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Dissertation: Au théâtre, le rôle du metteur en scène peut-il être plus important que celui de l'auteur ?

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Par   •  12 Mars 2014  •  4 340 Mots (18 Pages)  •  1 813 Vues

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Au théâtre le rôle du metteur en scène peut-il être plus important que celui de l'auteur ? Vous développerez votre argumentation en vous appuyant sur les textes du corpus, sur ceux que vous avez étudiés en classe, sur vos lectures personnelles et sur votre expérience de spectateur.

Introduction

Au xviie siècle, le « metteur en scène » n'existait pas, il n'y avait que « l'auteur » et Molière est passé à la postérité en tant que dramaturge, puisqu'il a laissé à la littérature nombre de ses plus grands textes. Cela ne l'a pourtant pas empêché d'être le directeur d'une petite troupe, « l'Illustre théâtre » et de mettre en scène ses propres pièces comme celles des auteurs de son temps. Cela dit assez bien que le théâtre, à la différence des autres genres littéraires, a une double composante : c'est un texte littéraire soit, mais qui a pour vocation la représentation sur scène. Le mot théâtre, d'ailleurs vient du grec théâtron, « lieu d'où l'on peut voir », du verbe théômaï qui signifie « regarder », ce qui souligne bien que c'est fondamentalement un art du spectacle. Or, depuis le xixe siècle, le rôle du metteur en scène n'a cessé de prendre de l'importance au point qu'on en oublie parfois aujourd'hui l'auteur. Ne dit-on pas le Dom Juan de Bluwal, la Phèdre de Chéreau ou le Hamlet de Peter Brook ? Eugène Ionesco a d'ailleurs eu cette boutade restée célèbre, lors de sa lecture en public de Rhinocéros en 1959 : « Si j'étais vous je ne serais pas venu », comme si seule la mise en scène de sa pièce méritait le déplacement.

Faut-il donc abonder dans ce sens, privilégier la mise en scène, et penser comme d'aucuns aujourd'hui que le rôle du metteur en scène peut être plus important que celui de l'auteur ? Ou faut-il au contraire reconsidérer l'importance du texte ? Faut-il nécessairement établir une hiérarchie, voire une compétition entre metteur en scène et auteur ? Pour répondre à ces interrogations, nous tenterons tout d'abord de mettre en évidence la prééminence de l'auteur qui fournit la base du théâtre, le texte, puis nous verrons en quoi le rôle du metteur en scène est capital, sa contribution incontournable, enfin nous réfléchirons à leur nécessaire complémentarité.

I. Le rôle de l'auteur est fondamental

1. L'auteur, véritable démiurge, conçoit, écrit le texte théâtral, base de la représentation

Il en choisit le thème, imagine l'histoire, ses péripéties, en détermine le sens… Le texte théâtral composé de dialogues peut être un outil privilégié pour un débat d'idées : c'est ce qu'a choisi Sartre en écrivant Les Mains sales, où il oppose deux personnages, Hugo et Hoederer, deux conceptions de l'engagement : faut-il accepter ou pas de se salir les mains au nom d'un idéal révolutionnaire, au risque de le compromettre ? Dans un tout autre genre et tout autre style, Giraudoux, dans Amphitryon 38, mène une discussion légère sur la condition humaine, ses faiblesses, ses bonheurs…

L'auteur construit les personnages, imagine leur évolution dans la structure adéquate et signifiante : division en actes, en tableaux, en scènes. Faut-il cinq actes comme dans le théâtre classique hérité du théâtre grec, ou plutôt des tableaux ? Rhinocéros d'Eugène Ionesco raconte comment les habitants d'une petite ville imaginaire se transforment progressivement en rhinocéros à l'exception d'un seul qui résiste à cette épidémie. Ionesco compose sa pièce en trois actes et quatre tableaux, pour montrer les différents stades de l'évolution de la maladie. Ainsi, le premier tableau-exposition, permet de découvrir les deux principaux protagonistes, Jean et Bérenger, qui forment un couple d'amis antithétique, leurs caractères et comportements étant complètement opposés : autant Jean se montre soigné, ponctuel, incarne l'autorité et la raison, autant Bérenger apparaît négligé, en retard, conciliant, en marge par son alcoolisme et son mal-être. Les tableaux suivants feront apparaître une inversion des rôles. Le deuxième tableau de l'acte II montre la métamorphose de Jean, aussi bien physique que morale, sous le regard effrayé et impuissant de son ami Bérenger. Le texte révélant sa brutalité, son impudeur, son laisser-aller avec le passage du vouvoiement au tutoiement, la dislocation de la syntaxe, montre qu'il perd progressivement ce qui faisait son humanité : « Chaud… trop chaud. Démolir tout cela, vêtements, ça gratte, vêtements, ça gratte. » À la fin du dernier tableau, à l'acte III, Bérenger, l'inadapté, reste le seul homme à avoir résisté à la contagion, c'est lui qui proclame : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! Je ne capitule pas ! »

C'est l'auteur aussi qui écrit les dialogues, en vers ou en prose, dans un style qui lui est propre, qui impulse un rythme aux échanges en alternant longues tirades, courtes répliques, stichomythies ou qui choisit d'y insérer des monologues permettant aux personnages d'exprimer leurs sentiments, leurs conflits intérieurs. Certains sont restés célèbres, comme celui de Figaro à la fin de la pièce de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, un des plus longs de la scène française. Citons aussi les sept monologues d'Hamlet dans la pièce de Shakespeare qui sont essentiels à la compréhension du personnage, à tel point que si on les met bout à bout, ils permettent de suivre son évolution. Le premier, par exemple, révèle un Hamlet révolté contre « les souillures de la chair » parce que sa mère a osé se remarier avec Claudius, qui a assassiné son propre frère le roi Hamlet pour prendre sa place sur le trône, et il ne voit pas d'autre issue à son dégoût que la mort. Dans le fameux monologue de l'acte III, scène 1 qui commence par la célèbre formule : « Être ou ne pas être, telle est la question », Hamlet s'interroge sur l'opportunité ou pas de mourir et expose son dilemme. Ces différents monologues sont révélateurs de sa difficulté à agir, empêché qu'il est, sous le poids de la réflexion. Mais ce qui fait aussi leur intérêt, c'est la densité de la pensée de Hamlet : pas un mot qui n'exprime la profondeur de sa méditation, l'intensité de son émotion, le tout dans une langue admirable : ces monologues écrits en vers libres, sont des morceaux de

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