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Corpus de textes: La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation

Mémoire : Corpus de textes: La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Janvier 2014  •  1 667 Mots (7 Pages)  •  1 575 Vues

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Objet d’étude : La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation,

du XVIe siècle à nos jours

Corpus de textes :

Texte A : Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (1796)

Texte B : Jean-Claude Carrière, L'Été grec (1992)

Texte C : Victor Segalen, Essai sur l’exotisme (1978)

Texte A : Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (1796)

Dans cet ouvrage, Diderot imagine un supplément au récit de voyage que fit l’explorateur

Bougainville en 1771, lorsqu’il revint de son tour du monde. Deux voyageurs, A et B, discutent

sur les différentes étapes de ce récit. Le texte que nous étudions rapporte le soi-disant

dialogue, tenu entre un vieux chef tahitien et le navigateur qui s’apprête à quitter avec ses

hommes l’île de Tahiti. C’est le chef tahitien qui parle.

Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? avons-nous pillé ton vaisseau ?

t’avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? t’avons-nous associé dans nos

champs au travail de nos animaux ? Nous avons respecté notre image en toi. Laisse-nous

nos moeurs ; elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes ; nous ne voulons point

troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est

nécessaire et bon, nous le possédons. Sommes-nous dignes de mépris, parce que nous

n’avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de

quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es entré dans nos

cabanes, qu’y manque-t-il, à ton avis ? Poursuis jusqu’où tu voudras ce que tu appelles les

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commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s’arrêter, lorsqu’ils n’auraient

à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous

persuades de franchir l’étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand

jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières la

moindre qu’il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos. Va dans ta

contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras, laisse-nous reposer : ne nous entête ni

de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques. Regarde ces hommes ; vois comme ils

sont droits, sains et robustes. Regarde ces femmes ; vois comme elles sont droites, saines,

fraîches et belles. Prends cet arc, c’est le mien ; appelle à ton aide un, deux, trois, quatre de

tes camarades, et tâchez de le tendre. Je le tends moi seul. Je laboure la terre ; je grimpe la

montagne ; je perce la forêt ; je parcours une lieue de la plaine en moins d’une heure. Tes

jeunes compagnons ont eu peine à me suivre ; et j’ai quatre-vingt-dix ans passés.

Texte B : Jacques Lacarrière, L’Été grec (1975)

Jacques Lacarrière (1925-2005) journaliste et écrivain, s’est très tôt passionné pour la Grèce,

aussi bien antique que moderne. Son ouvrage, L’Été grec, est à la fois un essai, un carnet

de voyage et un hommage rendu au peuple et à la terre grecs. Il semble écrit au fil de ses

découvertes.

« Il est difficile de définir avec précision les frontières séparant ce que j’appellerai

l’hospitalité rituelle – celle que l’on reçoit par principe dès qu’on se trouve dans un village

grec ou crétois dépourvu d’hôtel – de l’hospitalité réelle, celle que l’on vous propose parce

que l’on tient à vous avoir, à vous garder. Passer de l’un à l’autre, devenir hôte recherché

après n’avoir été qu’hôte accueilli, ne dépend plus que de vous-même. Ce changement repose

sur mille attitudes de détail, mille signes devenus aujourd’hui sans valeur mais qui ont dû

jouer un grand rôle autrefois quand l’hospitalité était le seul mode d’accueil et de rencontre

des groupes ou des individus. Ces signes ? Eh bien votre tête, pour commencer, l’impression

immédiate que vous donnez avec votre regard, votre visage (car l’habillement, l’allure ne

viennent que bien ensuite : ceux-là on peut les fabriquer comme on veut, se donner l’apparence

qu’on veut mais on ne change pas le sens, la profondeur ou la malignité de son regard),

impression qui repose bien entendu sur quelque substrat inconscient et qui fait qu’on vous

ressent d’emblée comme bénéfique ou indifférent, amical ou hostile, proche ou lointain. Et

puis votre attitude, votre comportement à l’égard du nouveau milieu et de ses habitudes (ce

qui n’est pas toujours sans problèmes concrets, drôles ou pénibles selon les cas), attitude

qui doit faire de vous un hôte à la fois invisible et présent : invisible parce que vous devez

oublier vos propres habitudes, vous fondre autant que possible dans le nouveau milieu,

présent parce qu’au fond, ce qu’on attend de vous

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