Dans La Comédie, Le rôle Du Valet Ou De La Soubrette Est-il Uniquement De Divertir Le Public ?

Dans la comédie, le rôle du valet ou de la soubrette est-il uniquement de divertir le public ?

Au théâtre, le ressort de la comédie est souvent basé sur la présence de différentes classes sociales cohabitant et interagissant les unes avec les autres – l'exemple le plus courant étant celui du maître et de son valet, personnage souvent secondaire mais indispensable à l'action comique.

Les débuts du valet dans la comédie en France se font dans les œuvres de Molière, dont certaines pièces sont même articulées autour des valets – « Les fourberies de Scapin » étant le meilleur exemple, puisque le personnage éponyme est précisément un valet. Le personnage du valet ou de la soubrette est depuis devenu un des incontournables de la comédie au théâtre, qui permet de se divertir indépendamment des autres personnages.

Deux effets comiques sont possibles avec les valets et soubrettes : nous pouvons rire d'eux, ou rire avec eux. Initialement, le valet est un personnage aux actions grotesques ou ridicules, qui permet de donner à la comédie le ton léger voulu, peu importe le fil rouge de l'histoire ( que ce soit une histoire d''amour, d'honneur, d'argent... ) et ressemble de ce fait à l'Arlequin de la Commedia dell'arte. Mais, occasionnellement, il se retrouve confident de son maître, comme les valets de tragédie. On retrouve ce type de personnage dans nombre des pièces de Molière, mais aussi chez Beaumarchais, Marivaux, ou dans la Commedia dell'arte ( d'où ont d'ailleurs été tirés les noms de plusieurs personnages de la comédie classique de Molière ).

Le premier aspect du divertissement amené par le valet est la moquerie : le valet est la cible des rires du public. C'est le cas pour Sganarelle, qui au début de « Dom Juan » se fait passer pour un médecin et discute naïvement de ses connaissances médicales. Dans les « Précieuses Ridicules », les valets, Mascarille et Jodelet, sont encore rabaissés, grimés en nobles pour venger l'honneur de leur maîtres puis battus par ces derniers. Le valet est un homme de petit esprit, sans connaissances mais avec l'aspiration de devenir quelqu'un ayant une certaine légitimité sociale. Mais certains échappent à ce sort, comme Covielle, qui dans le « Bourgeois Gentilhomme », passe du valet balourd au maître de la comédie au fil des actes.

Le rôle du valet évolue au fil du temps, de personnage secondaire à personnage central – Scapin, Ruy Blas, ou encore Figaro. Ce dernier est le personnage principal du « Mariage de Figaro », et fait office de valet, bien qu'il soit indépendant de son maître. C'est un nouveau genre de valet dans la comédie, instruit et même intellectuel, ayant exercé de nombreux métiers avant de devenir valet pour le compte. Il dupe et ruse tout au long de la pièce, présentant un valet plus malin que son maître. Le valet nous fait à nouveau rire, mais avec lui, et plus à ses dépends. A ses côtés ou ceux de Scapin, le spectateur se retrouve face à une inversion des rôles, où c'est le valet qui tourne en ridicule son maître – le valet continue de divertir, se permettant ce qu'un personnage d'une autre classe sociale n'aurait pas pu. Ils complotent, interfèrent avec leurs maîtres, se montrent plus malins ou adroits pour obtenir ce qu'ils veulent. Le valet devient un personnage plus important que son maître, par sa promptitude à nous faire rire tout en intriguant.

Le valet, néanmoins, n'est pas un personnage à seul but humoristique, c'est aussi souvent lui qui accomplit les basses besognes de son maître, et, comme dit précédemment, qui peut aussi lui servir de conseiller. On découvre alors un nouvel aspect du valet, le modérateur, qui régule

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