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Dissertation Sur Le Conte

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Par   •  28 Janvier 2013  •  5 562 Mots (23 Pages)  •  2 010 Vues

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Pierre Péju nous dit que «Le conte en général […] met en scène un héros au nom commun, à la psychologie sommaire, dont les aventures sont comme suspendues en dehors du temps et de l’espace. Le conte décrit souvent un « passage », une traversée […]. A la fin, celui qui est mal parti finit par accéder à un état nouveau de maturité, de puissance ou de richesse. Mais certains contes valent avant tout par la force de leurs images, la beauté « explosante-fixe » de leur décor. […]En définitive, […] les contes ont un impact mental en raison de scènes et de dispositifs particulièrement fascinants, presque indépendants du récit lui-même. » COMMENTEZ

Dans son ouvrage La petite fille dans la forêt des contes qui se présente comme une « poétique du conte » s’élevant contre les interprétations réductrices du merveilleux, Pierre Péju nous invite à pressentir les contes comme « des occasions mentales d’errance et d’exploration», comme « un bouillonnement de personnages, de situations compliquées et ambiguës, d’images mouvantes et innovantes ». Ces images, dont il est ici question, ce sont celles-là même qui sont au cœur de notre problématique. Pierre Péju nous dit que «Le conte en général […] met en scène un héros au nom commun, à la psychologie sommaire, dont les aventures sont comme suspendues en dehors du temps et de l’espace. Le conte décrit souvent un « passage », une traversée […]. A la fin, celui qui est mal parti finit par accéder à un état nouveau de maturité, de puissance ou de richesse. Mais certains contes valent avant tout par la force de leurs images, la beauté « explosante-fixe » de leur décor. […]En définitive, […] les contes ont un impact mental en raison de scènes et de dispositifs particulièrement fascinants, presque indépendants du récit lui-même. » Il nous laisse ainsi entendre que les contes de Grimm, au centre de ce propos, sont directement concernés par le pouvoir des images. Qu’en est-il de ces contes merveilleux qui ont fait entrer le genre du conte dans la littérature sous les plumes de Straparola, Basile, Perrault et Mme d’Aulnoy ? La définition que nous délivre Pierre Péju du conte nous en propose d’une part une approche centrée sur la puissance des images ; elle nous laisse supposer d’autre part que le merveilleux et le pouvoir des images sont intimement liés à l’imaginaire. Cela étant posé, le rapport du conte à l’imaginaire est complexe. Notre problématique doit avant tout tenir compte du point de vue qu’on adopte, selon qu’on se place du point de vue du « destinateur » ou du « destinataire » et il lui faut tenir ensemble les deux fils, la chaîne et la trame du tissu du conte. Le « plaisir extrême » que prenait La Fontaine à entendre raconter Peau d’Âne et celui de tous les enfants que nous avons été, d’où vient-il ? Emane- t-il de ces « images puissantes et valant par elles-mêmes » ? Pourquoi un auteur décide-t-il de puiser dans ce corpus de tradition orale pour en faire une œuvre écrite, en y apportant plus (à l’instar de Perrault), ou moins (si l’on considère Grimm) de retouches, en s’appropriant d’une certaine manière un trésor commun ? Le déclenchement de cet intérêt et de cette utilisation a certes des raisons historiques, mais ces raisons doivent être complétées par des causes « irrationnelles », celles qu’on peut trouver dans le jeu des forces de l’imaginaire. Les frères Grimm dans la préface à l’édition des contes de 1856 avaient bien vu que les contes ne « sont jamais le simple jeu coloré d’une imagination sans contenu », mais qu’ils sont « des petits fragments d’une pierre précieuse éclatée», cette « pierre précieuse éclatée » étant pour eux le mythe. Il s’agit donc d’interroger le conte lettré, en ce qu’il a de merveilleux, ce qui le caractérise et le singularise. Nous mettrons ainsi en évidence la redondance des thèmes et des motifs du conte, insistant sur la permanence de certaines images, ce que Jacob Grimm appelait le « fond», et qui reste identique à lui-même quand bien même on le raconte avec d’autres mots. Puis nous nous interrogerons sur l’imaginaire des contes merveilleux lettrés, en tant que monde hors de la raison, monde d’images. Enfin, il nous faudra envisager les interprétations que l’on peut donner à ce vaste tissu d’images.

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La spécificité du conte merveilleux repose essentiellement sur ses motifs et sa structure. La structure, contrairement aux motifs, semble restée pratiquement intacte depuis la tradition orale et constitue une base narrative sur laquelle il est possible de varier les récits à l’infini, comme l’ont montré les travaux de Vladimir Propp dans Morphologie du Conte, qui ont mis en avance la spécificité de la structure du conte merveilleux. Propp constate en effet que le conte merveilleux est « un récit construit selon la succession régulière des fonctions citées dans leurs différentes formes », dont le schéma minimal peut se résumer en quatre principaux temps: une situation de départ (introduite le plus souvent par « Il était une fois»), un élément perturbateur qui entraîne le héros dans une aventure ou une quête, une série d'épreuves ( le plus souvent au nombre de trois selon le principe du contage oral ) qu'il surmonte à l'aide d'êtres ou d'objets magiques, et le dénouement final avec la victoire du héros sur ses ennemis ainsi que son mariage, donnant lieu à la célèbre formule « Ils se marièrent et vécurent heureux». Ainsi, comme le note Denise Escarpit, il n'y a « rien de plus adaptable, de plus façonnable que le conte, qui n'est qu'une structure, un squelette ». Quant aux schèmes merveilleux, les thèmes et les motifs, ils constituent ce que Dan Sperber appelle des attracteurs, c'est-à-dire des constructions abstraites susceptibles de se transformer mais qui, au cours de la transmission, restent relativement stables. Ce qui nous importe ici est le sens à donner à cette stabilité chronique considérable des schèmes contiques, à la similitude des thèmes et des motifs, quels que soient le lieu et le temps où le conte oral s’est fixé, en ne perdant pas de vue toutefois, que la forme, elle, dépend de ces lieux et temps : ainsi, dans le conte de Basile, La chatte des cendres, les aides magiques qui permettent à Cendrillon de se rendre au bal sont une fée et le dattier duquel cette dernière est issue ; dans

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