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Discours sur la misère

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Par   •  19 Septembre 2021  •  Discours  •  502 Mots (3 Pages)  •  279 Vues

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Mesdames et Messieurs,

Si je monte à la tribune aujourd’hui, c’est pour lancer un cri. Un cri d’indignation, un cri de colère et surtout un cri d’alerte ! Car il y a péril, messieurs ! Notre nation est au bord du gouffre et nous en sommes responsables. Pire, nous sommes coupables. Notre faute se change même en crime. Je jouerai le rôle de l’avocat. Car ceux dont je défendrai la cause sont abandonnés. Ils sont même montrés du doigt, enchaînés, dépouillés de tout et . Ces hommes, ces femmes et ces enfants, ce sont les misérables. 

Oui, dans notre siècle , il existe des  des malheureux qui croupissent dans  dans la rue, qui n’ont pas un morceau

 de pain pour apaiser leur faim. Et que faisons-nous pour  eux ? Les aidons-nous ? Les défendons-nous ? Non, messieurs, nous les accablons !

Avant de parvenir jusqu’à cette auguste assemblée, j’ai cheminé dans une rue et j’ai assisté à un affreux spectacle. Un homme, encore jeune, déguenillé, les pieds en sang, était encadré par deux gendarmes. Quel délit avait-il commis ? Avait-il dépouillé la veuve et l’orphelin ? Avait-il commis un crime ? Avait-il manqué de respect à la jolie duchesse à chapeau rose dont la berline était arrêtée en face de la caserne ? Non, messieurs ! Il avait sous le bras l’objet de son délit. Alors, quoi ? Etait-ce une arme ? Un portefeuille ? Un bijou ? Point de tout cela : c’était un pain ! Oui, messieurs, un de ces pains noirs, grossiers, mal cuits que les bons bourgeois dédaignent. Et il l’avait dérobé ! Ou plutôt la misère avait dicté son geste. Car le peuple a faim, messieurs, le peuple se meurt et la nation n’en a cure ! Au lieu de secourir le pauvre, elle l’emprisonne, elle l’envoie aux galères, elle l’humilie.

Mais viendra le jour où le pauvre relèvera la tête, se révoltera et ce jour-là, messieurs, la France tremblera ! Cet homme traité comme un criminel osera croiser le regard de la duchesse  dans ses dentelles et ses fourrures, se redressera sous l’injure du bourgeois et du patron et se souviendra que ses pères ont fait la Révolution !

Alors, messieurs, il faut agir avant que la France ne se déchire encore. Il faut appliquer dans les lois des droits de l’homme et pratiquer une vertu oubliée : la charité. Mais la charité n’est pas l’aumône. Elle est la justice, l’égalité pour tous. Il est urgent de créer une vraie assistance publique, de répartir les richesses, d’instruire et de loger décemment le peuple.

 Votre première tâche sera de réformer la justice, de rendre les peines proportionnées aux délits. Un misérable voleur de pain n’a pas sa place au bagne ! Donnez-lui du travail, instruisez-le, logez-le et il deviendra un bon père de famille, un bon citoyen.

Voyez-vous, messieurs, ce soir, en rentrant chez moi, je ne pourrai pas dormir en paix. J’aurai devant les yeux ce malheureux que l’on va enchaîner. Et vous, pourrez-vous dormir tranquillement ?  

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