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Construction spatio-temporelle de Zazie

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Par   •  10 Avril 2015  •  2 709 Mots (11 Pages)  •  772 Vues

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Construction spatio-temporelle de Zazie :

Récit initiatique entre tradition et innovation.

On parle pour Zazie du respect des trois unités ; vrai ds une certaine mesure :

- Temps : Zazie passe une journée complète à Paris (+ la soirée de l’arrivée ch.1 et 2 et le matin du départ ch.XIX).

- Lieu : Paris

- Action : arriver à voir le métro = obtenir des réponses à ses questions (titre = antiphrase, déception de l’attente principale, puisque Zazie ne voit pas le métro, elle y descend mais endormie : ch. XVIII.)

Temporalité linéaire :

On suit le court séjour de Z. ds l’ordre. Chaque chapitre = un épisode qui est la suite cohérente de ce qui précède.

Dès ch.1, on indique la durée de l’histoire : « Je vous retrouve ici après-demain pour le train de six heures soixante », précise Jeanne Lalochère. Au ch.II, à Turandot qui s’inquiète de voir sa clientèle pervertie par Zazie « d’ici huit jours », Charles assure qu’ « elle reste que deux trois jours ». Puis Gabriel : « Je l’emmènerai en haut de la tour Eiffel demain après-midi ». Ch. XIX, Jeanne Lalochère considère « l’objet qui l’avait tant occupée pendant un jour et deux nuits » : ces précisions sont presque insistantes, comme si le narrateur voulait à toute force montrer au lecteur à quel point il a bien respecté ce qui était prévu.

Ch. III à VI : fugue de Zazie le lendemain matin.

Ch. VII: « A l’environ d’une heure » les personnages déjeunent.

Ch. IX : à « seize heures quinze », rencontre de la veuve Mouaque qui précise l’heure alors qu’on ne la lui demande pas. D’ailleurs, elle s’est trompée car au chap. suivant, l’église « de style néo-classique » sonne quatre heures (comme c’est la seule incohérence, cela nous oriente plutôt vers l’idée que la veuve Mouaque raconte n’importe quoi).

Ch. XI : « Il était temps d’aller dîner ».

Ch. XV : Marceline « regarda l’heure d’un œil clignotant, n’en tira aucune conclusion spéciale », mais le lecteur, lui, de la voir ainsi assoupie, en conclut qu’il se fait tard.

Ch. XVI « le Mont-de piété fermait », « maintenant on va aller se taper une soupe à l’oignon » : deux signes qui indiquent que la nuit est fort avancée.

Ch. XVII : « dans l’air grisâtre et rafraîchi du tout petit matin »

Ch. XIX : « Il était six heures passées », « à la demie elle était à la gare ».

On observe que la temporalité nocturne est toutefois moins précise que la diurne. C’est durant la nuit que les ambiguïtés identitaires et sexuelles deviennent les plus floues.

Pour le film (voir tableau).

Durant la couse-poursuite cartoonesque entre Zazie et Pédro-Surplus, le temps est étiré, c’est le temps imaginaire des élucubrations de Zazie qui la font rire toute seule.

Tout se passe donc comme prévu, ce qui n’est finalement pas si habituel. Le lecteur a davantage l’habitude de voir les prévisions échouer et le temps échapper aux personnages, comme dans Voyage au bout de la nuit de L.F. Céline où le protagoniste Bardamu se trouve embarqué sans rien maîtriser. C’est même, en général, l’une des caractéristiques du récit initiatique (voir Jacques le Fataliste de Diderot ou Alice au pays de merveilles de L. Carroll). Ici aussi, les personnages sont un peu embarqués, mais sans déborder la temporalité prévue. Pourtant, ce court laps de temps semble avoir considérablement modifié Zazie puisque ses dernières paroles sont celles d’un sage : « J’ai vieilli. »

Parfois ellipses :

La plupart sont traditionnelles (supprimer un moment qui n’est pas utile à l’histoire) : d’un chapitre à l’autre (ex : ch. II et III, coucher puis réveil de Zazie). On peut aussi la considérer comme une ellipse dramatique car elle maintient le suspense au sujet de la profession de Gabriel : le roman comme le film achèvent la première soirée par cette étrange réplique de Marceline (Albertine) « Tu as oublié ton rouge à lèvres. »

D’autres sont plus étranges : ch. II dans un même dialogue on passe de la Cave de Turandot (conversation sur Zazie) au dîner dans l’appartement de Gabriel et Marceline.

Louis Malle fait une utilisation + foisonnante de l’ellipse en utilisant abondamment ce dernier type : il coupe le temps sans couper le plan si bien que ce qui devrait prendre un certain temps semble s’accomplir en quelques secondes (ex : l’endormissement de Zazie : Albertine sort avec Z. puis reveint aussitôt en disant « Elle n’a pas été longue à s’endormir.». Ce procédé est poussé à l’extrême avec des personnages qui changent de place comme par magie (Turandot parlant à Mado et à Charles sq 4), Zazie et Gabriel durant le dîner. Ils vont même parfois jusqu’à se dédoubler (ex : Z. se lance les bloudjinnzes à elle-même). Ou bien encore, le temps de la parole ne correspond pas au temps du déplacement (monologue de Gabriel sur la Tour Eiffel ; à la fin Jeanne Lalochère commence sa phrase dans la chambre et la termine sur le quai de la gare) = références aux verbes s’éclipser, apparaître que l’on trouve svt ds le roman. Ainsi, Louis Malle accentue la dimension merveilleuse du récit. Sq 27 : utilisation d’un carton comme dans les films muets « 23 minutes plus tard » (ellipse qui ne présente ici aucun intérêt, si ce n’est l’effet parodique).

Quelques analepses mais non prises en charge par le narrateur :

Récit de la tentative de viol de Zazie par son père (Ch. IV, V / sq. 22-23) : plus censuré chez Malle, parodie de Hiroshima mon amour d’Alain Resnais, 1959 + voix trafiquée qui fait qu’on n’entend pas ce qu’il y a de plus scabreux.

Trouscaillon (Bertin Poirée) raconte sa journée amoureuse à Marceline : ch. XV ; au ch. XVI il raconte sa vie (ou plutôt sa non-vie) à Fédor Balanovitch (dans le film on retrouve des bribes de cette réplique dans la bouche de Charles au début et dans celle de Gabriel sur la tour Eiffel), mais on ne peut pas vraiment parler d’analepse car en réalité, il pousse l’ellipse à l’extrême et ne raconte rien.

Parfois simultanéité :

Au début du chap. IV on retrouve Zazie là où l’a laissée Turandot

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