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Dans Quelle Mesure Le Poète Porte-t-il Un Regard Particulier Sur Le Quotidien ?

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Par   •  9 Mars 2015  •  1 505 Mots (7 Pages)  •  1 708 Vues

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Introduction

[Amorce] Traditionnellement, au genre noble de la poésie correspondait des sujets nobles ; rares étaient les poèmes consacrés à l’univers quotidien, notamment aux objets. Mais à partir du xixe siècle, les poètes s’attachent à la description de ce qui peut apparaître banal, sans intérêt poétique. Ainsi, dans son recueil Le Parti pris des choses, Francis Ponge décrit tour à tour une huître, un cageot, un poêle… Cependant, le poète jette sur notre vie quotidienne un regard original. [Annonce du plan] S’inspirant de réalités ordinaires, il en dégage les « qualités essentielles » (Ponge) pour en faire des sujets poétiques, les transformer et les recréer grâce aux ressources du langage poétique. Le poète se sert de ce monde quotidien pour le transfigurer.

I. La poésie du quotidien

Le poète est un homme qui vit dans la réalité quotidienne : il y puise son inspiration et la peint parfois de façon très réaliste.

1. Objets et lieux du quotidien

Le poète trouve ses sujets dans les objets et dans les lieux coutumiers. Ponge revient dans Le Parti pris des choses aux réalités les plus usuelles : le pain, le cageot… Dans « Fenêtres ouvertes », Victor Hugo rend compte des bruits ordinaires qu’il perçoit de sa chambre. René-Guy Cadou consacre un poème à « La Maison du poète… » remplissant ainsi le rôle que le poète Pierre Reverdy assigne à la poésie : « considérer toutes choses comme inconnues et […] se promener ou […] s’étendre sous bois ou sur l’herbe, et […] reprendre tout au début ».

2. La vie des hommes

Ce sont parfois les phases obligées de la vie de tout homme qui inspirent le poète : Ronsard se peint lui-même proche de la mort dans « Je n’ai plus que les os… » ou évoque la jeune Hélène devenue « bien vieille (…) au foyer accroupie ». Quant à Baudelaire, il décrit « Les Petites Vieilles » que le temps a inexorablement abîmées.

3. La réalité sociale

Les poètes rendent aussi compte de la réalité sociale dans sa banalité. Victor Hugo décrit le travail quotidien des enfants au xixe siècle dans « Melancholia », ou l’analphabétisme dans L’Année terrible. Au xxe siècle, Eugène Guillevic peint les difficultés de la vie dans « La vie augmente ». Enfin, Blaise Cendrars résume cette attention que le poète porte au monde quotidien par la métaphore : « Je ne trempe pas ma plume dans un encrier mais dans la vie. »

II. Mais le poète « voit » le monde différemment

Cependant le poète est un homme plus sensible que les autres et qui voit différemment la réalité quotidienne. Il s’efforce de la rendre dans toute sa plénitude.

1. Dévoiler le quotidien

Jean Cocteau, dans Le Rappel à l’ordre (1926) décrit sa propre conception de la poésie. Pour lui, le poète fait surgir le connu sous la forme de l’inconnu, « ce sur quoi son cœur, son œil glissent chaque jour, sous un angle et une vitesse tels qu’il lui paraît le voir et s’en émouvoir pour la première fois ».

Ainsi, le poète se réapproprie les objets et les redynamise, les montre sous un aspect nouveau. Apollinaire pour évoquer « La pluie » dessine sur la page, avec ses lettres, de longues traînées de pluie sous la forme d’un calligramme.

2. Dégager les qualités du quotidien

Pour « recréer » l’univers quotidien, le poète met en évidence les qualités particulières de l’objet et ses éléments qui frappent l’imagination grâce au langage poétique. Il ne faut pas seulement décrire un objet, mais l’évoquer grâce au langage et réaliser par les mots ce que le calligramme impose à la vue du lecteur.

C’est cette fonction créatrice du langage poétique que Mallarmé assigne à la poésie, quand il affirme qu’évoquer dans un poème une fleur, c’est non seulement en parler, mais façonner par la magie du langage un objet nouveau : « Je dis : une fleur ! et, hors de l’oubli où ma voix relègue aucun contour […] musicalement se lève, idée même et suave, l’absente de tout bouquet. » La poésie posséderait donc un pouvoir d’évocation propre, qui permet d’atteindre l’essence même des objets, de les dégager de leur existence triviale.

3. Transfigurer le quotidien

Comme l’explique Jean-Paul Sartre, à partir de l’exemple du mot « Florence », le poète exploite toutes les ressources des mots et leur redonne leur multiplicité de sens. La poésie « ne se sert pas des mots comme la prose ; et même elle ne s’en sert pas du tout ; je dirais plutôt qu’elle les sert. […] Florence est ville et fleur et femme, elle est ville-fleur et ville-femme et fille-fleur tout à la fois ». C’est en jouant sur les mots, les sons, les rythmes et les sensations que le poète transfigure le monde qui nous entoure.

Le poète recourt aussi aux images insolites : il rapproche ainsi des réalités diverses et substitue à notre

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