Dissertation héros tragique

Le XVIIe est un grand siècle pour la tragédie. La tragédie est un genre théâtral dans lequel des personnages illustres sont mis en scène, et sont souvent en lutte contre eux-mêmes ou contre le destin. La tragédie a pour but d’instruire et d’émouvoir le spectateur, provoquer la terreur ou la pitié. Elle répond à des règles notamment la règle des trois unités, la vraisemblance, la bienséance, les 5 actes. Mais parfois ces règles sont contournées comme dans la tragédie de Corneille, Le Cid, dans laquelle l’unité de lieu n’est pas respectée.

Racine et Corneille sont les deux grands représentants de la tragédie notamment avec Bérénice et Le Cid. Bérénice se déroule à Rome et raconte l’amour impossible entre l’empereur romain Titus et la reine de Palestine, Bérénice. Le Cid se déroule à Séville et traite d’un sujet impossible, Chimène aime le meurtrier de son père Rodrigue. Ayant une fin heureuse, le dénouement nuptial, Corneille lui donnait le nom de tragi comédie mais il l’a transformé en tragédie.

Nous allons donc nous s’interroger sur les caractéristiques d’un héros tragique.

1. Le héros tragique et l’idée d’une certaine grandeur

1. Qu’est ce qu’un héros ?

Tout d’abord, le héros tragique n’est jamais dépourvu d’une certaine grandeur. Mais avant d’aborder ce point, nous devons nous interroger sur la définition même d’un héros. Le héros est le personnage principal de la pièce de théâtre. Il fait avancer l’action. Il a des qualités hors du commun, il peut s’agir d’une force physique, mais aussi de valeurs morales comme la vertu, la générosité, le courage, la loyauté… Souvent, il défend sa patrie, la personne dont il est amoureux.

1. Héros noble tant socialement que moralement

Le héros tragique est très souvent noble, il appartient à une élite sociale et morale. On dit de lui qu’il est ‘’bien né’’. Rodrigue est le fils de Don Diègue et est un général. Tandis que, dans Bérénice, Titus est l’empereur qui hérite du trône de son père Vespasien et Bérénice est la reine de Palestine. Corneille et Racine intègrent dans leurs intrigues des personnages qui ont existé dans l’histoire.

Bien qu’ils soient nobles socialement, ils le sont également moralement. En effet, Rodrigue est un héros loyal, il a le sens du devoir : l’honneur de sa famille passe avant l’amour qu’il éprouve pour Chimène. En effet, dans l’acte I, scène 6, Don Diègue, le père de Rodrigue fait appel aux liens familiaux pour venger l’affront qu’a commis le père de Chimène « viens mon fils, viens mon sang, viens réparer ma honte », et plus tard, dans la scène suivante, Rodrigue, dans un stance, dit « courons à la vengeance », cette réplique montre qu’il va venger son père pour le devoir familial, l’honneur passe avant tout. Titus, lui, est un personnage fidèle à sa patrie, en effet il hésite à se marier avec Bérénice qui est étrangère au peuple romain. Il veut être loyal à sa nation, c’est pourquoi il demande l’avis de son confident Paulin « De la reine et de moi que dit la voix publique ? », « Rome lui sera-t-elle indulgente, ou sévère ? » (acte II, scène 2). Cela montre à quel point il se souci de l’avis de son peuple.

1. force physique (vocabulaire devoir, gloire, vertu)

Rodrigue est un héros de guerre dans le fait qu’il triomphe face aux Maures. D’ailleurs il raconte au Roi le combat victorieux. Dans l’acte IV, scène 3, le champ lexical du combat est utilisé dans sa longue tirade « troupe », « vaisseaux », « soldats », « combattre ». Le mot « commandement » met en avant que Rodrigue était le chef de l’armée et que c’est principalement grâce à lui que le royaume est victorieux. Dans cette tirade, le registre épique est donc largement utilisé avec des exagérations « des ruisseaux de leur sang ».

Titus est davantage vu comme un homme politique à la tête de son royaume. Tandis qu’Antiochus est présenté comme un guerrier. En effet, Arsace, son confident s’exprime en disant « Vous seul, Seigneur, vous seul, une échelle à la main, Vous portâtes la mort jusque sur leurs murailles ».

1. Un héros qui souffre

Ensuite, le héros tragique semble souffrir. Tout d’abord, il est souvent confronté à un combat contre lui-même, ou un dilemme qu’il doit affronter.

1. Aveu et dilemme

Rodrigue est face à un dilemme opposant l’amour et le devoir : il doit choisir s’il doit venger son père ou épouser la fille de l’homme qu’il a tué. Ici, nous sommes en présence d’un ‘’dilemme cornélien’’, c’est-à-dire, un dilemme dans lequel un personnage doit faire un choix qui va forcément mener à une perte, un sacrifice. Dans le cas de Rodrigue, il peut perdre sa dignité en tant que fils ou perdre l’amour. Il exprime sa souffrance et son état à travers une longue tirade, dans l’acte I, scène 7. Dans cette stance, il évoque le suicide « puisqu’il faut mourir, Mourons […] sans offenser Chimène ». Cette idée de dilemme apparait très fortement à travers des jeux d’opposition « père, maitresse », « honneur, amour ». Mais ce dilemme reste faux, car dans tous les cas il va perdre quelque chose d’important pour lui.

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