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Commentaire littéraire "supplément au voyage de Bougainville"

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Par   •  28 Février 2020  •  Commentaire de texte  •  1 604 Mots (7 Pages)  •  1 511 Vues

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Commentaire littéraire

Bougainville, premier navigateur français à avoir fait le tour du monde, publie le récit de son périple dans Voyage autour du monde en 1771. Passionné par cette œuvre, Denis Diderot, l’un des plus célèbres philosophes des lumières et écrivain de l’Encyclopédie avec d’Alembert, rédige un an plus tard Supplément au voyage de Bougainville. Cet œuvre paraîtra à titre posthume en 1796. Comparé au récit de Bougainville, ce supplément est fictif et dénonce le colonialisme, le despotisme ainsi que l’ethnocentrisme des européens. Ici, l’extrait présente le discours d’un vieillard Tahitien révolté contre le colonialisme et qui s’adresse à Bougainville. Nous nous demanderons comment la critique violente de la civilisation européenne donne par contraste une vision utopique de la vie sauvage grâce à la stratégie argumentative mise en place par Diderot.

Pour commencer parlons de la critique de la civilisation européenne énoncée par le vieillard.

D’abord, son discours permet de dénoncer la colonisation. En effet, le vieux tahitien, dans sa phrase déclarative : « Nous sommes libres ; et voilà que tu as enfoui dans notre Terre le titre de notre futur esclavage », critique la colonisation. Le « tu » désignant les occidentaux, l’antithèse entre « libres » et « esclavage » montre l’impact de la colonisation européenne sur le peuple tahitien. De plus, l’utilisation du passé composé « as enfoui » (vers 11) et « as projeté » (vers 20) ainsi que l’adjectif « futur » (vers 11) nous montre que cette colonisation était prévue par les occidentaux. La phrase déclarative « Ce pays est à nous » que les occidentaux ont gravé sur le territoire tahitien révèle également, l’appropriation de l’île étrangère par les hommes blancs et ainsi, la colonisation. Cette appropriation est d’ailleurs associée à une exaction grave : « le vol de toute une contrée ». Ainsi, cette colonisation, critiquée par le vieillard tahitien et prévue par les conquistadors, change le statut de la population locale passant de « libre » à « esclave » et l’appartenance du territoire passant des mains des tahitiens à celles des occidentaux.

Ensuite, le discours du vieux tahitien critique le mode de vie des envahisseurs. En effet celui-ci déprécie leur courant de pensée : « inutile lumière » (vers 30). Il vient d’ailleurs mettre ce groupe nominal en antithèse avec « notre ignorance » : désignant la supposée inculture des tahitiens, mais qui se révèle être une vision naïve des européens vis-à-vis des individus de cette province éloignée. De plus la société occidentale est vu comme matérialiste, puisque le tahitien évoque une énumération des supposés nécessités des européens qu’il qualifie de « besoins superflus ». Cet oxymore montre le point de vue du doyen sur le mode de vie à l’occidental. Ainsi, il qualifie ces nécessités de « commodités de la vie », « biens imaginaires », « besoins factices » et « vertus chimériques ». Ce champ lexical montre le mépris du vieillard vis-à-vis de ces besoins qui entraine d’ailleurs de l’épuisement « pénibles efforts », « t’agiter, te tourmenter ». Ainsi, selon le vieillard tahitien, la civilisation européenne se tracasserait pour des besoins qui ne sont pas nécessaire à la vie et dont l’acquisition pourrait au contraire y nuire.

Ainsi le vieux tahitien critique la civilisation européenne en dénonçant la colonisation et le mode de vie de ces occidentaux. Cette forte accusation permet de valoriser la vision fabuleuse de la vie des habitants de ce pays lointain.

Il s’agit maintenant d’étudier en quoi l’autochtone partage avec les lecteurs une vision utopique de la vie sauvage.

D’abord, le vieillard fait l’éloge de la simplicité du mode de vie des insulaires notamment avec l’utilisation des comparatifs de supériorités : « elles sont plus sages et plus honnêtes ». Ceux-ci valorisent les coutumes et les traditions tahitiennes « nos mœurs » face à celles des occidentaux, « les tiennes ». De plus, avec l’antithèse « nécessaire », qualifiant les besoins du peuple étranger et « superflus » ceux des européens, il défend sa conception de la vie et met en opposition deux modes de vie opposés. Avec le parallélisme « lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir » le vieillard montre l’aspect primaire et naturel de son peuple, qui se satisfait seulement de besoins vitaux. Enfin, la question de rhétorique « qu’y manque-t-il à ton avis ? » vise à faire réfléchir les occidentaux sur leur mode par rapport à celui des occidentaux. Le tahitien cherche ici à faire comprendre qu’il ne manque de rien et que les résidents de son île et lui, ont choisi de

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