LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Étude de l'essai: Des Femmes Et De Leur éducation de Pierre Ambroise Choderlos de Laclos

Recherche de Documents : Étude de l'essai: Des Femmes Et De Leur éducation de Pierre Ambroise Choderlos de Laclos. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Septembre 2013  •  6 165 Mots (25 Pages)  •  1 798 Vues

Page 1 sur 25

Introduction

Pierre Choderlos de Laclos est un des écrivains du XVIIIe siècle qui s’est prononcé sur la question de l’éducation des femmes et sur la condition féminine. C’est dans les années 1780, qu’il écrit son œuvre Les Liaisons Dangereuses et le publie en 1782. A travers cet unique roman Laclos dénonce les mœurs de la société de son époque. L’auteur présente trois personnages féminins : Cécile, une jeune fille, juste sortie du couvent pour être mariée, qui est jetée dans la vie mondaine sans aucun guide dans ses nouvelles expériences, Mme de Tourvel, une jeune femme avec une éducation monastique aussi, qui est très dévote, fidèle à son mari et qui souffre de l’impossibilité de résister à ses désirs et à ses passions, Mme de Merteuil, un des personnages principaux qui est le centre du roman autour duquel tournent les intrigues et qui les dirige selon sa volonté, elle n’a jamais été au couvent, son éducation est celle d’une autodidacte, elle éprouve la nécessité de s’instruire: « la crainte de l’ennui fit revenir le goût de l’étude ». La Marquise, fréquentant le monde et sachant exactement ce qu’elle a besoin d’apprendre, a la possibilité d’adapter ses connaissances à la pratique. Elle s’est armée parfaitement pour la vie.

Exprimant toujours son intérêt sur la question de l’égalité entre hommes et femmes, un an après, Laclos participe au concours organisé par l’Académie de Châlons-sur-Marne et répond à la question posée : « Quels seraient les meilleurs moyens de perfectionner l’éducation des femmes » en écrivant un Discours qui reste inachevé et où il déclare qu’ « il n’est aucun moyen de perfectionner l’éducation des femmes ». Rousseauiste, Laclos considère que l’homme a été dénaturé par la société. Un peu plus tard, mais la même année, il continue à approfondir ce sujet et écrit un essai Des femmes et de leur éducation qui reste aussi inachevé. Selon Rémy de Gourmont, cette œuvre est la moralité et la conclusion des Liaisons dangereuses . Chantal Thomas ajoute qu’il était nécessaire « pour compléter la figure de Laclos, pour l’éclairer dans sa complexité, dans sa force intellectuelle et fantasmatique ». Dans son essai Laclos élabore un portrait de la femme naturelle qui est libre, forte et heureuse, accentuant ses aspects physiques, son corps, ses sensations, ses désirs, sa beauté, etc. Dans ce texte on ne trouve pas la réponse à la question posée sur l’éducation des femmes. Et seulement dans les années 1795-1802, Laclos écrit un troisième texte où il présente la méthode éducative pour les femmes qui est basée surtout sur l’autodidactisme à travers la lecture pour acquérir les connaissances de soi, des hommes et des choses. Laurent Versini remarque dans cet ouvrage « les goûts de Choderlos de Laclos, les constantes de sa personnalité et ses propres lectures ».

Le but de ce travail est de dégager les idées de Laclos sur l’éducation féminine dans les Liaisons dangereuses et dans les trois textes destinés à l’éducation des femmes, en présentant les critiques et les solutions proposées par l’auteur. Tout d’abord, on va développer les causes de la mauvaise éducation en analysant le rôle et le statut des femmes dans la société. Ensuite, on va préciser les critiques de l’éducation sexuelle et celle du corps en constatant que les mœurs de la société dénaturent les femmes, leurs instincts, leur comportement, etc., et celles de l’éducation morale, en accentuant le point de vue négatif de Laclos sur l’éducation monastique et sur les résultats nuisibles qu’elle procure. De plus, on va analyser le rôle des mères dans l’éducation de leurs filles. Ensuite, on va présenter les solutions proposées par l’auteur, son idée de l’éducation. Confronté au problème de l’impossibilté, selon lui, de donner une éducation appropriée aux femmes, Laclos élabore une autre approche du problème en créant la femme naturelle et surtout ses aspects physiques. On va dégager les traits principaux de cet idéal utopique. Finalement, on va analyser une solution du perfectionnement de la situation de l’éducation féminine, l’autodidactisme, en suivant le programme pédagogique, précisé dans le troisième essai, consacré à l’education féminine.

Critique de l’éducation de l’époque

Esclavage des femmes

Selon Laclos, à travers l’histoire, les femmes ont été soumises par les hommes et elles dépendent de leur bon vouloir. Elles naissent libres mais la société les rend esclaves. Laclos donne plusieurs exemples de peuples (les Groenlandais, les Calmouques, les Coréens, les peuples du mont Liban, les Congolais, etc.) où le statut des femmes est le même. La femme sociale de l’époque, selon Laclos, est le résultat de ce contrat social déformé entre hommes et femmes. La femme n’est pas libre, et sans liberté il n’y a pas de moralité, et sans moralité l’éducation est impossible : « partout où il y a esclavage, il ne peut y avoir éducation ». L’auteur tire la conclusion que la femme sociale ne peut pas être éduquée. Les victimes de ce contrat social perverti sont les trois personnages féminins des Liaisons dangereuses. De la jeunesse jusqu’à l’âge mûr, les femmes ne sont ni libres ni heureuses. Cécile, jeune fille, n’est pas libre ni d’acquérir les connaissances dont elle a besoin, ni de connaître l’amour, ni de choisir son mari. Mme de Tourvel est une femme mariée et n’est plus libre dans sa vie sentimentale, elle reste attachée aux vertus apprises au couvent et à l’opinion de la société. Même la liberté de la Marquise est très conditionnelle car, mal dirigée, elle est prise au piège de ses propres intrigues et obligée de s’exiler.

Conception de l’éducation

Dans son Discours Laclos répond à la question posée sur l’éducation des femmes d’une manière différente : il comprend la situation et il veut dire la vérité. Selon Pomeau, « il se propose de pratiquer la technique rousseauiste de la « bombe » rejetant les idées précédentes de l’époque et proposant l’analyse de la situation de manière originale et radicale. Comme le dit Levayer, c’est une réponse « non pédagogique mais politique, pour un nouveau contrat égalitaire… des sexes ». Laclos écrit non pour le prix mais pour dire que l’éducation à l’époque « ne mérite pas en effet le nom d’éducation » et, en général, dans l’état actuel de la société, l’éducation des femmes ne peut pas être perfectionnée. L’éducation, selon lui, est le développement des facultés de l’individu et l’utilisation

...

Télécharger au format  txt (37.6 Kb)   pdf (307.2 Kb)   docx (21.8 Kb)  
Voir 24 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com