Corpus texte: Ronsard, Apollinaire: En quoi les deux poèmes d'Apollinaire font-ils écho à ceux de Ronsard ?
Mémoire : Corpus texte: Ronsard, Apollinaire: En quoi les deux poèmes d'Apollinaire font-ils écho à ceux de Ronsard ?. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar Heyendall • 18 Septembre 2014 • 6 093 Mots (25 Pages) • 1 546 Vues
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose(1)
Sa robe de pourpre(2) au soleil,
A point perdu cette vesprée(3)
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! Voyez comme en peu d'espace(4),
Mignonne, elle a dessus la place,
Las ! las ! ses beautés laissé choir(5) !
Ô vraiment marâtre(6) Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous m'en croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne(7)
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse ;
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Pierre de Ronsard, Odes, « Mignonne, allons voir si la rose… », I, 17, 1550.
Texte 2
Nous vînmes au jardin fleuri pour la cueillette.
Belle, sais-tu combien de fleurs, de roses-thé,
Roses pâles d'amour qui couronnent ta tête,
S'effeuillent chaque été ?
Leurs tiges vont plier au grand vent qui s'élève.
Des pétales de rose ont chu dans le chemin.
O Belle, cueille-les, puisque nos fleurs de rêve
Se faneront demain !
Mets-les dans une coupe et toutes portes closes,
Alanguis et cruels, songeant aux jours défunts,
Nous verrons l'agonie amoureuse des roses
Aux râles de parfums.
Le grand jardin est défleuri, mon égoïste,
Les papillons de jour vers d'autres fleurs ont fui,
Et seuls dorénavant viendront au jardin triste
Les papillons de nuit.
Et les fleurs vont mourir dans la chambre profane.
Nos roses tour à tour effeuillent leur douleur.
Belle, sanglote un peu… Chaque fleur qui se fane,
C'est un amour qui meurt !
Guillaume Apollinaire, Il y a, « La cueillette », publication posthume, 1925.
Texte 3
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant(8) et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. »
Lors vous n'aurez servante oyant(9) telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard(10) ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux(11) je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, « Quand sous serez bien vieille… », 1578.
Texte 4
Lorsque grâce au printemps vous ne serez plus belle,
Vieillotte grasse ou maigre avec des yeux méchants,
Mère gigogne grave en qui rien ne rappelle
La fille aux traits d'infante immortelle en mes chants,
Il reviendra parfois dans votre âme quiète
Un souvenir de moi différent d'aujourd'hui
Car le temps glorieux donne aux plus laids poètes
La beauté qu'ils cherchaient cependant que par lui.
Les femmes voient s'éteindre en leurs regards la flamme ;
Sur leur tempe il étend sa douce patte d'oie.
Les fards cachent les ans que n'avouent pas les femmes
Mais leur ventre honteux les fait montrer du doigt.
Et vous aurez alors des pensers ridicules.
– C'est en dix neuf cent un qu'un poète m'aima.
Seule je me souviens, moi, vieille qui spécule,
De sa laideur au taciturne qui m'aima.
[…]
Guillaume Apollinaire, Il y a, « Adieux » (extrait), publication posthume, 1925.
Question
En quoi les deux poèmes d'Apollinaire font-ils écho à ceux de Ronsard ?
Votre réponse devra aller à l'essentiel et s'efforcer d'être synthétique.
Travaux d'écriture
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