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Commentaire sur l'acte I Scène 3 de la pièce de théâtre Phèdre de Jean Racine

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Par   •  15 Avril 2015  •  2 274 Mots (10 Pages)  •  4 439 Vues

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Phèdre, Acte I, scène 3

A la fois majestueuse et intense, la tragédie du XVIIème siècle fait souvent écho à Racine, dramaturge classique par excellence. Ses pièces, Britannicus, Andromaque, Phèdre ou La Thébaïde considèrent toutes le thème de la passion fatale qui accélère le dénouement tragique. Dans Phèdre, Racine nous peint l’héroïne Phèdre épuisée, face à la culpabilité qui la ronge. Éprise pour Hippolyte, le fils de son tendre époux, cette dernière voit sa souffrance s’accroître jusqu’à atteindre un stade dépressif, voir suicidaire. Dans la scène 3 de l’acte I dont nous allons étudier l’extrait, elle avoue à Oenone son amour interdit. En quoi à travers une tirade d’aveu engagée par la confidente, Phèdre parvient-elle a exprimer son impuissance face au destin tragique qui lui est voué ? Afin de traiter au mieux cette problématique, nous examinerons dans un premier temps la confrontation et l’aveu auxquels l’héroïne est en proie, puis son destin irrémédiable, qui tous deux accentuent le tragique et le pathétique de cette scène.

Ce sentiment de culpabilité qui atteint Phèdre vient de son amour obsessionnel. Amoureuse de son beau-fils, elle est infidèle envers son mari et incestueuse. Ce double-interdit a beaucoup de conséquences sur cette dernière. Au début de l’extrait, elle est confrontée à sa confidente, Oenone, qui désire comprendre l’origine de ses souffrances. Œnone détient donc un rôle primordial dans l’extrait : elle amène Phèdre à lui révéler à elle et au spectateur l’origine de son problème. Dès le premier vers, la marque du pronom personnel « Tu » (v. 237) utilisé par Phèdre, témoigne de la proximité des deux personnages. Cependant, la nourrice vouvoie sa maîtresse par respect, et comme nous le dit les didascalies internes, s’agenouille devant elle par infériorité et par désespoir de connaître la vérité : « direz-vous » (v. 239) et « Par vos faibles genoux que je tiens embrassés » (v. 244).

Racine présente Phèdre comme une criminelle pathétique mais aussi tragique aussi bien par le chiasme des vers 241-242 ; « Quand tu sauras mon crime, et le sort qui m’accable, / Je n’en mourrai pas moins, j’en mourrai plus coupable » qui exprime son échec fatal et sa culpabilité ; que par le champ lexical du crime, de la souffrance, de la fatalité : « mon crime » (v. 241), « coupable » (v. 242), « mourrai » (v. 242), « mortel ennui » (v. 255), « sang déplorable » (v. 256, 257), « péris » (v. 258), « crime » (v. 266), « violence » (v. 237), « fatale colère », « haine » (v. 249) et « horreur » (v. 238).

Dans un premier temps, Oenone nous dévoile une partie de l’affection qu’elle a déjà partagée avec sa maîtresse : « Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés ». Le spectateur ressent lui aussi cette compassion qui unit les deux femmes, et la tendresse que porte Oenone envers Phèdre. Elle supplie littéralement sa maîtresse par découragement et demande à être « délivrée » de ce mal. Elle emploie des phrases impératives pour aller droit au fait : « Parlez » (v. 247), « Cessez de m’offenser » (v. 247), « Oublions-les » (v. 251). Phèdre s’apprête à tout lui dire, mais lui prévient avant que c’est elle qui l’a choisit : « Tu le veux ». Oenone répond immédiatement (deux stichomythies) « Parlez » (v. 247) et lui reproche également de la faire souffrir en ne lui révélant pas tous ses soucis explicitement: « Par de vaines frayeurs cessez de m’offenser » (v. 248). En effet, Phèdre répond par des phrases exclamatives, et des questions de remises en cause d’elle-même, ce qui ne satisfait pas sa confidente : « Ciel ! Que vais-je lui dire et par où commencer ? » (v. 248). La nourrice décide de poser des questions directes : « Que faites-vous Madame ? et quel mortel ennui /Contre tout votre sang vous anime aujourd’hui ? » (v. 255-256), « Aimez-vous ? » (v. 258), « Pour qui ? », « Qui ? » et enfin « Hippolyte ?». Cette dernière phrase interrogative est en réalité la réponse directe au problème, amenée par Phèdre qui utilise le procédé de la périphrase « ce fils de l’Amazone » (v. 261) pour désigner Hippolyte. De plus la gradation « A ce nom fatal, je tremble, je frissonne » (v. 261) et l’anaphore des vers 260-261 en « J’aime… » renforcent l’intensité des sentiments douloureux, obsessionnels et persistants. Phèdre ne peut s’empêcher de l’aimer car ce sentiment ne cesse de revenir malgré son combat intérieur acharné. Ainsi, le champ lexical de l’amour a tendance à se mélanger avec celui du crime : « l’amour » (v. 250), « amour » (v. 253), « aimez » et « amour » (v. 259), « J’aime » (v. 261). Afin de rejeter une partie de sa faute sur la confidente et de se déculpabiliser, elle annonce : « C’est toi qui l’as nommé. ». Oenone est dès lors toute aussi coupable pour avoir révéler à voix haute la cause de cet amour destructeur.

L’aveu en lui-même se présente sous forme de tirade. Lors de l’aveu, Racine présente notre héroïne avec des états de troubles dépressifs, écartelée entre le combat incessant de la chair et de l’esprit. Cet amour se manifeste chez elle sous diverses formes : physiques et morales. L’hyperbole créée par le superlatif et l’adjectif numéral : « Je péris la première et la plus misérable » renforce l’aspect tragique auquel Phèdre est confrontée. Elle utilise le lexique qui se rapporte aux cinq sens. Lorsqu’elle entend son nom, elle ressent des sensations terribles et antithétiques : « Je tremble, je frissonne » (v. 261), « Je sentis tout mon corps et transir et brûler » (v. 276), « Ma blessure trop vite aussitôt à saigné » (v. 304).

Comme dans Britannicus, Racine exploite la thématique du regard qui domine tous les sens: « Mes yeux ne voyaient plus » (v. 274), « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue » (v. 273), « Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père (v. 290) « et le voyant sans cesse » (v. 286) et « J’ai revu l’ennemi que j’avais éloigné » (v. 303). Prise par son désir fou, Phèdre revoit Hippolyte chez Thésée. Le spectateur est alors saisi d’émotions ; il voit désormais Thésée et Hippolyte comme deux mêmes personnes assimilées. Cependant, Phèdre se contredit, elle déclare ne plus rien voir, puis dit qu’elle voit sans cesse. On peut interpréter ce qu’elle voit sans cesse comme étant Hippolyte, donc cette partie noire d’elle-même, et par conséquent, la nuit, et le « rien ».

Phèdre emploie le lexique du corps, propre au désir fou : « ma bouche » (v. 285), « ma main » (v. 284), « au pied » (v. 287), « du sein et des bras paternels » (v. 296),

Descendante

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