Corpus de texte: La Fontaine, La Bruyère
Commentaire de texte : Corpus de texte: La Fontaine, La Bruyère. Recherche parmi 297 000+ dissertationsPar dissertation • 26 Avril 2013 • Commentaire de texte • 1 337 Mots (6 Pages) • 868 Vues
Corpus de textes
Texte A. La Fontaine, « Les obsèques de la lionne », Fables, livre VIII, 14
Texte B. La Bruyère, Les Caractères, « De la cour » (19, 5)
Texte A. La Fontaine, « Les obsèques de la lionne », Fables, livre VIII, 14
Jean de La Fontaine, auteur des célèbres Fables (publiées de 1668 à 1693) qui lui valurent un
immense succès, fut un protégé du surintendant Fouquet et resta fidèle à son mécène jusqu’à
sa condamnation par Louis XIV. Homme sincère, fidèle en amitié, hostile à l’hypocrisie et à la
violence, La Fontaine s’est retrouvé naturellement dans le camp de la contestation politique
et sociale. Sa peinture de la cour et des injustices sociales en particulier est souvent féroce…
Ce devoir évalue votre capacité à répondre à des questions sur un corpus de textes. Il vous propose
de rédiger une écriture d’invention à partir d’un texte de La Bruyère, auteur que vous avez
déjà lu dans le groupement de textes de la séquence 2 (chap.2. A. Documents complémentaires).
Pour réaliser ce devoir, vous devez connaître les acquis de la séquence 2 sur les genres et
formes de l’argumentation, savoir reconnaître les genres littéraires et les types de textes, ainsi
que les registres qui y ont été étudiés (les Fiches méthode doivent avoir été lues et assimilées).
Ces textes complètent votre connaissance des divers aspects de l’engagement des auteurs au
service de la critique sociale, principalement au XVIIe et au XVIIIe siècles.
Objectifs du devoir
36 Devoir 2 – FR20-12
Voici la fable 14 du livre VIII des Fables.
La femme du Lion mourut :
Aussitôt chacun accourut
Pour s’acquitter envers le Prince
De certains compliments de consolations,
Qui sont surcroît1 d’affliction.
Il fit avertir sa Province
Que les obsèques se feraient
Un tel jour, en tel lieu ; ses Prévôts2 y seraient
Pour régler la cérémonie,
Et pour placer la compagnie.
Jugez si chacun s’y trouva.
Le Prince aux cris s’abandonna,
Et tout son antre en résonna.
Les Lions n’ont point d’autre temple.
On entendit à son exemple
Rugir en leurs patois Messieurs les Courtisans.
Je définis la cour un pays où les gens,
Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu’il plaît au Prince, ou, s’ils ne peuvent l’être,
Tâchent au moins de le paraître,
Peuple caméléon, peuple singe du maître,
On dirait qu’un esprit anime mille corps :
C’est bien là que les gens sont de simples ressorts.
Pour revenir à notre affaire
Le Cerf ne pleura point, comment eût-il pu faire ?
Cette mort le vengeait ; la Reine avait jadis
Étranglé sa femme et son fils.
Bref, il ne pleura point. Un flatteur l’alla dire,
Et soutint qu’il l’avait vu rire.
La colère du Roi, comme dit Salomon,
Est terrible, et surtout celle du roi Lion :
Mais ce Cerf n’avait pas accoutumé de lire3.
Le Monarque lui dit : Chétif hôte des bois
Tu ris, tu ne suis pas4 ces gémissantes voix !
Nous n’appliquerons point sur tes membres profanes
Nos sacrés ongles ; venez, Loups,
Vengez la Reine, immolez tous
Ce traître à ses augustes mânes5.
Le Cerf reprit alors : Sire, le temps de pleurs6
Est passé ; la douleur est ici superflue.
Votre digne moitié couchée entre des fleurs,
Tout près d’ici m’est apparue ;
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1. surcroît : ce qui s’ajoute à ce que l’on a ; augmentation, accroissement, par exemple : « surcroît de travail ».
2. Au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime, le prévôt est un agent du seigneur ou du roi chargé de rendre la justice
et d’administrer le domaine qui lui est confié.
3. n’avait pas l’habitude de lire.
4. tu n’imites pas.
5. Dans la mythologie romaine, les mânes sont les âmes des morts, considérées comme des divinités. Plus généralement,
il s’agit des aïeux considérés comme vivant dans l’au-delà.
6. la période des pleurs.
Devoir 2 – FR20-12 37
Et je l’ai d’abord reconnue.
Ami, m’a-t-elle dit, garde que ce convoi,
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