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Dissertation sur la pièce de théâtre Bérénice, Acte IV, Scène 5 de Racine: comment Racine rend-il poignant ce moment de séparation ?

Mémoire : Dissertation sur la pièce de théâtre Bérénice, Acte IV, Scène 5 de Racine: comment Racine rend-il poignant ce moment de séparation ?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2015  •  2 331 Mots (10 Pages)  •  1 657 Vues

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Problématique : comment Racine rend-il poignant ce moment de séparation ?

Titus et Bérénice sont déjà séparés

Le choix des personnes

Ils parlent tous deux à la P1, il n’y a pas de P4 (  union )

La seule fois où le « nous » est mentionné, c’est avec un imparfait  passé

Bérénice ne cesse de parler de son départ

Elle l’annonce par gradation :

« je veux partir » « tout à l’heure »

« je pars »

Elle espère encore faire changer Titus d’avis mais en vain

Titus envisage Bérénice au passé

« Demeurez »  illusion ! Il ne lui dit pas qu’il va l’épouser, il veut la conserver pour maîtresse  d’où sa colère

C’est lui qui parle d’oubli cf. subjonctif d’indignation

Il parle de leur amour au passé et B. ne s’y trompe pas

C’est sur Bérénice que repose le pathétique

C’est un personnage déchiré

Modalités ! et ? + stichomythies

Isotopie de la tristesse + hyperboles

Les négations traduisent ce déchirement

Elle comprend que la Politique lui a été préférée

Elle est offusquée du marché que lui propose Titus

Elle est consciente que l’Opinion Publique réclame son départ

Peuple injurieux / retentir / entendre

Vox populi qui ne veut pas d’une reine étrangère

Elle renvoie Titus à son Sénat

Si bien souvent la scène tragique est le lieu de choix déchirants, les personnages devant renoncer à leur amour au profit de l’Etat et de raisons politiques, rares sont les pièces qui mettent en scène, pourtant, ces moments douloureux. C’est cependant le choix qu’a fait Jean Racine dans le dénouement de Bérénice puisque le dramaturge met en présence Titus, futur empereur romain, et son amante, reine orientale qui se voit répudiée après plusieurs années de vie à Rome. En effet, Titus ne peut faire monter sur le trône une reine étrangère, ce que, de toute façon, la vox populi romaine ne lui pardonnerait pas : voici donc, avec l’extrait proposé, le moment de la rupture arrivé et le dénouement précipité. Il semble donc intéressant de nous demander comment Racine rend poignant ce moment de séparation. On verra tout d’abord que Titus et Bérénice sont déjà séparés avant même leur ultime rencontre : si Bérénice se prend encore à espérer, le futur empereur, lui, a déjà pris sa décision, ce qui rend le face à face encore plus cruel. C’est donc bien sur la reine que repose sur le pathétique de la scène. C’est ce que nous montrerons dans un second temps.

L’affrontement des deux personnages est attendu par les spectateurs depuis plusieurs scènes : la tension est donc maximum. Bérénice parviendra t’elle à persuader Titus de ne pas la renvoyer ?

Le premier échange de parole entre les deux amants dans cet extrait de la scène cinq de l’acte V est placé sous l’aune de la séparation. En effet, tous deux s’expriment en leur nom propre, usant de la première personne du singulier pour s’adresser à l’Autre (« je », « me ») ce qui peut sembler étrange alors que leur union dure « depuis cinq années » ( v37). Le texte prouve donc qu’ils n’envisagent plus rien ensemble, que leur avenir commun ne se conjugue plus au présent. Pour preuve, la seule fois où Bérénice envisage leur relation, elle le fait au passé : les festons, symboles de ses amours défuntes «sont [des] imposteurs » ( v24 ) qu’elle « ne pui[t] souffrir » désormais. Les lieux de leur idylle « semblaient pour jamais » répondre aux amours de la reine, autre preuve grammaticale montrant que leur appartement ne peut plus recevoir leur intimité et le secret de leurs confidences. D’ailleurs, la seule fois où le « nous » est employé, il est envisagé comme révolu : « ces festons, où nos noms enlacés l’un dans l’autre » ( v22 ) sont la seule survivance de leur histoire que la raison d’Etat a tuée. Ce sont désormais des « imposteurs », c’est-à-dire des preuves fallacieuses et obsolètes de leur passé. Il n’est donc pas étonnant que Bérénice ne cesse de parler de son départ. La reine orientale arrive sur scène avec la ferme solution de quitter Rome, et donc Titus. Pourtant, sa forte insistance à signaler son départ indique bien plutôt qu’elle souhaiterait que son amant la retienne : la gradation « Je veux partir « ( v2 ), « Vous voulez que je parte demain » ( v8 ), « j’ai résolu de partir » ( v9 ), « je pars » ( v10 ) montre assez que la Reine souhaite être retenue par Titus. Apparemment, celui-ci semble le faire ( « Demeurez » v11 ) mais il s’agit en fait d’une hypocrisie. Bérénice attend en effet de son amant non qu’il continue à faire d’elle sa maîtresse, mais qu’il la considère comme son impératrice. L’impératif est des plus insultants, des plus humiliants, ce que comprend tout à fait la reine répudiée en nommant Titus d’ « Ingrat » v10. L’on voir bien que toute tentative reste vaine, et toutes les ruses qu’emploie Bérénice ne trouve pas de réponse : elle responsabilise Titus en l’impliquant dans sa décision de partir : c’est lui qui la chasse ( « vous voulez que je parte » ) et non elle qui souhaite quitter Rome. Parallèlement, Titus envisage son amante au passé.

Le futur empereur ne souhaite pas que Bérénice reste auprès de lui : non seulement il ne lui ouvre pas son cœur, mais en plus il l’a déjà chassé alors qu’elle se trouve en face de lui. Le subjonctif a valeur de rejet ( « Moi, que je vous haïsse ! » v 33 ) montre bien qu’elle n’est plus envisagée dans le quotidien de Titus, le mode subjonctif étant le mode de l’irréel. Le vers suivant est des plus infâmants : en effet,

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