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Du Contrat Social de J.J. Rousseau

Cours : Du Contrat Social de J.J. Rousseau. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Mai 2017  •  Cours  •  2 160 Mots (9 Pages)  •  948 Vues

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                                             Du Contrat Social de J.J. Rousseau

                                                   Livre I

Introduction :

Il s’agit pour Rousseau de fonder un Etat légitime, c’est-à-dire qui soit fondé sur le droit et non la force, quel  que soit le visage que prenne celle-ci. Un Etat fondé sur le droit est le seul dont on puisse rendre raison. Seul le politique peut fonder le politique ; on ne peut asseoir celui-ci sur des fondements extrapolitiques tels que par exemple la religion (le droit divin), la nature(le droit naturel), les ancêtres, les traditions, l’histoire.

Rousseau veut inaugurer une véritable théorie politique « en prenant les hommes tels qu’ils sont, et les lois telles qu’elles peuvent être ». Il ne s’agit pas de rêver à une humanité parfaite qui n’existe pas mais d’ancrer la réflexion politique dans le réel et le possible; Rousseau affirme une volonté de réalisme politique, loin des chimères et utopies politiques ainsi qu’une vision pragmatiste : allier le droit à l’intérêt, la justice et l’utilité. La politique ne doit pas simplement faire naître des valeurs telle que la justice mais également satisfaire les intérêts des hommes. Si les hommes vivent en société, c’est d’abord par intérêt.

Le chapitre I s’ouvre sur la phrase probablement la plus célèbre du Contrat social « L’homme est né libre et partout il est dans les fers ». C’est ce constat, incompréhensible, qu’il s’agit de dénoncer. L’homme, en effet est défini pour Rousseau, par sa liberté (CF Le Discours sur l’origine et le fondement de l’inégalité parmi les hommes), être homme, c’est être libre, c’est la liberté et non la conscience qui distingue l’homme de l’animal. Ôter la liberté à l’homme, c’est donc détruire son humanité. Si donc l’homme accepte de renoncer à la liberté dont il jouit dans l’état de nature, ce ne peut-être pour être asservi. Ce serait absurde. Le contrat social tel que l’a pensé Hobbes est un marché de dupes. La perte de liberté au sein d’un Etat tyrannique se joue d’ailleurs des deux côtés des contractants : le tyran qui vit dans l’esclavage de la crainte de ses sujets dont il peut toujours craindre le soulèvement (le plus fort n’est jamais assuré d’être toujours le plus fort CF Le chapitre III) est tout aussi soumis que ceux qu’il a asservis.

Rousseau ne se propose pas d’analyser historiquement ce constat mais d’en étudier les causes. La force ne peut fonder aucun droit, à peine une contrainte. Elle n’a aucune légitimité et peut être renversée à tout moment. Un Etat illégitime doit craindre à tout moment son renversement.

Le seul Etat légitime est celui qui sera fondé sur des « conventions », c’est-à-dire des lois.

Chapitre II :

La famille est une société naturelle. Elle s’enracine dans le besoin et cesse avec celui-ci. Si les liens se maintiennent, ils ne doivent plus rien à la nature et sont volontaires.

L’autorité parentale se distingue néanmoins de l’autorité du maître sur son esclave comme de l’autorité politique.

Si le père domine l’enfant, c’est pour le bien de celui-ci. Une fois adulte, l’enfant ne doit plus rien au père et n’est plus tenu de lui obéir.

Alors que le maître domine l’esclave pour son bien à lui, non pour celui de l’esclave, tel le berger qui engraisse ses moutons : s’il prend soin d’eux, ce n’est pas pour le bien des moutons, selon le sophiste Thrasymaque dans le Livre II de La République de Platon.

Enfin, la domination politique vise l’ensemble de la société (l’intérêt général) dont l’intérêt particulier du sujet fait partie. Si donc le sujet obéit aux lois, c’est pour le Bien de l’ensemble dont il fait lui-même partie.

On peut, selon Rousseau, comparer l’autorité parentale et l’autorité politique, dans la mesure où ; dans les deux cas, l’enfant ou le sujet n’accepte « d’aliéner leur liberté que pour leur utilité ». Encore une fois, si nous renonçons à notre droit naturel, c’est que nous y trouvons un plus grand intérêt que si nous le conservions. Seuls un pouvoir commun et des lois communes peuvent non seulement préserver mais aussi réaliser notre liberté (l’absence de lois n’étant que négation de notre liberté).

Rousseau attaque ouvertement la conception politique de Grotius (voir index des noms propres) : défenseur du droit du plus fort, comme Thrasymaque, il considère que le pouvoir se fait en faveur de celui qui gouverne et non de ceux qui sont gouvernés. Le berger devrait-il engraisser ses moutons pour le bien des moutons ? Conception qui cautionne l’esclavage et confond le pouvoir politique avec la relation maîtrise-servitude. Rousseau rapproche la conception de Grotius de celle de Hobbes ; dans les deux cas, l’homme est comparable à l’animal (que lui reste-t-il en effet si on lui enlève sa liberté) et le pouvoir est celui du tyran. Déjà dans l’antiquité, Aristote avait élaboré une théorie naturelle du pouvoir : il y a des hommes naturellement faits pour commander, d’autres naturellement faits pour obéir ; l’esclave par nature est inférieur au maître comme la femme est inférieure à l’homme ou l’enfant au père. Aristote distinguait ainsi deux classes d’outils : les outils inanimés et les outils animés (les esclaves). Si on naît esclave, on ne peut alors plus rien y changer. Fonder le pouvoir sur la nature est une des meilleures façons de le pérenniser.

Mais, c’est là inverser le rapport de cause à effet. Celui qui naît dans l’esclavage est esclave et non l’inverse. L’esclavage enlève toute humanité et volonté de liberté. Mais loin d’être naturel, celui-ci n’est que le résultat historique et culturel de certain type de sociétés ; il est loin d’être une fatalité. L’esclave est d’abord dominé par la force, ce n’est qu’un des résultats du prétendu droit du plus fort, même si c’est sa « lâcheté » qui le maintient dans son état. Il n’y a pas de bourreau sans victime. Il faut aussi que la victime accepte d’être victime pour que le bourreau puisse exercer sa domination.

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