Étude du Le discours d’Antoine

Le discours d’Antoine

« Entre ici Jules César, avec ton terrible cortège »

L’analogie est frappante. Sur les marches du Capitole ou sur celles du Panthéon, le temps est venu de rendre hommage au grand homme qui a donné sa vie pour la patrie. Ce discours extrait de la pièce de Shakespeare Julius Caesar figure en effet parmi les plus célèbres exemples d’éloge funèbre, avec l’eulogie de Périclès, les oraisons funèbres de Bossuet, le Gettysburg Address de Lincoln et donc le discours de panthéonisation des cendres de Jean Moulin par André Malraux.

Toutefois, il faut remarquer que pour ce discours de Marc-Antoine, au contraire de nombreux éloges funèbres où la célébration du mort fait consensus, le contexte politique est troublé. Shakespeare place le discours quelques heures seulement après l’assassinat de César et Antoine est appelé à la tribune par les meurtriers de celui dont il s’apprête à faire l’éloge. La consécration passe ici davantage par la réhabilitation que par la célébration générale ; le discours épidictique a un pied dans le judiciaire – puisqu’il s’agit bien de juger la conduite de César et celle des conjurés – et un autre dans le délibératif – il faut d’abord convaincre la foule. Dans cet espace où les catégories du discours s’entremêlent et où les toges s’exposent au jugement populaire ou aux poignards des conjurés, la question de ce qui est dit, de la façon dont c’est dit et de ce que cela veut dire se pose avec acuité.

Nous verrons donc que si dans un premier temps ce discours apparaît comme un chef-d’œuvre de rhétorique, il n’en est pas moins le vecteur d’une réflexion politique sur le rôle du peuple et du discours en démocratie, enjeux de pouvoir cruciaux lorsque justement la crise de succession est patente, et celle de la République latente.

I. Un chef-d’œuvre de rhétorique

a. Un éloge funèbre qui satisfait aux trois exigences du discours rhétorique

b. L’ivresse du discours

- dichotomie raison/émotion

insiste lourdement sur l'émotion

→ les pleurs

«  Quand les pauvres pleuraient, César versait des larmes »

«  Si vous avez des larmes, soyez prêts à pleurer. »

→ manipulation émotive

=/ discours de César – bcp plus rationnel

- il prend plaisir au fur et à mesure

le plaisir de la parole

→ la préterition « It is not to meet ho Caesar loved you »

« Tis good you don't know not that you are his heirs »

je ne dois pas vous dire à quel point César vous aimait

Il est bien que vous ne sachiez pas que vous etes ses héritiers

- prétendre ne pas annoncer quelque chose tout en distillant des informations

il ménage son plaisir en contrôlant le temps

utilise des formules hypothétiques à foison

« si j'étais d'humeur... »

« Ils demanderaient »

« Which, pardon me, I do not mean to read. »

« Will you be patient ? Will you stay a while ? »

« Nay, press not so upon me. »

Il cherche à sentir le plus possible l'assentiment du public – leur demande par question directe :

« You will compel me then to read the will ? »

Utilise des qualificatifs

« le haineux Casca »

« Le noble César »

« Le Grand César »

Vocabulaire très recherché :

« You all do know this mantle »

« L'ambition devrait être faite d'une étoffe plus rude. »

- il va utiliser l'IRONIE car il prend du plaisir à sa tâche

→ Dans la ritournelle « Brutus says he was ambitious, and Brutus is an honourable man. »

il reprend la troisième fois « And for sure Brutus is an honourable man. » Insiste de façon antiphrasique – moquerie – et plus tard « Who , you all know , are honourable men » et « Such honourable men »

jeu sur la répétition

« I fear I wrong the honourable men. »

Ironie encore : «through this the well-beloved Brutus stab»

« How dearly Caesar loved him »

→ Voyez de quel prix César a payé son amour pour lui

Maîtrise-t-il vraiment tout ?

« ö jugement, tu as fui auprès des bêtes brutes,

et les hommes ont perdu la raison »

ce qui est marquant dans la mise en scène :

Brando qui doit au départ affirmer son autorité. Est coupé. Doit reprendre. Puis petit à petit il arrive à détenir le contrôle. Ce qui fait de ce discours un discours en continu mouvement – il doit constamment faire avec la réaction

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