Deux poètes d'aujourd'hui, Paul Eluard (1947)

Deux poètes d'aujourd'hui, Paul Eluard (1947)

“La poésie doit avoir pour but la vérité pratique”

En réponse à des reproches concernant son engagement politique, Eluard exprime l'idée que l'inspiration des grands thèmes lyriques n'est pas contradictoire avec le souci d'une poésie qui chercherait à rassembler les hommes en vue d'un avenir meilleur, une poésie engagée.

Lyrisme et adhésion des lecteurs (strophes 1 à 4)

Les anaphores expriment le lien entre le poète et ceux qui l'écoutent:

- ce rapport est “traditionnel”(les subordonnées expriment le temps, la répétition : “lorsque, à chaque fois...)

- mise en évidence par la présence de “je” et “vous” (“je” est est sujet du verbe “dire”dont “vous” est le complément). Par la suite, “vous” devient sujet de verbes exprimant encore la relation et la compréhension de “me” (“croire, approuver, partager, comprendre”)

--> les paroles du poète sont acceptées par le “vous”.

Les situationa évoquées dans chaque strophe renvoientà des images et métaphores sur les grands thèmes lyriques de l'amour, la nature... Parfois étranges (voire très obscures), ces associations sont tout de même acceptées et partagées par les lecteurs. Chaque strophe franchit un degré supplémentaire dans l'originalité des images mais la confiance accordée au poète permet de les accepter, peut-être même sans les décrypter.

Conclusion partielle : l'accent est mis sur le pouvoir quasiment divin du poète en matière de déchiffrement du monde mystérieux de la nature et des sentiments humains.

La perte de confiance vis à vis du poète (stophes 5 et 6)

La strophe 5 exprime une opposition (“mais”) :

- dans l'attitude du poète : passage de “dis” `”chante” ; les mystérieuses images lyriques font place à une expression “sans détour”

- dans la confiance du lecteur : “vous ne me croyez plus” ; expression “vous m'envoyez au désert” qui exprime l'idée d'une sorte d'ostracisme du poète

Explication : la strophe 6 commence par “car”

- expression de l'engagement : “unis, espérer, lutter, transformer”. Notions qui nourrissent le discours politique mais que le “vous” semble interdire au poète.

Conclusion partielle : la poésie est crédible quand elle traite de sujets personnels, quand elle appelle à la solidarité ou qu'elle cherche à expliquer le monde social, elle ne rencontre qu'indifférence et refus, par ignorance de la part de “vous”des enjeux de la lutte.

Dépassement et synthèse (strophe 7)

Cette strophe se distingue par sa longueur (sizain) et cherche à dépasser l'opposition exprimée plus haut. C'est une déclaration d'intention (futur) construit sur un jeu d'oppositions entre les termes affectifs et les termes politiques.

Le poète se pose en guide affectif (lyrisme) qui peut apprendre aux hommes la liberté,

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