LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Dissertation: Dans Quelle Mesure La Force D'une Argumentation Se Nourrit-elle De L'expérience vécue ?

Compte Rendu : Dissertation: Dans Quelle Mesure La Force D'une Argumentation Se Nourrit-elle De L'expérience vécue ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2015  •  1 578 Mots (7 Pages)  •  2 494 Vues

Page 1 sur 7

Introduction

[Amorce] « La pensée naît d’événements de l’expérience vécue et elle doit leur demeurer liée comme aux seuls guides propres à l’orienter », écrit la philosophe Hannah Arendt. Une telle affirmation confère à l’expérimentation un rôle primordial dans la formation de notre pensée et suggère que le récit d’expériences – réelles ou fictives – est un moyen argumentatif infaillible pour forcer l’adhésion d’autrui. Mais n’est-ce pas une position un peu extrême ? Certes, il faut accorder dans sa réflexion une place à l’expérience vécue [I]. Cependant son efficacité présente des limites – voire des dangers – et requiert des précautions ; il convient d’en user avec discernement et de lui garder sa juste place dans l’argumentation [II].

I. L’efficacité argumentative de l’expérience vécue

Une argumentation est d’autant plus forte dans son expression, d’autant plus persuasive, d’autant plus vivante qu’elle se nourrit de l’expérience vécue par celui qui la conçoit et la compose, mais aussi vécue par d’autres auxquels il peut faire référence.

1. Une argumentation concrète, détaillée et incarnée

L’argumentation inspirée et illustrée par une expérience vécue, personnelle ou non, est concrète, souvent détaillée. Ainsi, Le Dernier Jour d’un condamné, de Hugo, qui retrace les derniers moments d’un homme qui va être guillotiné, permet au lecteur de partager, au fur et à mesure que les heures s’écoulent, les émotions, les sentiments et les réflexions du futur supplicié, prises sur le vif, bien plus qu’un traité ou un essai théoriques sur la peine de mort.

Les idées sont alors incarnées et prennent un relief saisissant. L’expérience vécue donne corps à des abstractions en les incarnant. Les idées « en action » – les allégories animales de La Fontaine, comme le Loup dans « Le Loup et le Chien » (qui représente le choix de la liberté face à la soumission, mais aussi l’acceptation de la pauvreté et de la précarité), l’expérience de mineur de Lantier, symbole de la révolution – sont concrètement perçues et le message est plus facile à comprendre et à mémoriser.

2. Force de l’authenticité, force de l’identification

L’efficacité de l’expérience vécue tient aussi à l’authenticité, à la véracité qu’elle confère à l’argumentation. Ainsi, dans les Mémoires de guerre, les idées politiques de De Gaulle s’enrichissent d’un vécu profondément enraciné dans la réalité : il parle en connaissance de cause de la Libération, des forces antagonistes, pour en avoir été non seulement un témoin, mais aussi un acteur de premier plan. Qui peut mieux connaître les rouages de la politique de ces années mouvementées ? De là vient aussi l’efficacité des romans d’apprentissage, tels que Le Rouge et le Noir, de Stendhal.

L’exemple – personnel ou fictif – peut aussi susciter la sympathie ou l’identification avec le locuteur ou avec le(s) personnage(s) dont l’expérience est rapportée : le lecteur vibre avec émotion au gré de ce qui arrive aux êtres dont il suit l’itinéraire et auxquels il s’attache. [Exemples du corpus et personnels.] Ainsi, le lecteur qui s’identifie à un personnage adhère à sa conception du monde ou au contraire la rejette ; il subit inconsciemment l’influence de ce modèle. [Exemples personnels.]

3. La variété apportée par l’expérience vécue

Le recours à l’expérience vécue permet aussi la variété, comme en témoigne la multitude des genres littéraires qui reposent sur un récit : apologues (qui se diversifient en fable, conte…) ou romans. [Exemples personnels.]

Parfois même, à l’intérieur de genres plus austères – l’essai, le traité… –, un auteur introduit des passages narratifs qui agrémentent une argumentation théorique qui serait trop abstraite. Ainsi, dans son article « Torture » du Dictionnaire philosophique, Voltaire introduit l’histoire véridique du jeune chevalier de La Barre, torturé pour avoir « chanté des chansons impies ».

Le recours à l’expérience vécue permet de varier les types de personnages : les bons et les méchants s’opposent (Jean Valjean et Javert dans Les Misérables), mais aussi les registres : lyrisme d’« Ultima verba », le poème de Hugo ; La Peste de Camus, tantôt lyrique, tantôt pathétique : récit de la mort de l’enfant… [Exemples personnels.]

4. Chacun porte en soi « la forme entière de l’humaine condition »

L’expérience vécue peut en outre inspirer des idées plus larges, voire universelles. Comme le dit Montaigne : « Qui se connaît, connaît aussi les autres, car chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. » Ainsi, parler de soi, c’est aussi parler de l’ensemble des hommes dès lors qu’il est question de la condition humaine, de ses joies, de ses peines.

Lorsque Hugo affirme : « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous […] Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi » (préface des Contemplations), il donne à son cas particulier une portée universelle. De même, l’expérience personnelle de Primo Levi dans les camps de concentration racontée dans Si c’est un homme (1947) renvoie l’image de tous les déportés et prend une portée morale

...

Télécharger au format  txt (10.7 Kb)   pdf (213.4 Kb)   docx (12.4 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com