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Corpus sur le rapport maître et Valets

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Par   •  18 Avril 2014  •  2 125 Mots (9 Pages)  •  4 163 Vues

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Le lien qui unit les maîtres et les valets constitue l’un des principaux ressorts de la comédie. Qu’ils s’opposent ou s’allient selon

les circonstances, maîtres et valets échangent bien souvent leur rôle. Ce changement surdétermine ainsi des enjeux comiques,

mais permet aussi aux dramaturges comme Beaumarchais de glisser un message politique ou idéologique dans les dialogues.

Or il arrive bien souvent que maîtres et valets, en se déguisant, transforment leur apparence pour parvenir à leurs fins et donc

leur langage et leur comportement. Bien souvent le maître, lancé dans une intrigue sentimentale, ne peut avancer à visage

découvert et doit se masquer. Il recourt alors à son valet et va jusqu’à endosser son costume. À tous les égards, le rôle du

costume est primordial car il rend visibles les ficelles dramaturgiques de l’intrigue. Quelles sont les fonctions des

déguisements ? En quoi participent-ils de l’unité de ton de la comédie ? Qu’apportent-ils aux rapports entre les personnages et

à l’intrigue ? Pour répondre à ces questions, nous verrons dans un premier temps que le déguisement est l’une des principales

sources de comique. Ensuite, nous analyserons en quoi ce comique revêt bien souvent une dimension satirique ; enfin, il

s’agira de comprendre les limites du déguisement, et de voir en quoi il constitue une manière de révéler la vérité des

protagonistes.

Le principe du déguisement, quand il intervient dans une pièce de théâtre, est le plus souvent de faire rire le public qui

devient complice d’une farce que les personnages donnent autour d’eux.

Le comique de situation, comme son nom l’indique, repose sur des situations qui provoquent le rire parce que le public est

de connivence avec les personnages déguisés. Ainsi, dans Le Mariage de Figaro, la situation devient comique quand le

comte Almaviva embrasse les jeunes villageoises de la noce et que, parmi elles, se trouve Chérubin déguisé. Le public est

alors complice de ce stratagème et rit aux dépens du comte. Ce comique de situation repose sur une convention tacite entre le

dramaturge et le public, comme on le voit dans Le Médecin malgré lui de Molière. Dans la fameuse scène de consultation,Sganarelle habillé en docteur n’est pas reconnu par les malades qu’il soigne. C’est pourquoi le déguisement crée des

situations incongrues et cocasses auxquelles les auteurs de théâtre ont bien souvent recours.

Sur le plan strictement dramaturgique, le déguisement est l’un des principaux catalyseurs des quiproquos. L’apparence

d’un personnage entraîne en effet des situations de méprise et de drôlerie. Un personnage est pris pour un autre et

prononce des paroles qu’il n’aurait pas dites dans une autre circonstance : le déguisement entraîne quiproquos et aveux. Tout

le dernier acte du Mariage de Figaro est construit sur un vaste quiproquo où chacun se livre, dupé par la nuit et par le

changement de costume. Dans Fantasio, par exemple, la princesse prend Fantasio pour un fou du roi âgé et grotesque. Elle

s’adresse à lui comme à son bouffon. Or sous la bosse et le costume se cache un jeune étudiant munichois, charmant et

espiègle. Aussi, lorsque la Princesse découvre le vrai visage de Fantasio, croit-elle un instant qu’il s’agit du prince de Mantoue

qui s’était déguisé. C’est pourquoi la scène qui figure dans le corpus du devoir montre aussi que les quiproquos, quand ils

émanent de personnages grotesques, participent du comique de situation et de geste : à la fin de la scène, le capricieux

prince de Mantoue reprend le costume de son aide de camp.

Quand le valet endosse le rôle du maître ou que le maître prend l’habit du valet, le déguisement provoque encore des

rires. Le valet, contraint d’adopter les manières du maître en adoptant son costume, devient un personnage ridicule. Ainsi,

dans Fantasio, l’aide de camp du prince Marinoni nous apparaît comme un être falot, qui ne brille ni ne se montre glorieux dans

son rôle de prince. Le roi de Bavière constate même que c’est un personnage « commun », comme si, malgré l’habit, le valet ne

pouvait pas vraiment se débarrasser de sa condition. On le voit très nettement dans bien des comédies de Marivaux dont

l’intrigue repose souvent sur un échange de costumes entre maîtres et valets, maîtresses et suivantes. Dans Le Jeu de l’amour

et du hasard, Silvia s’étonne ainsi des qualités de celui qu’elle prend pour un valet et qui est en réalité Dorante déguisé. Le

déguisement ne parvient jamais à effacer totalement l’origine de celui qui le porte. En revanche, dans le théâtre plus

contemporain, on observe que le déguisement des valets en maîtres révèle un rapport conflictuel à la hiérarchie sociale. Dans

Les Bonnes, Solange et Claire, qui singent tour à tour Madame, leur maîtresse, vont jusqu’au bout du jeu. Si certaines scènes

peuvent paraître comiques, elles portent une menace sous-jacente, celle qui consiste à se prendre trop au sérieux, à

faire du déguisement une réalité et à renverser tout un système hiérarchique. Ainsi, les valets et les suivantes du théâtre

de Marivaux sont bien souvent envahis par une certaine tristesse quand il s’agit de retrouver leurs hardes, c’est-à-dire

leur condition inférieure.

On

...

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