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Corpus épique cas

Commentaire de texte : Corpus épique cas. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Février 2016  •  Commentaire de texte  •  2 153 Mots (9 Pages)  •  801 Vues

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        Le corpus sur lequel nous allons nous pencher est constitué de trois textes. Le premier est un extrait du Père Goriot, écrit par Honoré de Balzac en 1835. Le deuxième est un extrait du chapitre XIV du roman Au bonheur des dames, écrit par Zola en 1883. Enfin, le dernier texte est un extrait de la IIème partie du chapitre X de Bel ami, écrit par Maupassant en 1885. Dans le premier texte, Vautrin, un homme mystérieux vivant à la pension Vauquer, explique au jeune étudiant Eugène de Rastignac (un jeune homme ambitieux de condition modeste) sa vision de la société, et les chemins que ce dernier doit suivre pour s'assurer un avenir riche et confortable. Dans le second extrait, on est plongé au cœur d'un des plus grands magasins de Paris, fondé par Octave Mouret, un homme qui méprise les consommatrices de son magasin et dont le seul but est de faire fortune. Dans le troisième texte, nous assistons au mariage par intérêt de Georges Duroy avec Suzanne, la fille du patron de dernier.

Ces trois textes sont des extraits de romans d'apprentissage, lesquels appartiennent  au mouvement           du Réalisme. Ce mouvement souligne l'importance de l'argent dans la société du XIX ème siècle. En effet, on retrouve cet aspect du réalisme dans chaque extrait, où le personnage a un goût accru de la réussite, et va tenter par tout les moyens d'accéder à cette dernière, même si pour cela il faut nuire aux autres. Nous allons voir dans chacun de ces textes comment le narrateur met en scène ce goût de la réussite qui anime les personnages.

        

        On repère chez les trois personnages de ces trois textes une grande soif de réussite. Ces derniers sont prêts à tout pour s'enrichir, si bien qu'ils n'hésitent pas à utiliser les autres pour servir leur ambition. Eugène soutire à ses sœurs  de l'argent, alors qu'elles sont dans le besoin : « Où en prendre ? Vous avez saigné vos sœurs »( l.5). Mouret, lui, traite les femmes comme de vulgaires machines à consommer, sur lesquelles il a le contrôle : « elle aussi achetait, et il se sentit le maître une dernière fois, il les tenait à ses pieds » (l.23). Quant à Georges Duroy, il n'hésite pas à se marier avec une femme qu'il n'aime pas, uniquement pour sa richesse, puisque que l'on constate qu'il a des sentiments pour une autre femme, Mme de Marelle : « Soudain il aperçut Mme de Marelle, et le souvenir de tous les baisers qu'il lui avait donnés, […] ; lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre.»(l.11 à 13). Cette réussite tant souhaitée est obtenue pour les personnages de Mouret et de Duroy : l'un fait fortune grâce à son magasin, et l'autre se marie à une femme très riche. Quand à Eugène de Rastignac, la réussite n'est pour lui qu'un rêve non réalisé pour l'instant, et que Vautrin va encourager à atteindre. En effet, le texte est composé d'un monologue de Vautrin dans lequel il explique à Eugène que pour réussir dans la vie,  il n'y a que deux manières : soit il faut avoir une intelligence hors du commun, ce qui rare ; soit il faut corrompre : « Savez-vous comment on fait ce chemin ici ? Par l'éclat du génie ou par l'éclat de la corruption »(l.13). Eugène ne faisant pas partie de ceux qui ont la chance de posséder une , il devra user de la corruption. Les conseils très noirs de Vautrin nous montre une tendance très cynique chez ce personnage, qui nous livre un discours dépourvu de morale et de valeurs. En effet, selon lui, pour réussir, il faut s'éloigner de ces dernières: « L'honnêteté ne sert à rien » (l.15). De plus, il remet en cause la valeur du travail : « Le travail, comme vous le comprenez en ce moment, donne, dans les vieux jours, un appartement chez maman Vauquer » (l.8). Or le travail est une valeur morale importante que souligne Hugo dans son poème Mélancholia :

« Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux ! ».

Au tout début du texte, de la ligne 1 à la ligne 3, on repère un parallélisme, qui s'étend sur trois lignes , et qui s'accompagne d'un rythme ternaire. En effet, on observe une répétition de l'expression « Vous avez », qu'on retrouve au début de deux phrases successives, et à la fin desquelles on retrouve l'expression : « vous y avez flairé ». Cette figure de style nous transmet l'idée que selon Vautrin, où qu'Eugène aille, et qui que ce soit qu'il rencontre, pourvu que ce soit une personne riche, il projettera ses ambitions sur cette personne, et imaginera comment il pourrait se servir d'elle pour gravir une marche dans la société. Il ne fait qu'imaginer pour l'instant, puisqu'il n'a pas encore atteint les sommets de cette société. Dans ces phrases on repère également une occurrence du mot « flairé », qu'on trouve deux fois. On retrouve cette allusion à l'animalité plus loin dans le texte, à la ligne 12, à  travers une métaphore : « Il faut vous manger les uns les autres, comme des araignées dans un pot, attendu qu'il n'y ait pas cinquante mille bonnes places ». Cette métaphore nous fait penser à la « loi de la jungle », ou la loi du plus fort, qui vient de la sélection naturelle. Ceux qui auront la force de corrompre les autres et les génies s'en sortiront, ils accéderont aux hautes sphères de la société : « l'on plie sous le pouvoir du génie » (l.15) ; tandis que les autres se feront éliminer et resteront en bas de la société.

Le fait que Vautrin conseille à Eugène de s'en sortir par la corruption, en mettant de côté toute valeur morale, peut faire penser à une forme de pacte avec le diable, que confirme l'expression suivante : « manigance infernale » (l.23). En effet, Eugène, s'il écoute Vautrin, lui donne son âme et donc ses bons sentiments, en échange de gloire et d'argent.

La métaphore clôturant l'extrait résume la vision des choses de Vautrin : « Ça n'est pas plus beau que la cuisine, ça pue tout autant, et il faut se salir les mains si on veut fricoter ; sachez seulement bien vous débarbouiller : là est toute la morale de notre époque »(l.32-33). Cette métaphore faisant allusion à la cuisine illustre l'idée que pour s'en sortir on doit tricher, même si cela n'est pas une bonne chose ; tant qu'on se fait pas prendre, que cela ne se voit pas. Il suffit de savoir sauvegarder les apparences. On retrouve ces faux semblants et cette importance de l'apparence plus haut dans le texte, où cet extrait nous montre que les hommes qui n'ont pas réussi à vaincre les autres vont faire semblant d'aimer ces vainqueurs, afin de se protéger eux-mêmes vis à vis d'eux : « L'on plie sous le pouvoir du génie, on le hait, […], parce qu'il prend sans partager ; mais on plie s'il persiste ; en un mot, on l'adore à genoux quand on a pas pu l'enterrer sous la boue » (l.15 à 17).

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