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Dissertation critique

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Par   •  11 Juillet 2022  •  Dissertation  •  1 453 Mots (6 Pages)  •  1 215 Vues

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Devoir 4D – Dissertation critique        

Sujet de dissertation critique

Plan de dissertation:

Développement

Argument 1 : Hervé Jodoin est indifférent et minimaliste quant aux relations qu’il entretient avec les gens.

Sous argument 1.1 : «si j’avais sous la main des livres qui cognent, je leur passerais, simplement pour me débarrasser d’eux. » (p.61)

Sous argumen1.2 : « Sauf en cas de nécessité absolue, il ne m’est jamais arrivé d’amorcer une conversation avec qui que ce soit depuis mon départ de Saint-Étienne. » (p.49)

Sous argument 1.3 : « Maintenant, chaque fois que je vois le père Manseau, c’est-à-dire tous les jours sauf le dimanche, j’incline la tête en sa direction. » (p.47)

Argument 2 : Jodoin déteste les situations qui l’obligent à s’adapter aux changements, et du coup, a un penchant pour le confort.

Sous argument 2.1 : Chez Trefflé « Je m’installe d’ordinaire dans un coin contre une bouche d’air chaud, près des latrines. […] c’est l’endroit le plus chaud et celui qui demande le moins de déplacement quand je dois aller me soulager. D’ailleurs je commence à m’habituer à cette odeur. Je fume un peu plus de cigares, voilà tout. » (p.12)

Sous argument 2.2 : « Une fois installé [à l’hôtel], j’y serais resté indéfiniment. » (p.7), « Comme je déteste les déplacements, je désirais me loger le plus près possible de mon travail. » (p.8-9)

Sous argument 2.3 : « Librairie, taverne, chambre; chambre librairie, taverne. » (p.65)


Le Libraire peut être classé parmi les romans dits « picaresques », un sous-genre du roman.
« Au sens large, le picaresque désigne les œuvres où domine le thème du marginal rusé qui, face à une société hostile, a recours à différents masques pour s’adapter aux situations auxquelles sa vie itinérante le confronte. » (
Le Dictionnaire du littéraire, p. 457). Hervé Jodoin incarne de la sorte le « picaro » ou l’antihéros par excellence. En considérant cette assertion et l’ensemble du roman, peut-on dire que Jodoin n’est qu’un être désabusé de l’existence ?

Dans XXe siècle, le Québec a connu un grand bouleversement autant sur le plan social qu’économique. Après la mort de Duplessis en 1959, et à la fin de la période de la Grande Noirceur qui accompagna son règne, on a assisté à ce que les historiens appellent la Révolution tranquille. Celle-ci se caractérise par la laïcisation de la société qui mène vers l’apparition du ministère de l’Éducation. Cela permet une transmission du savoir n’étant plus régie par l’église, en plus d’offrir une éducation plus accessible et plus ouverte sur le monde. De plus, les cegeps et l’Université du Québec voient le jour, valorisant ainsi la littérature québécoise. L’un des écrivains marquant de l’époque est Gérard Bessette (1920-2005), notamment l’auteur de l’œuvre Le libraire (1960). Bessette y fait une critique de la société traditionnelle québécoise où il est encore question de la censure de certains livres. Hervé Jodoin, le personnage principal est un professeur à Montréal qui se rend à Saint-Joachin, un petit village toujours soumis aux dogmes de l’église, où il travaille comme libraire. Ce dernier incarne le « picaro » par excellence, étant désabusé de l’existence. Nous verrons d’abord comment Jodoin est indifférent et tente toujours d’échapper aux relations interpersonnelles grâce à son caractère rusé. Ensuite, nous nous attarderons sur sa haine du changement, et de son penchant pour le confort.

En premier lieu, Hervé Jodoin est indifférent et minimaliste quant aux relations qu’il entretient avec les gens. En effet, il affirme : «si j’avais sous la main des livres qui cognent, je leur passerais, simplement pour me débarrasser d’eux. » (p.61) Étant libraire, le personnage principal se doit de servir ses clients dans le but de les aider à trouver les volumes qu’ils recherchent. On voit ici que le seul but de Jodoin concerne son bien-être personnel. Il cherche à faire le moins possible et fait usage de ruses simplement pour en arriver à ses fins, soit éviter tout contact avec autrui. Par ailleurs, Jodoin affirme : « Sauf en cas de nécessité absolue, il ne m’est jamais arrivé d’amorcer une conversation avec qui que ce soit depuis mon départ de Saint-Étienne. » (p.49) On voit ici qu’encore une fois, toute forme de communication avec son entourage ne lui procure aucun intérêt. Hormis sa routine journalière qui consiste à travailler, passer la soirée à la taverne et ses temps libres à la maison, il évite la socialisation, car celle-ci semble ne rien apporter à sa vie. Enfin, alors que Jodoin semble avoir fait la brève connaissance d’un des réguliers du bar, le père Manseau, nous serions portés à croire qu’il engagerait avec lui de plus longues discussions que celles qu’il entretient avec le reste de son entourage. Toutefois, il affirme : « Maintenant, chaque fois que je vois le père Manseau, c’est-à-dire tous les jours sauf le dimanche, j’incline la tête en sa direction. » (p.47) On voit ici que malgré qu’il semble avoir un certain intérêt pour cet habitué du bar, Jodoin se contente de le saluer d’un geste de la tête. On voit encore qu’il se limite à des relations interpersonnelles très restreintes, et ce, même avec ce qui semble être la seule personne de son entourage en qui il n’a pas une opinion dérisoire. En somme, Hervé Jodoin montre une extrême réticence envers toute forme de communication avec son entourage, et montre donc une première caractéristique de l’anti-héros.

En second lieu, Jodoin déteste les situations qui l’obligent à s’adapter aux changements, et du coup, a un penchant pour le confort. Alors que sa routine est installée, le libraire passe toutes ses soirées, sauf celles du dimanche, à la taverne Chez Tréflé. Il affirme : « Je m’installe d’ordinaire dans un coin contre une bouche d’air chaud, près des latrines. […] c’est l’endroit le plus chaud et celui qui demande le moins de déplacement quand je dois aller me soulager. D’ailleurs je commence à m’habituer à cette odeur. Je fume un peu plus de cigares, voilà tout. » (p.12) On voit ici que l’homme préfère l’isolement et l’intimité, dans un coin chaud, et ce, même si l’odeur l’importune. Il préfère d’ailleurs fumer plus de cigares que se déplacer afin de pallier ce désavantage de son emplacement. Il fait tout cela simplement pour éviter toute perturbation, aussi minime soit-elle, qui pourrait troubler son accoutumance. Ensuite, Jodoin insiste de manière importante sur le fait qu’il « déteste les déplacements » (p.7). En effet, il affirme qu’à son arrivée à Saint-Joachin, il voulait une chambre et non un hôtel, car « une fois installé là, [il] y serai[t] resté indéfiniment. » (p.7), et que « Comme [il] déteste les déplacements, [il] désirai[t] [s]e loger le plus près possible de [s]on travail. » (p.8-9) On voit ici que l’homme a une haine envers toute forme de mouvement, et pour toute forme de changement. Par ailleurs, il évite toute altération à sa routine, comme il l’affirme : « Librairie, taverne, chambre; chambre librairie, taverne. » (p.65) Encore une fois, Hervé recherche le confort et l’abstinence quant à la découverte de la nouveauté alors qu’il suit ce train-train journalier. Cette énumération systématique des endroits qu’il fréquente montre qu’il ne cherche en aucun cas à dévier de cette routine, et la quête du nouveau n’apporte rien à son existence. En somme, Jodoin est un personnage qui recherche le confort et qui déteste le changement, faisant de lui un homme désabusé et marginal.

En conclusion, Hervé Jodoin incarne l’antihéros par excellence, désabusé de l’existence. En effet, il comte fait preuve d’indifférence et peut être qualifié de l’homme marginal rusé alors qu’il reste le plus minimaliste dans les relations interpersonnelles qu’il entreprend. De plus, il a une haine du changement et préfère le confort que lui apporte sa routine. Cette œuvre de Bessette met en action un antihéros qui ne semble avoir comme but qu’entretenir une routine, sans quête de nouveauté. Cette œuvre peut être comparée à L’Étranger (1942) d’Albert Camus (1913-1960), où Meursault, le personnage principal, commet un meurtre, n’étant pas un acte noble. De plus, il ne semble avoir aucun idéal. C’est un homme ordinaire qui n’a, comme Jodoin, aucun but défini.

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