Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

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QUESTIONS (6 points)

1. Commet l’auteur parvient-il dans cet extrait, à établir une complicité avec le spectateur ? Nommez précisément les procédés dramatiques utilisés. (3 points)

L’auteur, dans cet extrait, parvient à établir une complicité avec le spectateur                             en utilisant les procédés dramatiques suivants : L’ironie dramatique ainsi que la multiple destination de la parole théâtrale. En effet, Roxane ne sait pas qu’il s’agit de Cyrano et non de Christian qui lui parle. Or le public sait qui parle, ce qui relève de l’ironie dramatique. De plus, la dernière réplique s’adresse au public et plus à Roxane ou Christian.

1. Faites un relevé précis des métaphores désignant le baiser et analysez-les. Que nous apprennent-elles sur Cyrano et sur son langage ? (3 points)

Pour désigner le baiser, Cyrano utilise 8 métaphores :

- « Un serment fait d’un peu plus près »

- « Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer »

- « une promesse Plus précise »

- « un aveu qui veut se confirmer »

- « c’est un secret qui prend la bouche pour oreille »

- « Un instant d’infini au bruit d’abeille »

- « Une communion ayant un goût de fleur »

- « une façon d’un peu se respirer le cœur »

- « Et d’un peu se gouter, au bord des lèvres, l’âme ! »

Ces métaphores, rassemblées dans une seule et même réplique, produisent sur Roxane et le spectateur un effet de charme et « d’attirance ». L’abondance de ces métaphores démontrent l’habileté de Cyrano à manipuler les mots ainsi que son langage digne d’un poète.

LECTURE ANALYTIQUE

L’œuvre que nous allons étudier aujourd’hui est une comédie héroïque rédigée en 1897 par Edmond de Rostand (1868-1918). Il a rédigé 11 pièces de théâtre de poésie, vaudeville, comédie ou drame comme L’Aiglon. L’œuvre étudiée est Cyrano de Bergerac. Ce texte est un extrait d’une comédie héroïque en vers et en cinq actes. Dans cet extrait, l’auteur mêle les registres comique, lyrique et pathétique de façon originale. Ce texte renoue avec les grandes pièces du drame romantique comme Hernani ou Ruy Blas de Victor Hugo. Nous montrerons dans un premier temps la stratégie de séduction originale qu’utilise Cyrano puis le rôle des registres dans l’originalité de cette scène.

I – Une stratégie de séduction singulière

   L’originalité de cette scène de séduction, repose d’abord sur la stratégie déployée

par Cyrano qui mêle badinage, savantes gradations et virtuosité poétique.                                 Dans un premier temps, en effet, Cyrano s’efforce d’attirer Roxane par un badinage plaisant et léger, en employant un langage précieux, tout à la fois délicat et raffiné. Cette délicatesse et ce raffinement du langage se font jour dans les multiples définitions qu’invente Cyrano. Ce raffinement du langage se retrouve dans les nombreuses métaphores utilisées par Cyrano pour désigner le baiser notamment aux vers 11-19. Ces métaphores comme : - « c’est un secret qui prend la bouche pour oreille » permettent « d’attirer » Roxane.

  Ce badinage se caractérise également par une légèreté que manifestent les formules d’atténuation employés par Cyrano, qui préfère le glissement insensible à l’affirmation tranchée. La première réplique du personnage éponyme s’efforce de banaliser ce baiser que Roxane n’ose envisager : la négation restrictive ne … que réduit la ainsi la distance qu’il y a entre les larmes et le baiser : « Des larmes aux baisers il n’y a qu’un frisson », tandis que l’utilisation des adverbes d’atténuation, « insensiblement », « un peu » et la répétition du verbe « glisser » s’efforcent de dissiper les angoisses de la jeune femme. Et ce faisant, Cyrano persuade insensiblement Roxane, d’autant plus que son discours s’organise selon un subtil et savant crescendo.

  Ensuite, Cyrano par un crescendo subtil parvient à emporter le cœur de Roxane. A l’ascension physique de Christian qui enjambe les balustres pour atteindre le balcon répond la savante progression qui organise le discours de Cyrano. Les questions qu’il pose à Roxane illustrent ce crescendo. La première d’entre elles, « S’il la brûle déjà, que sera-ce la chose ? », est ainsi destinée à susciter le trouble chez son interlocutrice ; la seconde à la forme interro-négative, est l’équivalent d’une affirmation qui l’oblige à avouer ce trouble : « N’avez-vous pas tantôt, presque insensiblement / Quitté le badinage et glissé sans alarmes / Du sourire au soupir, et du soupir aux larmes ! ». Quant à la troisième : « Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ? », il s’agit d’une question rhétorique qui permet au héros d’emporter la jeune femme dans un tourbillon de métaphores qui l’enchantent et la ravissent. De la même manière, Roxane est progressivement élevée au rang de reine. En effet, aux vers 21/23 et 24-25, Cyrano déclare « Un baiser c’est si noble que la reine de France, au plus heureux des lords, en a laissé prendre un, la reine même ! » « J’eus comme Buckingham des souffrances muettes, J’adore comme lui la reine que vous êtes (…) »

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