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Du côté de chez Swann cas

Dissertation : Du côté de chez Swann cas. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Avril 2016  •  Dissertation  •  2 254 Mots (10 Pages)  •  2 632 Vues

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CRISTACHE Maria Diandra

Analyse Texte Littéraire du XX siècle

Dissertation

Sujet : Le narrateur de Du côté de chez Swann rappelle tout au long du roman le souvenir d'êtres qui pour beaucoup d'entre eux on disparu et de moments du passé qui ne sont plus. Il déclare ainsi dans la première partie, intitulée Combray, après la narration de l'épisode où, enfant, était sorti de sa chambre pour recevoir le baiser de sa mère qui lui était refusé, « La possibilité  de telles heures ne renaîtra jamais pour moi. […] ces cloches de couvent qui couvrent si bien les bruits de la ville pendant le jour qu'on les croirait arrêtées mais qui se remettent à sonner dans le silence du soir » Dans cette perspective, et à travers votre appréhension personnelle de Du côté de chez Swann, vous examinerez comment le roman de Proust permet, dans sa recherche du temps perdu, de faire renaître au présent de la narration la figure d'êtres disparus e de moments enfuis. 

Un « édifice immense du souvenir »[1], c'est ce que Marcel Proust entend faire du monument philosophique, romanesque, critique et poétique qui est La recherche du temps perdu, œuvre de plus de trois mille pages réparties en huit tomes (autant en comptait la première édition, publiés par Gallimard entre 1913 et 1927), dont Du côté de chez Swann intègre les premières six cent.

Dans ces pages, les méditations de l'écrivain rétablissent une jonction entre son ressenti conscient et les structures du passé enfouies dans son inconscient ; ainsi confronté à la profondeur de son propre patrimoine mnémonique, il se retrouve constamment à l'écoute des échos de sa mémoire involontaire tout en les recherchant par des efforts volontaires. Les mécanismes d'évocation ainsi mis en place tissent un réseau d'attitudes et orientations qui forment la conscience créatrice de l'écrivain, celui-ci étant toujours présent à lui-même en tant qu'être en maturation progressive. Deviennent ainsi manifestes les caractères de continuité entre enfance et âge adulte d'où on peut essayer de reconstruire au fil de l’œuvre l'historique psychologique de l'écrivain.

Sera ici exposé un paradigme d'attitudes que le narrateur endosse au but de mettre au jour les êtres disparus et le temps perdu de son enfance : son travail conscient de narrateur-adulte, déjà à l'état embryonnaire dans les pensées spontanée du narrateur-enfant, oriente son attention vers un horizon temporel divergent de celui de son moi-enfant, et cela se manifeste dans son rapprochement moral  avec ce que son moi-enfant, pour incompréhension ou malentendu, avait plutôt tendance à éloigner.

Les réflexions que l'écrivain élabore à l'écrit sont très tôt préfigurées dans les raisonnements plus ou moins éclairés du narrateur-enfant, et c'est à partir du moment où se déclenche la dialectique entre mémoire volontaire et involontaire que ceux-ci reviennent à sa mémoire d'adulte tout en traînant  derrière eux les relations, images et situations qui en ont été les force motrices.

L'incipit du roman, « Longtemps, je me suis couché de bonne heure »[2], renvoi tout de suite au thème du rêve éveillé. Insomniaque enfant aussi bien qu'adulte,  son attente réitérée du baiser maternel se fige en un las de temps intermédiaire où la présence contraignante de l’obscurité, source de sentiments universels comme dans ce cas l'angoisse de la séparation, lui en fait très tôt pressentir les profondeurs réelles ; ce sera au tour de son moi-adulte, plus tard, d'essayer d'en déceler consciemment la nature et la structure.

En vérité, souvent l'attitude du narrateur adulte est sereinement critique envers les conclusions que, enfant, il tirait de l'observation de son entourage. Nombreux passages signalent une prise de position « adulte »qui n'a pas caractère de remontrance, mais plutôt de constatation d'une normalité. On pourrait citer en exemple  de cette démarcation : « J'ai l'impression de quitter une personne pour aller vers une autre qui en en distincte, quand, dans ma mémoire, du Swann que j'ai connu plus tard avec exactitude je passe à ce premier Swann... »[3] ; ici comme ailleurs, le narrateur soupèse ses impressions anciennes et nouvelles, les retourne, les compare, établit des liens entre elles et à partir d'elles élargit son champs visuel dans le panorama de ses souvenirs.

Le passage ci-dessus nous donne un autre indice : la présence de Swann est vivante au moment de la narration en qualité de fil rouge aussi bien du parcours de maturation vers l'âge adulte  (en vertu de ses réseaux sociaux) que du parcours à rebours vers l'âge de jeunesse (puisque il demeure présent dans son souvenir) de l'écrivain.  

La voix de celui-ci, d'ailleurs, pour conquérir la plénitude de ses possibilités au fur et à mesure que son travail de réminiscence acquiert de la profondeur, devra s'affranchir des barrières rationnelles qui lui sont imposées : « J'aurais voulu ne pas penser aux heures d'angoisse que je passerai ce soir seul dans ma chambre sans pouvoir m'endormir ; je tâchais de me persuader qu'elles n'avaient aucune importance, puisque je les aurais oubliées demain matin, de m'attacher à des idées d'avenir qui auraient dû me conduire comme sur un pont au-delà de l'abîme prochain qui m'effrayait. »[4] Voici que pour l'enfant, les moments précédents l'heure d'aller se coucher sont envahis de l'angoisse associée au manque de sommeil. C'est là le moment où il assimile par anticipation l'apathie angoissée de son insomnie d'adulte et c'est à ce moment-là qu'il refuse pour la première fois le contact avec « l'abîme ». L'indication temporelle « demain matin » peut confirmer l'existence prochaine de l'écrivain en germe (bien entendu encore méconnu, puisque l'enfant attend de son avenir une délivrance qui n'aura pas lieu). Mais bien plus remarquable est ce que cet enfant s'impose la raison  (« je tâchais de me persuader que... ») et sans le savoir étouffe en lui la voix de l'écrivain qui, un jour, attendra consciemment les moments d'insomnie pour entreprendre la recherche à l'intérieur de soi ; la séparation de sa mère que tous les soirs l'enfant vit comme un adieu tragique préfigure là l'adieu définitif qui lui rendra quotidien l'abîme de la solitude.

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