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Dissertation Français: À quelles fins ces écrivains ont-ils utilisé l’exotisme ou la description de contrées mythiques ?

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Par   •  2 Janvier 2014  •  2 471 Mots (10 Pages)  •  952 Vues

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Introduction :

Les conteurs ont souvent privilégié la relation de voyages réels ou imaginaires dans leurs fictions. Que l’on pense au prototype de l’errance merveilleuse avec l’Odyssée, ou au fameux récit travaillé d’un périple concret avec le Livre des merveilles du monde de Marco Polo au XIIIe siècle, puis plus tard à Eldorado de Voltaire ou à Otaïti de Diderot ! Ces auteurs ont d’abord voulu nous séduire par la magie de régions lointaines très différentes des lieux dans lesquels nous vivons habituellement.

Mais, au-delà de ce désir de plaire, nous pouvons nous demander aussi en quoi l’évocation de mondes très éloignés du nôtre permet à ces auteurs de nous faire réfléchir sur la réalité qui nous entoure.

À quelles fins ces écrivains ont-ils utilisé l’exotisme ou la description de contrées mythiques ?

Nous examinerons d’abord pourquoi il est important d’aller à la découverte de contrées qui font rêver, puis comment ces lieux deviennent le support de l’utopie afin de permettre, par comparaison, la critique de la réalité contemporaine.

Une contrée qui fait rêver

Le voyageur qui parcourt au loin des terres étrangères est d’abord surpris par tout ce qui est nouveau ou différent. Paysages, végétation, habillement, architecture, coutumes ne cessent de l’étonner. Ces caractéristiques vont constituer la trame de son récit. L’écrivain qui invente un voyage ne procèdera pas autrement.

L’éloignement dans l’espace

Le romancier ou l’essayiste n’ont pas le plus souvent parcouru les étendues qu’ils vont devoir évoquer. C’est pourquoi ils vont utiliser un matériau préexistant. Montesquieu et Voltaire ne sont jamais allés en Orient, ils se sont donc servis des ouvrages de voyageurs comme Bernier ou Tavernier pour rédiger les Lettres persanes pour l’un ou Candide pour l’autre. Ils y ont puisé ce qui était le plus étonnant pour leurs contemporains afin de caractériser l’environnement de leur récit. Montesquieu a usé des mystères licencieux du sérail tandis que Voltaire était frappé par la prodigalité de la terre et le despotisme sanguinaire au pays de la Sublime Porte. Ces références visent bien évidemment à rendre le récit réel, à attirer le lecteur et à lui permettre d’imaginer un cadre fort différent du sien.

L’éloignement dans le temps ou l’âge d’or mythique

Mais quand la réalité étrangère ne permet plus de dépayser assez le lecteur, l’écrivain peut recourir à l’éloignement temporel synonyme souvent de merveilleux. Fénelon a puisé dans l’Odyssée pour situer les Aventures de Télémaque ; Montesquieu a inventé la légende des Troglodytes. Nous sommes emmenés par le conteur au pays du « il était une fois ». Fénelon avoue que la Bétique « semble avoir conservé les délices de l’âge d’or ». Cette expression renvoie à une période mythique de l’humanité qu’Hésiode, Ovide et Virgile ont développé dans leurs œuvres. Ce recours à une époque passée indéterminée permet de faire ressurgir les vieux rêves de l’humanité, des aspirations fondamentales au bonheur, à l’égalité des chances, à la symbiose avec un univers apaisé.

Dans tous les cas, l’objectif reste d’étonner, de faire rêver à un possible situé forcément ailleurs et d’autant plus enviable qu’il est situé plus loin. Il faut que la césure avec les aspérités du quotidien soit particulièrement marquée.

Le laboratoire de l’utopie

Insensiblement nous pouvons passer, d’une réalité estompée par l’éloignement ou devenue réminiscence immémoriale, au lieu de nulle part, c’est-à-dire l’utopie. Le conteur crée alors un monde sur mesure, épargné par les vicissitudes et conforme en tout point à ses désirs. Il travaille à la manière du jardinier qui ente son porte-greffe pour obtenir le meilleur de plusieurs espèces voisines en retranchant au passage leurs imperfections dans l’union des sèves.

Possibilité d’un monde idéal

Le démiurge social ou politique invente une société ou un gouvernement idéal. Débarrassé des contingences, faisant fi de l’histoire, il élabore un système neuf, né adulte et parfait comme jadis Athéna sortie tout armée du cerveau de Zeus.

Voltaire a décrit dans Candide son utopie avec Eldorado. Là règnent la sagesse des anciens, l’égalité, le mépris des richesses, le culte de la raison et des vraies valeurs, la paix. Mais Candide, à la poursuite de son bonheur personnel qui a nom Cunégonde, ne peut rester dans ce monde préservé et doit poursuivre son périple qui s’achève dans les environs de Constantinople. Parvenu au bout de son errance, le héros philosophique va expérimenter une forme de l’utopie ramenée à de plus justes proportions, et donc nettement moins enthousiasmante : la société familiale de la métairie qui vit repliée sur elle-même, tâchant d’ignorer la folie meurtrière des puissants. C’est le prix à payer pour que « le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice, et le besoin. »

Montesquieu, dans ses Lettres persanes, nous rapporte la fable d’un peuple oriental imaginaire, les Troglodytes. La communauté des Troglodytes est décrite au moyen d’imparfaits ce qui la renvoie à une époque légendaire indéterminée. Ce passé révolu doit attiser la nostalgie des lecteurs et leur permettre de réfléchir aux conditions d’un retour de ce bonheur perdu : respect d’une religion naturelle, retenue, communisme.

Fénelon, dans les Aventures de Télémaque, utilise comme Montesquieu le procédé d’une étrangeté radicale en brossant les conditions du véritable bonheur dans la société révolue de la Bétique. Le théologien humaniste propose une civilisation rurale et pastorale dans le registre du merveilleux. Le mythe classique de « l’âge d’or » se confond sans doute avec la tradition pastorale biblique d’hommes vivant de peu et à l’écoute d’un Dieu habitant le silence des grands espaces. Ce peuple rural présente des qualités morales exceptionnelles. Notons en premier lieu qu’il en est resté à l’âge du troc, échappant ainsi à la corruption par la monnaie. Ensuite ce peuple refuse de différencier les métaux vils des métaux précieux. Fénelon, pour frapper les esprits dans son souci de l’éloge, recourt à une belle exagération, mais peu crédible : « l’or et l’argent parmi eux employés aux mêmes usages que le fer, par exemple, pour des socs de charrue ». Le lecteur peut ensuite découvrir

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