Commentaire sur le roman La Peste d'Albert Camus: le passage de la Quarantaine
Commentaires Composés : Commentaire sur le roman La Peste d'Albert Camus: le passage de la Quarantaine. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar Terry • 28 Juin 2013 • 1 948 Mots (8 Pages) • 2 079 Vues
Séance 3 : lecture analytique n°3 « La quarantaine » (p214/215) de « On pouvait cependant avoir d'autres
sujets d'inquiétude ... » à «des planètes différentes »
Situation du passage :
– 4ème partie : pendant la « Toussaint » (date mentionnée p212)
– Correspond à une période où la peste semble avoir atteint un palier
– Dans la ville isolée et coupée du monde, on met en quarantaine les proches des malades dans des « camps
d'isolement ».
Problématique : quelle est la portée symbolique de la description de la ville d'Oran en quarantaine ?
I. La modification des comportements et de l'organisation sociale
Oran est coupée du monde depuis la fin de la 1ère partie : p64 « Déclarez l'état de peste. Fermez les portes ».
a) Un nouvel ordre social
L'isolement de la ville entraîne la pénurie des produits alimentaires (l. 2 « difficultés du ravitaillement »).
Cette pénurie a plusieurs conséquences :
– la spéculation : antithèse l.4 « prix fabuleux » / « denrées de première nécessité » (renforcement par l'emploi de
l'adjectif hyperbolique « fabuleux ») => comportement humain immoral et hautement condamnable = profiter d'une
situation tragique, de la souffrance des autres pour son enrichissement (notez le pronom « on » de la ligne 3 qui laisse
dans l'ombre les responsables de cette situation)
– la naissance d'un marché parallèle (i.e. marché noir) opposé au « marché ordinaire » (l.5)
– l'accroissement des inégalités sociales : antithèses « familles pauvres », « situation très pénible » (notez l'adverbe
d'intensité) / « familles riches », « ne manquaient de rien » ; accentuation de la souffrance des plus démunis (l6 « très
pénible », l14 « souffraient de la faim »)
– => Au total, la situation de quarantaine, loin de révéler les qualités humaines des habitants d'Oran (solidarité, partage,
...) met en lumière l'importance accrue de l'argent et renforce les fractures sociales.
Cette situation génère plusieurs sentiments :
– l'accroissement du « sentiment de l'injustice » (l. 12), doublement justifié : exclu parmi les exclus, victimes parmi les
victimes
– le regret de la vie normale passée générant une tristesse profonde (insistance dans l'expression « pensaient, avec plus
de nostalgie encore » l.15)
– une forme de jalousie/envie envers le monde extérieur « où la vie était libre et où le pain n'était pas cher » (l. 16) : par
opposition à un extérieur idéalisé, on devine un monde clos où la liberté disparaît peu à peu.
La quarantaine conduit à des embryons de révoltes : l'expression « certaines manifestations » est très révélatrice => estce
un euphémisme (réalité édulcorée par le narrateur à la manière peut-être des organes de presse) ou la réalité (forme de
passivité / de lâcheté des habitants d'Oran) ?
b) Conséquences sur les relations entre la presse, le pouvoir et le citoyen
– Disparition de la liberté de la presse soumise au pouvoir en place (verbe « obéissaient » + terme « consigne » l26)
– La « consigne d'optimisme à tout prix » rappelle étonnamment le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley où le
bonheur distribué en pilules évite tout trouble et toute remise en cause de l'ordre établi.
– La presse est mensongère et son fonctionnement s'apparente à de la propagande. L'exemple de la ligne 28 est
significatif « ''l'exemple émouvant de calme et de sang-froid'' » : les guillemets signalent à la fois la reprise exacte des
termes des journaux et la distanciation du narrateur ; il s'agit ici bien évidemment de désinformation et de
manipulation des foules ; la réalité est très éloignée = les familles proches des victimes sont emmenées par la force
dans des camps d'isolement (l'expression prend une valeur d'antiphrase, ce que nous comprenons parfaitement à la
lecture des remarques du narrateur l29 à 32).
– Apparition d'un pourvoir oppresseur. Expression « manifestations vite réprimées » l23 : l'adverbe « vite » souligne
l'efficacité de la répression tandis que l'adjectif « réprimées » évoque la violence.
– Autre mécanisme à l'oeuvre : un pouvoir sans visage, sans incarnation, mais qui semble omniprésent (c'est une
technique éprouvée des régimes totalitaires : cf. la Stasi ou le KGB ou encore le roman 1984 de George Orwell).
– « on » l17/18 : qui ? Le gouvernement ?
– l23 « manifestations vite réprimées » : forme passive qui occulte le complément d'agent
– l27 « la consigne (...) qu'ils avaient reçue » : idem => de qui ?
– l35 « l'administration » : terme vague, réalité anonyme d'une bureaucratie implacable ?
c) La mise en place des camps d'isolement
– Localisation géographique « aux portes de la ville »l.41 => des exclus
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