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Eldorado de Laurent Gaudé, la rencontre de Piracci et Soleiman (chp. XIII)

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Par   •  16 Septembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 669 Mots (11 Pages)  •  1 812 Vues

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Eldorado de Laurent Gaudé

Lecture analytique : la rencontre de Piracci et Soleiman (chp. XIII)

Introduction

  • Préambule (situation du passage, commentaire sur l’auteur et/ou sur l’œuvre et/ou sur le thème abordé dans le texte).

La question des migrants est un sujet d’actualité qui concerne plus particulièrement l’Europe en ce début du XXIème siècle. Laurent Gaudé décide de traiter ce thème dans son roman « Eldorado » (publié en 2006) en alternant le point de vue de personnages directement concernés :                       le commandant de frégate italien Piracci dont la fonction consiste à sauver, mais aussi à refouler les migrants et Soleiman, un Soudanais, qui décide de passer en Espagne. Leurs parcours respectifs vont les faire se croiser à Ghardaïa en Libye, alors que Piracci a abandonné son métier pour rejoindre la terre d’origine des migrants dans le but de mieux les comprendre.

  • Présentation du texte (résumé du passage)

C’est dans le dernier chapitre que cette rencontre a lieu : au marché de Ghardaïa, Soleiman se dirige vers Piracci sans le connaître. Ce dernier est dans un piteux état : il a tenté de se suicider et ne trouve plus de sens à sa vie. Soleiman, lui-même, commence à perdre espoir. Cependant il croit reconnaître en Piracci l’ombre de Massambalo, le dieu des migrants.

  • Problématique (question générale qui va cibler l’intérêt du texte) :

En quoi cette rencontre va-t-elle être décisive pour les deux hommes et constituer un moment fort du roman, rendant cet excipit surprenant ?

Critères d’analyse du texte narratif

  • Le point de vue : celui de Piracci comme le montre l’expression « le jeune homme », répétée quatre fois. L’opposition entre les deux personnages est particulièrement marquée. Piracci, malgré ses quarante ans, se sent déjà vieux, revenu de tout. Son expérience n’a pas été acceptée par les hommes du bus, candidats à la migration. Il est donc surpris de voir ce « jeune homme » l’interpeller.
  • Le point de vue de Soleiman a déjà été adopté sur cette même scène, mais rendait le récit peu explicite (p. 152). En effet, ce geste semble tellement évident pour Soleiman qu’il ne prend pas la peine de révéler l’identité de son interlocuteur.

  • La composition du texte/le type de texte (narration ? description ? argumentation ?)
  • l. 1 à 5/l. 27 à 41 : récit de l’évolution de la rencontre et de la transformation des deux personnages.
  • L. 7 à 26 : débat intérieur/monologue intérieur de Piracci (interrogation sur l’attitude à adopter puis prise de conscience du rôle qu’il peut désormais jouer auprès des migrants).
  • Ce passage est une alternance de discours indirect (« Il pensa que s’il acquiesçait… » + répétition des « Ils savait que… ») et de discours indirect libre (« Et s’il échouait ? S’il mourait ? », « Eux aspiraient à des pays où les hommes… », « La fièvre de l’Eldorado, c’est cela », le discours indirect libre se trouvant dans l’antéposition).
  • Les temps employés/Le rythme de la narration :
  • Le passé simple pour des actions brèves (« il cligna des yeux », « Il pensa que s’il acquiesçait… », « il acquiesça de la tête »). Ce temps domine à la fin du texte qui correspond à un événement précis (le don du collier qui sert d’amulette à Soleiman). Cependant cet événement se déroule comme un cérémonial : « il enleva lentement un petit collier », « Salvatore Piracci le prit dans ses mains, et, avec la même lenteur, le mit autour de son propre cou »).
  • L’imparfait domine plutôt dans le début du texte. Il exprime :
  1. Une durée : « le jeune homme continuait à le regardait et attendait… », « il se souvenait de ces milliers d’yeux ».
  2. Un état : « Il était maintenant de l’autre côté » (l.18), « Il était bien », « Le dieu des émigrés veillait sur lui ».
  3. Il traduit les pensées du personnage dans le discours indirect (« Et s’il échouait ? »)
  • On a le sentiment d’une scène « au ralenti » où le temps semble comme étiré ou suspendu.
  • Le plus-que-parfait correspond, en grande partie, à l’analepse (flash-back) qui saisit Piracci et qui permet de comparer sa situation présente avec ce que faisait de lui son ancienne fonction (« Il avait été tant de fois la malchance… », « où il n’avait vu que des visages fermés par la meurtrissure de l’échec », « Il y avait cru un temps… , mais il avait fini par comprendre que ce n’était pas cela… ».

Cette analepse est marquée par la répétition « Il se souvenait ».

  • Le conditionnel présent exprime le futur dans un récit au passé (« il savait qu’il ne trouverait aucune terre à sa convenance… », « Plus rien ne l’effraierait »).

Le conditionnel peut aussi exprimer une éventualité (« il serait cruel de lui faire croire… »)

  • L’imparfait duratif et le retour dans le passé matérialisé par les plus-que-parfaits donnent l’impression que cette brève rencontre est décrite « au ralenti ». Le narrateur décompose l’événement en rapportant les pensées de Piracci.

  • La ponctuation

A la question posée par Soleiman (qui est l’expression d’un espoir), correspondent les questions que se pose intérieurement le personnage elles montrent son dilemme (« Allait-il consentir ou renoncer ? ») ou ses craintes (« Et s’il échouait ? S’il mourait ? »).

  • Les guillemets n’encadrent qu’un mot (cette rencontre est singulière dans le roman, car il n’y aucun dialogue).

  • Les champs lexicaux (et leur interprétation/analyse de procédés littéraires si besoin) :

  • Le regard : la rencontre est quasiment muette (l. 30 : « sans dire un mot » ; l. 35 : « après être resté un temps silencieux »).

L’extrait est encadré par le regard : au début c’est Soleiman qui fixe Piracci, à la fin c’est Piracci qui regarde fixement Soleiman qui s’en va.

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