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Comparaison entre le Film Et Roman: Liaisons Dangereuses

Mémoire : Comparaison entre le Film Et Roman: Liaisons Dangereuses. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Juillet 2013  •  2 839 Mots (12 Pages)  •  6 838 Vues

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Le film de Frears est selon Michel Delon « un bon spectacle pour tous ceux qui ne connaissent Laclos que de nom ». Pourtant, le titre conservé nous annonce dès le début une adaptation sous le signe de la fidélité. Stephen Frears s’est associe au scénariste Christopher Hampton. Ils choisissent de s’appuyer sur l’adaptation théâtrale du roman de Laclos de Hampter. Or, il semblerait que le but de Laclos et de Frears ne soit pas le même puisque Frears souhaite remettre au centre de l’intrigue les relations ambigües entre Mme de Merteuil et Valmont. Dans la perspective d’une étude de comparaison entre les deux œuvres, il est légitime de se demander : Quels sont les différences ? La trame de l’histoire est-elle conservée? Comment parvient-il à transcrire un écrit épistolaire en film ? Deux langages différents, à savoir écrit et épistolaire de surcroît, et cinématographique peuvent-ils produire la même œuvre ? Toutes ces problématiques sont les différentes questions que nous allons nous poser au cours de notre analyse.

On peut d’abord constater un écart entre les deux œuvres. Le roman est un roman épistolaire. Il a donc fallu trouver le moyen de transposer celles-ci sous forme de film, chose peu simple. Les lettres restent présentes chez Frears, néanmoins elles ne sont pas constitutives de l’œuvre. La première image du film indique le titre à l’intérieur d’une lettre, rappelle l’œuvre source. La correspondance est relayée au rang de motif. Il est vrai que les personnages s’écrivent mais ce sont plutôt les rencontres qui remplacent ces lettres avec des discussions : La Marquise de Merteuil et Valmont se rencontre plus de 7 fois, rencontres qui rythment le récit. L’objet de celles-ci est toujours le même : la négociation, la vengeance, la manipulation. D’autre part, on trouve dans l’œuvre de Laclos une certaine polyphonie. Celle-ci induit un nombre de styles très divers qui permettent de distinguer chacun des personnages. Il est vrai que ceci est n’est pas reproduisible dans un film, pas plus que le reste de l’aspect littéraire du livre. Ainsi, de nombreuses références littéraires sont effacées : la Nouvelle Héloïse de Rousseau et son personnage de Saint Preux, Clarisse Harlowe de Richardson et à Lovelace… Seule quelques unes sont conservées comme celle des Pensées chrétiennes, lectures de la Présidente de Tourvel, alors qu’elle lit également Clarisse Harlowe, ce révèle une nouvelle facette de celle-ci. Enfin, l’emploi du vocabulaire a été modifié, le langage du film nous est contemporain, tandis que le vocabulaire du roman est celui de Laclos. On peut interpréter

Mais cette adaptation quelque peu difficile n’a pas provoqué uniquement ces changements. En effet, on constatera que de nombreux passages ont été raccourcis et que certaines libertés ont été prises. Les lettres comme nous l’avons dit précédemment sont relatées sous forme de conversations, souvent anticipées. Il y a des raccourcis temporels, deux images enchainent en quelques secondes ce que la réalité deux roman sépare en plusieurs heures. Plusieurs événements sont regroupés en un même instant dans le film. Prenons pour exemple, le vol des lettres que reçoit Mme de Tourvel (lettre 44 du 28 aout) se situe dans le film pendant la promenade de Valmont au moment de son acte de charité (lettre 21 du 21 aout). On assiste également à quelques raccourcis, la progression de l’histoire, de l’intrigue n’est pas respectée. Les refus initiaux de Cécile pour donner la clé ne sont pas évoqués dans le film alors qu’il pourrait s’agir tout de même d’un obstacle, comme dans le roman où Danceny intervient, et provoquant une sorte de contretemps aux actions de Valmont et Mme de Merteuil. Cette partie est totalement ôtée, ne reste dans l’adaptation cinématographique qu’une maladresse de Cécile : elle fait tombée par mégarde la clé dans le vase. Donc le film se permet des libertés par rapport au film.

Ainsi, il supprime, modifie, ajoute des éléments, notamment des personnages: Prévan, non négligeable à la double intrigue principal du roman n’est pas présent, pourtant contrepoint indiquant l’habilité de la Marquise à séduire et à humilier l’un des plus grands séducteurs du moment ; Belleroche quant à lui n’est qu’une silhouette dans un miroir, silhouette qui toutefois peut représentée différents amants, le personnage de Vressac n’est que cité. Le premier quiproquo de Céciles avec cordonnier est supprimé dans l’action… Les récits concernant Prévan et les Inséparables ont disparu. Ces intrigues secondaires avaient le mérite de mettre en avant les profondeurs du libertinage. D’autre part, les mouvements de caméra peuvent également altérer la compréhension de l’œuvre puisque ils ôtent toute l’objectivité du roman, on assiste alors à des sortes d’introspection des personnages, fait inexistant chez Laclos: Madame de Merteuil confie à Valmont la manière dont elle s’est endurcie elle-même, la caméra réalise un zoom avant qui nous fait entrer dans l’intimité de sa conscience. De même, lorsque elle révèle qu’elle a joué, la caméra se met à tourner autour du Vicomte provoquant ainsi le bouleversement sur son amour propre pour l’amener à quitter Tourvel qu’il aimait pourtant et qu’il continue d’aimer.

Ces entorses ne sont pas dès plus grave, toutefois, le film est parfois réducteur quant à la portée et aux fonctions des personnages comme Mme de Volanges qui n’a qu’une fonction d’opposition dans le film, qui parait quelque peu sotte, naïve. Les lettres 98 et 170 montrent un personnage plus riche et plus complexe, dans le film elle n’est qu’une simple présence tout comme Mme de Rosemonde, rôle pourtant majeur à la fin du roman, elle prend la direction de la narration mais dont l’écrivain principal est Mme de Volanges. En effet, c’est par elle que nous est donné le dénouement. Enfin on peut noter quelques ajouts comme l’arrivée de Mme de Merteuil au château de Mme de Rosemonde afin de rendre visite à Cécile ou encore Danceny chargé d’un message pour Mme de Tourvel par Valmont se rend à son chevet et lui murmure les dernières paroles de Valmont : cette version des faits est assez éloignée de ceux du récit. On voit que passer d’un roman à un film nécessite une adaptation c'est-à-dire une métamorphose du texte, qu’il va falloir adapter a de nouveaux moyens d’expression. Tout cela suppose d’échange et d’allègement du style ; un jeu permanent sur les images dont la parole vivante n’est vraiment anodine, enchainements rapides, grands moments de l’intrigue.

Par contre, il existe bel et bien un changement radical, c’est celui de la fin du roman et celle du film qui diffèrent. En effet,

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