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« Des Cannibales » Essais,I, 31 Montaigne

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Par   •  12 Juin 2015  •  1 440 Mots (6 Pages)  •  984 Vues

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« DES CANNIBALES »

Essais,I, 31 Montaigne 

Introduction

A la fin du XVIe siècle, le monde est encore pour bonne partie une terre inconnue, et c’est au fil des découvertes toutes récentes qu’il se dévoile et se fait rencontrer les cultures des différentes sociétés. Les interrogations nées de ces rencontres et les constats de différences de développement des sociétés amène certains à ravaler les indigènes, les « sauvages », au rang d’animal. A l’opposé de cette perspective, Montaigne, philosophe et homme de culture, prône une autre réflexion. Noble d’Aquitaine, maire de Bordeaux, ce penseur se distingue par son aversion pour la violence et pour sa défense de la tolérance. Il reproche aux européens leur violence et leur soif inextinguible de conquête. Dans Les Essais, sa grande somme, il se nourrit de son expérience pour proposer une réflexion sur les notions de « barbarie » et de « sauvagerie ».

Sa thèse est que les peuples récemment découverts ne sont pas des sauvages : « il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation. » (l.1). Il nie d’emblée de suite cette proposition en s’opposant à une idée commune en personnalisant son propos « je trouve », « mon propos » (l.1). Ce faisant, il réfute déjà la thèse adverse implicite selon laquelle les indiens seraient des barbares et des sauvages. Comment fonctionne son argumentation ? Il propose une analyse des termes « sauvage » et « barbare » appliquée à la nature et, de là, appliquée à ceux prétendus « sauvages ». Nous verrons donc comment, à travers une argumentation fondée sur une réflexion lexicale et un argument par analogie, Montaigne tente de démontrer que les indiens ne sont pas des sauvages.

 

I- Le sauvage n’est pas celui que l’on croit

1- La redéfinition des termes

Montaigne formule sa thèse en réfutant les mots « barbare » et « sauvage », en ce qu’ils apparaissent péjoratifs et traduisibles respectivement en « cruel » et « grossier ». L’emploi d’un adversatif « sinon que » (l.2) insiste sur ce point, en même qu’il pose la seule condition pour que la thèse adverse soit vraie : si « barbare » marque ce qui n’est pas communément dans notre usage. Montaigne dénonce ici un point de vue autocentré qui nous pousse à croire comme parfaites et seules véritables « les opinions et usances du pays où nous sommes. » (l.4)

Il poursuit son raisonnement avec un argument par analogie, souligné par l’emploi de « de même que » (l.6). On les appelle « sauvages » de même que nous nommons ainsi les fruits. Il y a ici une première définition du mot : ce qui est sauvage est ce qui est à l’état de nature, ce qui n’a pas été modifié par l’action de l’homme. Or ces fruits sont appelés comme tels car ils dépendent de la nature. Montaigne redéfinit alors le terme par inversion du caractère péjoratif, en tendant à valoriser la nature par rapport à l’artifice : en réalité, « là où, à la vérité » (l.7), il faudrait qualifier de sauvages les fruits que nous (européens) avons altérés par la greffe, alors qu’ils étaient plus beaux à l’état naturel. Donc, il ne faut pas considérer que les hommes naturels sont sauvages ou barbares, plus loin même, ces mots devraient au contraire être appliqués à ce qui est passé par la main de l’homme qui l’a modifié.

Les barbares et sauvages sont en fait naturels, et c’est une faute de les qualifier ainsi puisque ces termes sont péjoratifs. Cette argumentation lexicale tend à prouver que la conception négative vient en fait d’une mauvaise perception des choses due à la relativité des usages.

 

2- La relativité des usages

On retrouve, comme dans la Controverse de Valladolid, une réflexion sur l’ethnocentrisme et la relativité des usages : « il semble que nous n’avons d’autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et l’idée des opinions et usances du pays où nous sommes » (l.3-4). Il oppose subtilement« vérité » et « raison », notions fortes et absolues, à « exemple » et « idées », qui désignent au contraire des

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