Confrontation Médée/Jason dans Médée de Corneille

LA 2 – La confrontation Médée/Jason (Corneille)

Introduction :

Quand Corneille fait jouer sa première tragédie, Médée, en 1635, il reprend un mythe connu, déjà traité par Euripide et Sénèque : Médée la magicienne, délaissée par Jason au profit de la fille du roi de Corinthe, est bannie de ce pays. Comme Egée, le roi d'Athènes que Corneille met en scène en vieillard amoureux repoussé par Créuse, elle médite sa vengeance. Jason a obtenu que leurs enfants restent auprès du nouveau couple et a, en échange, promis à sa princesse Créuse la robe de Médée que celle-ci réclamait. Il espérait pour cela passer par l'entremise de Nérine, la suivante de Médée, mais son ex-femme l'aperçoit.

Nous verrons comment s'opère dans la scène 3 de l'acte III la première confrontation entre Jason et Médée. Nous observerons tout d'abord les arguments de Jason, puis ceux de Médée qui y répond point par point, avant de montrer que ce dialogue exprime à la fois leur rapport de force et une tension entre comédie et tragédie.

I – Les arguments de Jason

A) Le risque encouru fait qu'il n'a pas le choix

-danger : → "les rois ne sont jamais de faibles ennemis" = litote → ils sont très dangereux

         → v.886 "La peur que j'ai d'un sceptre" : soit il n'ose pas finir sa phrase soit M lui coupe la parole; sceptre = métonymie du pouvoir royal

→ voc péjoratif : "peur"; "haine"; "aigris"; "de nouvelles tempêtes".

-danger double : -"veux-tu que je m'expose aux haines de 2 rois"

     - "qui leur résistera s'ils viennent à s'unir" (q. Rhétorique) + "2 rois aigris" / "d'un autre côté" = Créon et Acaste

B) M n'a pas à lui faire la morale, elle qui a commis tant de crimes au nom de sa passion

-J place en antithèse "ses ardeurs légitimes" pour Créuse et "l'amour furtif" et criminel de Médée pour lui → mauvaise foi

-chp.lex. De la culpabilité : "coupable"; "honte"; "reproche"; "forfaits" → J accable M et lui clame son innocence avec des hyperboles (v.865-866)

C) Il faut songer à préserver les enfants

-v.869-871 = registre pathétique → J cherche à provoquer sa pitié pour qu'elle cède.

-"leur grandeur soutiendra la fortune des autres/Créuse et ses enfants conserveront les nôtres" → chiasme qui montre que c'est un marché donnant-donnant → J a déjà envisagé les conséquences de ce mariage pour les enfants.

J agit en tacticien dépassionné vis-à-vis de Médée. Il a évalué les risques qu'il encourait en restant auprès d'elle et, quitte à faire preuve de mauvaise fois et d'ingratitude, se décharge de sa culpabilité en accablant Médée, devenue seule responsable des crimes passés. Enfin, si elle ne cède pas pour lui, elle devrait accepter cette nouvelle union pour sauvegarder leurs enfants. Cependant, Médée a des arguments à lui opposer.

II – Les arguments de Médée

A) On est maître de son existence

-J évoque le sort (v.850-857), la "fortune" (v.877-v.881) → J s'adapte aux circonstances

≠

-M agit en maîtresse femme affirme la maîtrise qu'elle a sur sa vie.

-Elle réaffirme sa force par une comparaison implicite avec le pouvoir des 2 rois.

"qui leur résistera s'ils viennent à s'unir?//qui me résistera si je te veux punir/Déloyal? = parallélisme + anaphore + qu° rhétorique

→ personne, pas même 2 rois ne peuvent rivaliser avec Médée

B) C'est pour lui qu'elle a commis des crimes

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