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Correction du commentaire composé sur l'oeuvre Thérèse Raquin d'Emile Zola: la scène meurtre

Fiche de lecture : Correction du commentaire composé sur l'oeuvre Thérèse Raquin d'Emile Zola: la scène meurtre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Avril 2015  •  Fiche de lecture  •  1 653 Mots (7 Pages)  •  1 202 Vues

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Alors Laurent se leva et prit Camille à bras-le corps.

Le commis éclata de rire.

- Ah ! non, tu me chatouilles, dit-il, pas de ces plai-

santeries-là… Voyons, finis : tu vas me faire tomber.

Laurent serra plus fort, donna une secousse. Camille

se tourna et vit la figure effrayante de son ami, toute

convulsionnée. Il ne comprit pas ; une épouvante vague

le saisit. Il voulut crier, et sentit une main rude qui le

serrait à la gorge. Avec l’instinct d’une bête qui se

défend, il se dressa sur les genoux, se cramponnant au

bord de la barque. Il lutta ainsi pendant quelques

secondes.

-Thérèse ! Thérèse ! appela-t-il d’une voix étouffée

et sifflante.

La jeune femme regardait, se tenant des deux mains à

un banc du canot qui craquait et dansait sur la rivière.

Elle ne pouvait fermer les yeux ; une effrayante contrac-

tion les tenait grands ouverts, fixés sur le spectacle horri-

ble de la lutte. Elle était rigide, muette.

-Thérèse ! Thérèse ! appela de nouveau le malheu-

reux qui râlait.

A ce dernier appel, Thérèse éclata en sanglots. Ses

nerfs se détendaient. La crise qu’elle redoutait la jeta

toute frémissante au fond de la barque. Elle y resta pliée,

pâmée, morte.

Laurent secouait toujours Camille, en le serrant d’une

main à la gorge. Il finit par l’arracher de la barque à

l’aide de son autre main. Il le tenait en l’air, ainsi qu’un

enfant, au bout de ses bras vigoureux. Comme il pen-

chait la tête, découvrant le cou, sa victime, folle de rage

et d’épouvante, se tordit, avança les dents et les enfonça

dans ce cou. Et lorsque le meurtrier, retenant un cri de

souffrance, lança brusquement le commis à la rivière, les

dents de celui-ci lui emportèrent un morceau de chair.

Camille tomba en poussant un hurlement. Il revint

deux ou trois fois sur l’eau, jetant des cris de plus en

plus sourds.

Laurent ne perdit pas une seconde. Il releva le collet

de son paletot pour cacher sa blessure. Puis il saisit

entre ses bras Thérèse évanouie, fit chavirer le canot

d’un coup de pied, et se laissa tomber dans la Seine

en tenant sa maîtresse.

Emile Zola, Thérèse Raquin, 1867.

Correction du commentaire composé

Emile Zola, Thérèse Raquin (la scène du meurtre)

Chef de file du mouvement naturaliste, Emile Zola est un romancier majeur de la seconde moitié du XIXème siècle. Avant d’entreprendre la rédaction des Rougon-Macquart, saga qui compte vingt titres, il publie Thérèse Raquin en 1867, un roman qui met en scène des amants meurtriers, Thérèse et Laurent, qui seront emportés peu à peu dans la spirale infernale de la culpabilité. C’est précisément le passage du meurtre que nous allons étudier. A Saint-Ouen, un dimanche, Laurent, avec la complicité passive de sa maîtresse, précipite Camille à l’eau et simule un accident. Afin de mettre en relief cette péripétie essentielle, Zola enchaîne les actions et multiplie les détails réalistes. La scène se déroule sur un rythme tendu, et offre des rebondissements qui permettent de découvrir la face cachée des personnages. Pour étudier ce texte et analyser son fonctionnement, nous verrons d’abord qu’il s’agit d’un épisode dramatique, d’une violence intense. Puis nous commenterons les réactions contrastées des trois protagonistes.

Tout d’abord, on note que les actions s’enchaînent dans le texte, créant un effet de tension dramatique. La première attaque de Laurent, lorsqu’il prend Camille « à bras-le-corps » constitue une surprise, tant pour la victime que pour le lecteur lui-même ; il s’agit d’un passage à l’acte rapide, inattendu. Lors du combat, la passivité de Thérèse, longuement décrite des lignes 15 à 19 apparaît aussi comme un événement imprévisible. Ensuite, intervient un renversement dans le rapport de force : Camille passe de la situation de dominé à celle de dominant à travers l’acte de morsure. Ce rebondissement est décrit dans un groupement ternaire de verbes au passé simple : « se tordit, avança les dents et les enfonça dans le cou ». Enfin, les dernières lignes du texte sont consacrées à la péripétie finale, la simulation du meurtre en accident, exprimée dans une phrase longue, rythmée par trois virgules : « Puis, il saisit entre ses bras (…) en tenant sa maîtresse ». C’est donc une scène qui progresse en intensité.

De plus, pour renforcer cet aspect dramatique, Zola inscrit le meurtre dans sa durée. Les indicateurs temporels sont nombreux : « pendant quelques secondes », « de nouveau », « dernier appel »,

...

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