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Crimes Et Châtiments Au Moyen âge

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Par   •  21 Février 2013  •  1 665 Mots (7 Pages)  •  1 095 Vues

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Crimes et Châtiments au Moyen âge.

Une exécution capitale au Moyen Age est un spectacle d'une rare intensité. C’est un grand moment de la vie médiévale, d'autant plus qu'elle est rare. Une fois la sentence de mort prononcée, l'exécution capitale a lieu de façon quasi immédiate et elle se déroule en suivant un rituel très strict. Le mode d'exécution varie selon le statut social ; en général les nobles sont décapités avant d'être pendus et ils gardent effectivement leurs vêtements distinctifs, fourrures et éperons, alors que les roturiers sont déshabillés et pendent, en chemise, au gibet

Le mode d'exécution capitale varie aussi selon la nature du crime commis. Les auteurs de meurtres sont traînés sur une claie avant de subir la pendaison qui, en général, est réservée aux larrons. Les criminels de lèse-majesté sont décapités. En revanche, les faux-monnayeurs sont en principe bouillis dans un grand chaudron, les sorciers et sorcières, comme les hérétiques, sont brûlés, les auteurs de crimes sexuels comme la bestialité, l'homosexualité ou l'inceste sont aussi brûlés. Les femmes sont plus facilement enfouies vivantes dans une fosse au pied du gibet ou brûlées comme les hommes, mais certaines peuvent aussi être pendues.

La peine de mort la plus répandue est la pendaison, à laquelle n'échappent pas ceux qui sont décapités, y compris quand une partie de leurs membres restent fichés sur des lances pour être présentés sur des places publiques ou aux portes de la ville. Ce qui subsiste de leur corps est pendu au gibet où il est parfois mis en sac.

Le cheminement vers le lieu d'exécution et l'exécution elle-même sont l'objet d'une cérémonie dont tous les moments ont un sens. La rue qui conduit au supplice est, dans chaque ville, toujours la même et elle doit être peuplée par un abondant public : le cortège passe donc de jour, à une heure d'activité, si possible un jour de marché. La foule peut aussi être sollicitée lors des arrêts du cortège, en général aux carrefours, pour insulter le condamné ou lui jeter des pierres et de la boue. "Battez fort et n'épargnez point ce paillart, car il a bien pis desservi !", crie encore le public sous le règne de Louis XI. Le condamné est mis dans une charrette, la charrette d'infamie qui est aussi celle de la boue des rues et des ordures. Au moment de l'exécution, un responsable de la justice crie l'acte d'accusation, le dictum, au peuple qui l'écoute. Puis le bourreau fait son office. Les gestes et les cris qui scandent ces cérémonies ont un sens symbolique. La peine doit prendre une valeur exemplaire et le pouvoir affirme ainsi sa force. Il manifeste aux yeux de tous qu'il peut être pouvoir de mort. Et le roi lui-même disait qu' "on ne punit pas le malfaiteur pour le méfait mais pour l'exemple".

Enfin, à partir du XVI siècle, l'éclat des supplices devient un spectacle terrorisant, en particulier quand il s'agit de lèse-majesté. D'ailleurs les gibets, placés en dehors des villes et à proximité des murailles, ont un effet dissuasif. A Arras ou à Amiens, la ville se trouve ainsi ceinturée de cadavres qui participent à l'expression de son autorité. La foule est donc là pour prendre exemple et, parce qu'elle est terrorisée, pour être dominée. Mais la foule est aussi là pour participer à l'exécution et sa présence est nécessaire à l'accomplissement de la peine. Elle est témoin de l'infamie qui, peu à peu, au cours du rituel judiciaire, rejette le condamné hors du monde des vivants, l'exclut comme inutile au monde et irrécupérable. Tout concourt à construire l'infamie du condamné dont l'honneur doit être bafoué pour qu'il y ait mise à mort La présence du public garantit l'efficacité de la honte et du souvenir de la peine.

A une époque où l'honneur se manifeste plutôt par la renommée, c'est-à-dire par le regard et le jugement que les autres portent sur l'individu, ces cérémonies créent une infamie irréversible. Certains demandent à être condamnés de nuit, et si possible à être noyés plutôt que d'être pendus tant le déshonneur du gibet retombe sur l'ensemble de la parenté. Car le souvenir de la peine perdure au-delà du temps du châtiment. Les corps pendus restent parfois plusieurs années au gibet, jusqu'à tomber en poussière, et il faut une autorisation spéciale de la justice pour que les parents puissent les retirer et les faire enterrer.

Le rituel de la peine de mort, tel qu'il est installé à la fin du Moyen Age, montre bien que la condamnation est vivement ressentie comme une atteinte à l'honneur personnel et familial. Mais le peuple est aussi là pour être actif. Comme nous l'avons vu, il intervient par des gestes et des cris qui rappellent le lynchage. A l'inverse, sa présence peut se révéler bénéfique. En effet, jusqu'à la dernière minute, la foule peut intervenir pour faire en sorte que le condamné soit gracié.

Le fou, comme l'enfant mineur ou la femme enceinte, ne peut pas être

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