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Commentaire explicit Le Dernier jour d'un condamné

Commentaire de texte : Commentaire explicit Le Dernier jour d'un condamné. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  1 342 Mots (6 Pages)  •  515 Vues

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          Au début du XIXème siècle se répand en France le mouvement romantique venu d’Allemagne et d’Angleterre. Les œuvres romantiques sont marquées par le mal être de leurs auteurs qui souffrent du mal du siècle, mais elles sont également marquées par leur engagement politique ; en effet, les écrivains romantiques participent aux grands débats de leur époque. Ainsi Victor Hugo, le chef de file des romantiques, prend-il parti notamment contre l’esclavage, le travail des enfants et la peine de mort. En 1829, il publie un roman, Le Dernier jour d’un condamné, qui, sous la forme d’un journal intime, relate les ultimes semaines d’un prisonnier anonyme dont on ne sait presque rien ; implicitement, en soulignant la souffrance psychologique subie par le personnage, ce roman milite pour l’abolition de la peine de mort. L’explicit du roman retrace dans le détail le long trajet qui mène le héros du palais de justice à la place où il doit être exécuté. Plus précisément, il évoque la peine qu’éprouve la charrette à rejoindre le lieu de l’échafaud, tant le monde venu pour le voir et les cris des passants créent l’encombrement. Comment le récit met-il en valeur l’horreur du moment ? Nous verrons qu’il souligne que les attitudes de la foule amplifient l’atrocité de la scène. Puis, nous montrerons qu’il nous livre les différents sentiments du condamné, dont la sensibilité est exacerbée.

          Dans cet explicit, la foule tient une place importante. Il s’agit véritablement d’un personnage à part entière, personnage malfaisant, dont le condamné, c’est-à-dire le narrateur-personnage, ressent l’uniformité désespérante et le caractère déshumanisé qui amplifient sa solitude morale, ce qui le conduit à le voir sous la forme d’un monstrueux hydre.        
        Le peuple, d’ordinaire si cher à Hugo pour lequel on peut à l’occasion se sacrifer, à qui il faut apporter la lumière, est dans ce passage désespérant d’uniformité, désespérant parce que cette uniformité fait ressortir l’isolement, la solitude morale du condamné. En effet, la plupart du temps, le peuple est désigné par des termes ou expressions qui l’envisagent dans sa globalité : « la foule », répétée plusieurs fois, la métaphore « une mer de têtes sur la place », un terme très dépréciatif « la populace », « mille bouches ensemble », « spectateurs », « toutes ces voix, toutes ces têtes ». Il n’y a personne à qui le condamné puisse se « raccrocher » dans ce paysage humain où nulle tête amie n’émerge. Bien sûr, quelques personnages comme le bourreau ou le prêtre sont davantage caractérisés, mais l’un comme l’autre renvoie à la mort imminente, et le condamné ne saurait trouver en eux un réconfort. Le prêtre pourrait à la rigueur jouer un rôle positif et consolateur mais la maladresse stupide de sa question « vous tremblez de froid mon fils ? », mise en valeur par le recours au discours direct isole encore un peu plus le condamné : ce prêtre ne saurait être un allié s’il ne peut s’imaginer que le pauvre homme a peur.  Il est définitivement seul, comme le souligne le chiasme, figure de l’opposition par excellence : « cette foule où tous me connaissaient et où je ne connaissais personne ».
        De plus le récit montre qu’une exécution enlève toute humanité au peuple. En effet, la foule ne manifeste aucune compassion ou aucune gravité face à cet événement tragique ; elle est venue par curiosité. L’extrait est parcouru par le champ lexical du divertissement : « battaient des mains », « fête », « spectateurs », « on louait des tables, des chaises… », « Qui veut des places ? » ; c’est même l’occasion de faire des bénéfices, comme l’indique l’image « marchands de sang humain ». Le condamné est regardé comme l’élément central de ce spectacle ; ainsi, la remarque d’une femme : « il va bien ! » avec l’exclamative indique que le spectacle est d’autant plus réussi que l’acteur est en forme ; ce que souligne l’oxymore « atroce éloge ».  C’est bien cette atmosphère de fête, avec son vacarme effrayant, la foule se définissant avant tout par sa « voix »n qui est insupportable ; tout se passe comme si la mort d’un homme, d’un semblable, apportait une joie morbide qui croîtrait et se nourrirait de sa peur comme le suggère la gradation ascendante « plus vaste, plus glapissante, plus joyeuse encore » à la fin du texte. Si l’on mesure l’humanité d’un homme à sa capacité de compassion, au sens fort, c’est-à-dire de « partage de la souffrance », alors cette foule mal guidée, non-éduquée, lorgne plutôt du côté de l’animalité.

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