convient pas à la personnalité indépendante et romantique d’Emma Bovary, qui rêve du grand amour, de voyages, d’appartenir à une meilleure classe sociale, se laissant emporter par ses lectures. Elle ne remplit pas non plus son rôle de bonne mère, ne s’occupant pas de sa fille comme elle devrait, ce qui à l’époque était complètement transgressif, est l’est d’ailleurs toujours un peu. Si aujourd’hui, dans la plupart des pays économiquement développés, le rôle de la femme au sein de la société a bien évolué, il reste des inégalités entre les sexes. Et ces inégalités sont encore plus criantes dans certains pays en voie de développement. Ainsi, certaines femmes peuvent toujours s’identifier au personnage romantique d’Emma ou au moins comprendre certains aspects de son caractère qui forgeront ses actions dans la suite de l’histoire.

L’ennui, qui est un autre thème prédominent du roman, est mis en exergue dès la première apparence d’Emma, quand elle vit encore chez son père. Lorsque Charles, jeune veuf, lui fait sa demande en mariage, elle le connaît à peine. Elle accepte pourtant rapidement dans la perspective d’un changement qui ne peut lui paraître que salutaire. Néanmoins, bien que Charles lui témoigne un amour indéfectible, elle s’éloigne rapidement de lui et retombe dans l’ennui. Son existence lui paraît vide et son mariage dénué de sens. Même la maternité ne lui apporte rien, elle ne s’attache nullement à sa fille et fait le choix conscient de s’écarter de sa famille dans des aventures illégitimes.

Oser aborder ce thème dans un monde régi par une morale catholique stricte, à une époque où le divorce est considéré comme une infamie, une tache indélébile, est une véritable provocation de la part de l’auteur. C’est pourtant un thème précurseur qu’aborde Flaubert, la société contemporaine incitant les individus à rechercher leur épanouissement personnel avant tout.

La recherche de la passion et de l’aventure, motivée par le manque d’épanouissement d’Emma dans le roman, est un sujet bien actuel. Sans passion et aventure, la vie peut paraître bien terne et vide, créant un besoin de dérivatif, comme se noyer dans le travail ou consommer à l’excès, ou de transgression comme commettre des délits. Emma se réfugie dans l’adultère, puis dans la consommation, contractant des dettes, ce qui la mènera au suicide. Son comportement rejoint des situations que l’on croise couramment aujourd’hui.

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