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Correction français devoir 1 bts ag cned 2ème année

Dissertation : Correction français devoir 1 bts ag cned 2ème année. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2016  •  Dissertation  •  3 818 Mots (16 Pages)  •  1 247 Vues

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Première partie : Préparation de la synthèse de documents 1. Analyse du corpus Synthèse – Pour aborder efficacement le corpus, il faut toujours commencer par cerner le thème qu’il traite. En général, les titres des différents documents donnent déjà une idée d’ensemble que la lecture approfondie des textes pourra ensuite confirmer, éventuellement nuancer. Trois titres sont particulièrement explicites : les expressions ou termes « La nouvelle Citroën », « La voiture » et « Renault », marque connue de véhicules, retiennent notre attention. Ils se rattachent tous trois à la thématique de l’année, les objets, mais en délimitant un objet bien précis : l’automobile. Seul le titre de la nouvelle reste assez peu compréhensible par rapport au thème. C’est donc la lecture attentive du document qui permettra ultérieurement d’en définir plus précisément les orientations. On peut déjà en déduire que, dans la première phrase de l’introduction, on évoquera la voiture, pas les objets en général. – Une fois la thématique cernée, il s’agit de repérer le genre des documents du corpus afin de distinguer ceux qui servent de points d’appui à la réflexion. Ici, un extrait d’essai et un article (docs. 1 et 2) constituent les textes d’idées qui proposent une analyse plus approfondie. Puis un extrait d’une nouvelle de Buzzati donne une touche plus littéraire au thème. Enfin, l’affiche de la publicité pour Renault pourra être analysée en fonction des éléments dégagés dans les autres documents. Ainsi, la nature des documents nous permet d’établir un ordre de lecture : les textes d’idées, plus explicites que les documents iconographiques ou littéraires, sont prioritaires pour dégager les idées essentielles. Les autres documents peuvent ensuite être étudiés en fonction des pistes repérées lors de l’analyse des extraits « maîtres ». On en profite pour noter, à même les documents, le genre de chacun qui devra être précisé dans le temps 2 de l’introduction. Donc document 1 : extrait d’essai. Document 2 : article. Document 3 : extrait de nouvelle. Document 4 : affiche publicitaire. – Il faut ensuite prendre connaissance des différents documents qui constituent le corpus, les lire avec une grande attention. Pour ce qui est des textes, la lecture fera ressortir les idées importantes, autrement dit la structure de l’extrait (en soulignant sur le document les idées essentielles, puis en les reformulant sur un brouillon dans un langage personnel qui exclut tout recopiage). Pour ce qui est des documents iconographiques (ici l’affiche pour la R5), il faudra regrouper vos remarques autour de quelques points forts. Vous pouvez ainsi prendre des notes sur quatre pages de brouillon distinctes pour faciliter votre travail et votre relecture. Nous allons donc ici procéder par des analyses détaillées et successives des documents du corpus. Cela peut donner le résultat suivant. 1.1. Analyse du document 1 En haut de votre premier recto de brouillon, vous avez dû noter les éléments suivants : genre = extrait d’essai, source = Mythologies, date = 1957, auteur = Roland Barthes. C’est un critique littéraire et sémiologue célèbre ; cet essai renommé consigne une cinquantaine de réflexions que fait Barthes sur le monde contemporain. C’est une remarque destinée à votre culture générale, mais qui n’a pas à figurer dans la synthèse où aucun ajout personnel n’est toléré. Attention à un réflexe qui est souvent un leurre ! Ce n’est pas parce qu’un texte est antérieur aux autres, ici 1957, qu’il est dépassé, loin de là ; il ne signifie pas non plus qu’il doit conduire à une étude évolutive qui peut être un contresens. Il faut lire attentivement avant de tirer la moindre conclusion hâtive d’une date. Une première lecture soignée de l’article a dû vous conduire à dégager le propos directeur suivant (ou un autre bien sûr approchant) : Roland Barthes, non sans amusement, analyse ce que représente la sortie de la fameuse DS Citroën pour ses contemporains, en 1957, et montre qu’on se situe bien au-delà d’une simple relation usager/ objet utilitaire. La forme du texte, très compacte, ne laisse pas entrevoir de paragraphes distincts ; on analysera donc idée par idée (ou temps par temps, le mot important peu). C’est d’ailleurs l’extrait le plus difficile et le seul qui ait pu vous poser un problème de compréhension immédiate. 0187 C01 – 3/19 Première idée Ce début qu’on pourrait qualifier d’introduction établit un parallèle entre le modèle DS de Citroën et « les grandes cathédrales gothiques » et donne à cette automobile une dimension sinon religieuse, du moins mythique. Cette comparaison initiale souligne le caractère presque sacré de cette voiture et montre toute la vénération du public pour cet objet. Toutes les caractéristiques du véhicule sont ici explicitées : un objet lié à une époque précise, créé par des gens qu’on considère comme des artistes, sentiment renforcé par le fait que leur identité reste inconnue, mais admiré et utilisé par tous. Barthes propose ici une sorte de définition de cet objet mythique. Il en souligne le caractère surnaturel (magique), rappelant la foi quasi superstitieuse que l’on accorde alors au progrès. L’expression « consommée dans son image, sinon dans son usage » mérite par ailleurs quelques éclaircissements. En 1957, seuls quelques privilégiés avaient l’usage réel d’une automobile, surtout de ce prix. Mais tout le monde pouvait l’admirer (son image). Second temps Après cette introduction, Barthes développe le caractère inédit de la Citroën. Nous allons en profiter pour voir à quoi peuvent servir les connaissances stylistiques lors de l’analyse préalable. On précise bien « lors de l’analyse préalable », car les remarques stylistiques (ou littéraires) sont totalement interdites en synthèse où elles s’apparentent à des ajouts personnels. En effet, dans ce passage, Barthes lui-même ne nous explique pas « J’utilise telle métaphore ». Donc évoquer les métaphores employées dans la synthèse rédigée relève de l’ajout interdit, ce qui n’empêche pas de se servir de ces notions pour décoder le texte. Le champ lexical dominant est révélateur de l’aspect extraordinaire (hors du monde ordinaire) du véhicule : « tombe manifestement du ciel, messager de la surnature, merveilleux, autre univers, notre science-fiction ». Cette caractéristique est fondée sur des éléments tangibles présentés par Barthes : « perfection, absence d’origine, clôture, brillance, transformation de la vie en matière », autant d’éléments qui concourent à en faire un objet hors du commun. En fait, l’idée à retenir de tout cela et qui explique ce comportement quasi superstitieux du public, c’est que la plupart ne connaissent ni les concepteurs (artistes inconnus), ni le mode de fabrication ; la DS est donc une sorte d’OVNI venu d’un autre univers et qu’on est prêt à vénérer. Deux métaphores viennent clore cette présentation de l’objet extraordinaire : la voiture devient un nouveau Nautilus, clin d’œil à Jules Verne et à son prototype sous-marin, symbole d’avancée technique assez mystérieuse pour le lecteur, mais surtout Barthes joue avec les sonorités et transforme la DS en « déesse ». Cette personnification de la voiture permet de la valoriser, de la hisser au rang des divinités sans qu’il y ait besoin d’autre explication. Ainsi, l’automobile devient une divinité tout droit descendue du ciel. Barthes tente d’analyser cette mythologie du quotidien, cet objet « superlatif », autrement dit chargé de plus de sens, de plus de valeur qu’un simple objet. Troisième temps Barthes analyse ensuite les nouveautés apportées par ce modèle qui tranche sur les autres à cette époque. Il oppose les anciennes valeurs liées à l’automobile jusque-là (essentiellement puissance et performance) à celles que la DS introduit, sous forme de superlatifs : plus spirituelle, plus ménagère. Il semble que ce nouveau modèle de véhicule soit porteur de tendances inédites : la voiture perd de son caractère viril et agressif soudain caduc, se fait plus femme, plus exactement épouse (arts ménagers, ménagère, cuisine moderne). Les notations techniques (volets, voyants, leviers) sont assez proches des arts ménagers de l’époque et tendent vers la notion de confort. La dernière phrase du paragraphe constitue un résumé fidèle des idées ici développées : « l’alchimie de la vitesse » devient une valeur périmée, et la performance est mise au rebut au profit de la sécurité. L’époque lui préfère « la gourmandise de la conduite ». Le terme gourmandise fait accéder le conducteur à un nouveau plaisir des sens, une révélation de connaisseur, moins primaire que le fou de vitesse ; la DS est la voiture de l’automobiliste « civilisé ». Quatrième temps Le dernier mouvement de l’extrait examine les rapports entre le public et le véhicule. Le public est séduit à tous les niveaux : par le nom (néologisme DS /déesse), par l’envie de s’approprier ce nouveau type de conduite, par le rapport quasi amoureux avec le véhicule fantasmé. On peut le comprendre grâce au champ lexical de la sensualité et surtout grâce aux éléments qui relèvent du tactile (« tactile, 0187 C01 – 4/19 toucher, touchés, palpés, essayés, caressées, pelotés »). L’automobile séduit d’abord le public et sait se faire désirer : Barthes note une campagne de presse orchestrée sur plusieurs années. Mais c’est à l’épreuve du toucher, la phase finale plus réaliste, que la DS retrouve sa véritable dimension d’objet : Barthes souligne cette forme de déchéance que constitue l’appropriation du mythe par le peuple. L’objet, une fois médiatisé, est finalement totalement « prostitué ». Quand Barthes parle de « prostituée », il s’agit du passage de déesse adorée et intouchable à celui d’objet qu’on tripote. La DS, exposée au Salon de l’automobile, est une divinité jusqu’à ce que les gens viennent toucher les coussins etc., ce qui fait d’elle une « femme publique que tout un chacun tripatouille ». Et elle devient alors une voiture « petite-bourgeoise », assez loin du mythe initial. 1.2. Analyse du document 2 Éléments notés en haut du second recto de brouillon : genre = article, source = un blog, date = 28 juillet 2008, auteur = Emmanuel Pagès. Propos directeur : Emmanuel Pagès analyse les deux rôles prédominants de la voiture qui remplit d’abord une fonction sociale et qui, par chaque conducteur, dans une relation plus personnelle, est investie d’une forme d’affectivité. Le texte est fortement charpenté, avec une introduction qui annonce la thématique traitée, un développement en deux parties et une conclusion. Ce repérage se fait à la première lecture et sert de point d’appui à l’analyse du document. Le mot « symbole » présent dès le titre nous oriente vers une piste : l’automobile est bien autre chose qu’un simple outil de déplacement. Premier paragraphe Ce début de texte constitue une introduction à part entière. Le thème est donné : la symbolique de l’automobile, autrement dit les valeurs ajoutées liées à cet objet dans notre société. Le plan de l’article est ensuite mentionné : deux parties seront nécessaires pour évoquer les types de relations que le conducteur entretient avec son véhicule : l’aspect identitaire (rôle social) et l’aspect émotionnel (relation individuelle). Deuxième et troisième paragraphes Ces deux paragraphes peuvent être regroupés, dans la mesure où ils relèvent tous deux de la même rubrique. Leur structure est bien apparente : l’auteur étudie le rapport au véhicule dans ses aspects sociaux. Trois idées s’affirment ici. – La voiture est d’abord un moyen de transport pratique, devenu même indispensable en zone non urbaine. – Elle permet, par son côté utilitaire (moyen de transport), de s’intégrer à la société en allant vers tous les lieux considérés comme lieux de socialisation : travail, loisirs etc. En ceci, elle est essentielle à l’intégration sociale de toutes les classes d’âge. De ce fait, aujourd’hui la voiture relève presque du droit : elle représente un moyen incontournable pour être considéré comme citoyen à part entière. – Un cas plus particulier vient compléter cela. En raison du rôle socialisateur de la voiture, passer le permis de conduire pour un jeune devient un rituel vers l’indépendance, un passage obligé aujourd’hui. Quatrième paragraphe Deux sociologues (Boltanski et Pervanchon, dont nous ne retiendrons pas les noms dans la synthèse) présentent même la voiture comme un moyen de repérer la classe sociale des individus. L’automobile permet de situer le citoyen dans une couche sociale précise et, à ce titre, la route devient le lieu d’une sorte de concurrence en fonction de son appartenance. On pourrait dire que les rivalités sociales se poursuivent sur l’ensemble du réseau routier public. C’est d’ailleurs pourquoi, selon Pagès, on n’est pas certain du succès des voitures à petit prix, peu valorisantes. Cinquième et sixième paragraphes Le paragraphe 5 commence par rappeler la thèse dont il est porteur : «la voiture est aussi un objet avec lequel on entretient un rapport affectif». La voiture est présentée comme un objet proche, avec lequel on établit un lien affectif particulier. On entre dans le domaine de l’émotion. L’expression « faire 0187 C01 – 5/19 corps » prend ici tout son sens : la voiture et son conducteur ne font qu’un et ce dernier en prend soin comme de sa propre image. Selon Pagès, la voiture étant le seul objet de notre environnement dans lequel nous entrons en totalité (hormis la maison), il y a chez le conducteur une confusion entre son enveloppe corporelle personnelle et la « coque » de la voiture : ils forment un seul être. C’est ainsi qu’il explique que le chauffeur puisse dire comme s’il parlait de lui « Je suis en panne », « Je fais du 180 » etc., et puisse bichonner sa voiture comme s’il se pomponnait lui-même. C’est un transfert d’identité. Septième paragraphe Cet ultime paragraphe fonctionne comme une conclusion. La voiture, investie de toutes ces valeurs qui dépassent largement son utilité première, vient prolonger les conflits entre classes sociales. Cet élément nous permet de comprendre pourquoi la location de voiture est si peu appréciée : un tel véhicule perd toutes les valeurs symboliques habituellement liées à la voiture personnelle. L’analyse précise de ces deux documents permet déjà de dégager des axes de réflexion pour la synthèse et des axes de lecture pour les deux documents restants. Cinq « pistes » se dégagent de ces premières analyses : - La voiture, objet matériel utilitaire - La voiture porteuse de valeurs ajoutées (religion, toute-puissance, sorte d’OVNI à vénérer) - La voiture et ses fonctions sociales - La voiture et son conducteur, deux enveloppes qui se confondent - La voiture et son conducteur, une relation amoureuse et sensuelle 1.3. Analyse du document 3 Éléments notés en haut du document : genre = extrait de la nouvelle « Suicide au Parc », donc genre romanesque, source Le K, date = 1967, auteur = Dino Buzzati. Propos directeur : le narrateur raconte l’histoire de son ami Stéphane, soudain victime du virus de l’automobile haut-de-gamme, et qui en oublie sa femme Faustina. Remarque : en fait, dans la réalité de cette nouvelle basée sur « le merveilleux », Faustina, par amour pour son mari, se transforme en la voiture dont rêve ce dernier. Mais, au bout de quelques années de conduite idyllique, Stéphane constate que son automobile donne des signes d’usure et décide de la vendre. Alors Faustina, désespérée, prend le contrôle du véhicule qui roule donc seul et va se jeter contre les ruines d’un vieux château dans un parc où elle prend feu ; c’est le suicide de Faustina, d’où le titre de la nouvelle. Vous n’êtes absolument pas censés savoir cela et d’ailleurs, il serait hors normes d’intégrer ces connaissances dans la synthèse puisque, dans le passage soumis à votre étude, rien ne laisse deviner que Faustina s’est faite voiture. Un extrait littéraire, en vue d’une synthèse, exercice particulier, s’étudie rarement paragraphe par paragraphe. Nous allons plutôt voir ce qui répond aux pistes de lecture déjà dégagées lors de l’analyse des documents 1 et 2. Là encore, nous utiliserons des procédés stylistiques pour analyser le texte (et le comprendre), procédés qui disparaîtront de la synthèse elle-même. La voiture, objet utilitaire La voiture apparaît sous deux aspects : d’un côté, la 600, un modèle assez commun, semble-t-il, assez bas de gamme qui apparemment n’a pas fait tourner la tête de Stéphane, et de l’autre, la voiture rêvée. Buzzati oppose très nettement ces deux catégories avec des champs lexicaux différents. C’est la vieille 600 de Stéphane qui semble la plus proche de la fonction purement utilitaire : le déplacement d’un point à un autre. On note qu’elle est décrite sur le mode de la banalité ; elle est l’anti-rêve « parfait » : « la petite voiture d’usage quotidien à laquelle on ne demande que de rouler tant bien que mal ». On sent qu’elle ne bénéficie d’aucune valeur ajoutée et qu’elle n’est le symbole de rien, un peu comme les voitures à bas coût ou de location évoquées par Pagès. À l’opposé, on a l’automobile de rêve qu’on étudiera plus loin, mais qui n’est pas dépourvue pour autant de fonctions utilitaires. Déjà la matérialité de l’engin est présente : il est question de « volant, levier de vitesse, accélérateur, machine » et, en outre, 0187 C01 – 6/19 la nouvelle voiture permet elle aussi de partir d’un lieu pour en rejoindre un autre, même si, cette fois-ci, c’est beaucoup plus « bien que mal », par opposition à la poussive 600 (« Stéphane prit l’autoroute de Turin où l’on arriva en moins de trois quarts d’heure »). La voiture porteuse de valeurs ajoutées La nouvelle voiture de Stéphane devient porteuse de valeurs hautement symboliques : elle fait rêver contrairement à la 600. Le vocabulaire employé par Buzzati rappelle l’analyse de Barthes sur le caractère mythique (quasi divin) de la DS : l’automobile du héros est dite « voiture de race », « domination du monde », « très belle, puissante, ultime, difficile, surhumaine ». Elle aussi vient d’un autre univers. La voiture et sa fonction sociale Le narrateur rappelle que Stéphane perçoit un salaire médiocre et qu’il n’a donc pas un statut social mirobolant ; on pourrait dire que sa vieille 600 permet d’identifier la classe réelle à laquelle il appartient. Mais la voiture qu’il acquiert à la fin lui offre l’occasion, aux yeux des autres, de se hausser dans l’échelle sociale. Il s’agit d’être admiré des « milliardaires, fils à papa bronzés, petits industriels arrivés », « une voiture d’élite ». On retrouve donc l’analyse de Pagès : la voiture reflète le statut social ; mieux, elle permet de paraître plus que ce qu’on est et prolonge les tensions entre classes sociales. La voiture et son conducteur, deux enveloppes qui se confondent On retrouve aussi la notion d’incorporation du conducteur évoquée par Pagès. Ici, la belle automobile est « un agrandissement de soi-même » ; elle prolonge l’ami du narrateur. La voiture et son conducteur, une relation amoureuse Cette relation apparaît à la fin du passage qui renvoie à un moment ultérieur : Stéphane est alors au volant d’une magnifique voiture qui le comble au point qu’il en oublie sa femme. Le champ lexical dominant devient celui de la sensualité (cf. Barthes) : « il étreignait voluptueusement…, caressait le pulpeux levier…, la tendresse de celui qui effleure un corps aimé ». La voiture est devenue une amante désirée. L’osmose entre le conducteur et sa machine se traduit par un abandon quasi amoureux de cette dernière aux mains de Stéphane: « s’abandonnât à la volonté de Stéphane, anticipant ses désirs secrets ». La figure de l’épouse rassurante, déjà vue chez Barthes, ne disparaît pas totalement. Remarque : une nouvelle piste est abordée dans ce texte qui n’apparaît pas dans les autres. Il convient toutefois, lors des premières analyses, de veiller à une certaine exhaustivité. La passion pour la voiture, une maladie La passion de Stéphane pour cette grosse voiture est présentée comme une maladie (« virus, symptômes, terrible maladie, esclave de son idée fixe, obsession, délires »), tant elle le dévore et gâche ses amitiés et sa vie de couple. Le narrateur élargit son propos à des milliers d’hommes dans le monde qui seraient eux aussi atteints par le virus de la hors-série, des gens très attachés au paraître selon les expressions « fils à papa bronzés…, petits industriels arrivés ». Buzzati laisse entrevoir tout ce qui est mis au rebut par ces passionnés de la grosse voiture : famille, travail, pouvoir, art, vie spirituelle. 1.4. Analyse du document 4 Éléments notés en haut du recto 4 : genre = affiche publicitaire, date : 1985, auteur = Renault. Propos directeur : cette affiche a été élaborée dans le cadre d’une campagne promotionnelle destinée à faire découvrir au public le dernier modèle du constructeur Renault : la R5. Remarque : l’affiche est faite d’éléments visuels et d’éléments rédactionnels qu’il faut analyser dans les deux cas, sans oublier les pistes déjà dégagées. La voiture porteuse de valeurs ajoutées – La voiture, très grossie, est démesurée par rapport aux autres véhicules qui apparaissent minuscules en comparaison et par rapport aux humains. Sa couleur rouge qui tranche aussi sur les tons ternes des autres automobiles, attire le regard et suscite l’intérêt des badauds qui s’attroupent autour d’elle. 0187 C01 – 7/19 Cette situation de domination est encore accentuée par la position surélevée de la voiture : le bitume et la haie d’arbres devenus nains face à la « star », fonctionnent comme un piédestal qui valorise la R5. On retrouve donc l’analyse de Barthes : la voiture qui semble tomber du ciel. La vénération qu’elle suscite est nette elle aussi ; les badauds, fascinés, convergent tous vers elle, les yeux tournés vers cette énorme tache de couleur. En file indienne, ils s’apprêtent à « visiter », ceci grâce à un escalier mobile comme on en trouve au pied des avions, ce qui renforce l’image d’une machine descendue de l’espace. – Cet aspect mythique est entretenu par le « rédactionnel ». Comme le promet le slogan mis en place par Renault, la R5 emmènera son conducteur « Au pays des merveilles ». Cette allusion nette au roman de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles est donc une promesse d’ailleurs, d’un monde qui n’a rien à voir avec la triste réalité, un univers empli de magie. Ceux qui l’achèteront sortiront de la banalité morose. La voiture, objet utilitaire On note déjà que, par sa disposition en plein centre-ville, la R5 est présentée comme une citadine. Sa portière ouverte laisse entrevoir un espace confortable et le hayon à l’arrière des possibilités de rangement. On distingue aussi, dans la foule des badauds, la présence d’enfants. La R5 est donc une citadine, mais aussi une voiture familiale, maligne, fonctionnelle, qui permet de transporter un certain nombre de choses. Son gros parechocs en polyester sera utile pour tous les stationnements urbains qui laissent souvent trop de traces. Avec sa couleur « pétante », elle peut séduire des familles jeunes d’esprit et actives. La voiture et son conducteur, une relation amoureuse La R5, tout comme la DS, modèle tout nouveau, n’est pas conduite, mais on retrouve l’analyse de Barthes : tous les badauds ont hâte de grimper à l’intérieur pour la visiter et la toucher. On serait encore une fois dans la phase où de mythe, elle devient « prostituée ».

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