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Corpus Corrigé: Diderot, Lacarrière, Segalen: Quel regard les auteurs de ces textes portent-ils sur l’autre et sur eux-mêmes ?

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Par   •  9 Juin 2014  •  1 020 Mots (5 Pages)  •  4 872 Vues

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Quel regard les auteurs de ces textes portent-ils sur l’autre et sur eux-mêmes ?

Les trois textes du corpus ont, malgré leurs différences, des points communs. Il s’agit d’un extrait du Supplément au voyage de Bougainville de Denis Diderot, paru en 1796 et de deux extraits d’essais du XXe siècle : L’Été grec de Jacques Lacarrière et L’Essai sur l’exotisme de Victor Segalen. Ces trois auteurs proposent une analyse du regard que l’on porte sur l’autre (et plus particulièrement sur l’étranger lorsque l’on voyage) et sur soi-même. Pour commencer, notons que le mot « regard » est polysémique et qu’il faut donc l’envisager dans ses différents sens : le regard que nos yeux portent sur ce qui nous entoure, mais aussi notre perception, le point de vue que nous choisissons et le jugement que nous adoptons. Dans les trois textes, il s’agit de s’ouvrir à autrui et de changer son regard sur lui : Diderot, en donnant la parole à un Tahitien, désire que ses contemporains changent de regard sur ceux qu’ils considèrent comme des « sauvages », Victor Segalen veut faire réfléchir le lecteur sur la notion d’exotisme, Jacques Lacarrière sur les Crétois. Diderot, invite à un double regard : le chef tahitien, de façon indirecte, reproche aux Occidentaux leur attitude à l’égard de son peuple. Diderot, par l’intermédiaire du regard des étrangers sur les Occidentaux, propose implicitement à ces derniers de changer à la fois leur regard sur les étrangers et sur eux-mêmes. Le vieil homme pose une série de questions rhétoriques : « Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? Avons-nous pillé ton vaisseau ?.. ». Ces questions renvoient à des attitudes que les Français ont adoptées et que les Tahitiens refusent. Sa première réponse est fondée sur la notion d’image et donc de regard : « nous avons respecté notre image en toi ». Par un effet de miroir, chacun doit se voir en l’autre. Le Tahitien insiste sur le respect mutuel qu’exige leur humanité commune. Il emploie les verbes « regarder » et « voir » à l’impératif et en anaphore : « Regarde ces hommes, vois comme ils sont droits (...) Regarde ces femmes, vois comme elles sont droites… ». Le verbe « voir » à l’impératif invite ici le voyageur à poser un regard attentif et bienveillant sur les autochtones sans chercher à se les approprier. Le Tahitien cherche à persuader son interlocuteur (et, par là, le lecteur) par cette envolée lyrique. Lacarrière, quant à lui, réfléchit sur sa relation avec les Crétois et notamment leur hospitalité. Il va plus loin que le philosophe des lumières en dévoilant un triple regard : celui que les Crétois posent sur lui et inversement celui qu’il pose sur eux. Un tel échange modifie son propre regard sur lui-même. En effet, Jacques Lacarrière étudie le regard du peuple crétois sur tout étranger et différencie deux hospitalités, celle qui fera de l’étranger un simple hôte ou celle qui en fera un hôte choisi. Or, cette dernière élection dépend de l’attitude de l’hôte, que le Crétois évalue à son regard : « l’impression immédiate que vous donnez avec votre regard ». Il s’agit bien ici de la rencontre entre deux regards, l’un qui observe, l’autre qui se révèle. Le Crétois attend de cet hôte une double attitude : il faut qu’il s’ouvre à une nouvelle façon de vivre tout en étant

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