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Commentaire du texte "Parfum Exotique" de Baudelaire, Les Fleurs du Mal

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Par   •  31 Août 2019  •  Commentaire de texte  •  1 793 Mots (8 Pages)  •  948 Vues

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        Au croisement du Montparnasse et du Romantisme, Charles Baudelaire se place au cours du XIXème siècle comme le fondateur du symbolisme, bien qu’il ne se revendique d’aucune école de son vivant. Il écrit en 1857 son premier recueil Les Fleurs du Mal, recueil dans lequel il présente une nouvelle esthétique du Mal, de la laideur et du Beau au travers de poèmes mêlant érotisme et termes crus tels que « Charogne ». Celui-ci sera réédité en 1861 suite à un procès pour atteinte aux bonnes mœurs qui cause la suppression de six poèmes, ceux qu’il avait d’ailleurs envoyés anonymement à une femme qu’il désirait. Le poème « Parfum Exotique » fait partie des œuvres ajoutées à la réédition de 1861 et de la section « Spleen et Idéal ». Dans celui-ci Baudelaire conte un voyage exotique imaginaire sous la forme d’un sonnet. Comment le poète conte-t-il un rêve poétique en abordant le voyage au travers de la féminité ? Nous commencerons par aborder le parfum féminin qui mène au voyage, puis nous étudierons la façon dont le poète nous présente un monde idéal.

        Dans ce poème, Baudelaire conte un voyage provoqué par le parfum de son amante Jeanne Duval, aussi appelée la « Vénus Noire ».

        Il y évoque tout d’abord le pouvoir qu’il a sur lui, « l’odeur de ton sein chaleureux » (v.2), puisque celui-ci est source d’évasion : « guidé par ton odeur » (v.9) (nous remarquerons la répétition du terme « odeur » qui souligne l’importance du parfum évoqué). Le parfum féminin permet donc au poète de voyager, ce qui est appuyé par les deux occurrences du pronom possessif « ton » (v.9 et 2) qui témoignent de la réalité de cette sensation olfactive, elle le fait circuler. Cependant, le parfum qui semble rester au cœur de l’œuvre n’est pas toujours aussi réel que celui de l’amante dont il est question au début de celle-ci : au cours du poème le parfum devient rêve, notamment lorsque Baudelaire évoque celui « des verts tamariniers » au vers 12. Le poète est ici complètement détaché de la réalité et évoque l’odeur d’un arbre exotique, aux antipodes de la végétation parisienne qui l’entoure. Tout cela est d’ailleurs souligné par l’adjectif épithète lié « vert » qui évoque la jeunesse, que l’on oppose au gris de la capitale et de ses vieux immeubles. Cet aspect irréel du parfum est également rappelé par l’antithèse des vers 1 et 3 : le poète a « les deux yeux fermés » (v.1) et vient tout de même affirmer qu’ « [il]voi[t] » (v.3).

        Le parfum semble donc se placer entre imaginaire et réalité pour finalement provoquer un rêve poétique à la connotation presque érotique et sensuelle avec l’évocation du toucher et de la chaleur aux premier, deuxième et cinquième vers : « un soir chaud d’automne », « ton sein chaleureux », « éblouissent les feux d’un soleil monotone ». Le rêve poétique devient alors centre de l’œuvre, qui constitue une sorte de dialogue entre Baudelaire et son amante. En effet, nous remarquons l’omniprésence du pronom personnel de la 1ère personne du singulier avec ses cinq occurrences aux vers 2, 3 et 10, et les pronoms possessifs et complément qui s’y rattachent : « m’enfle » (v.13), « mon âme » (v.14). Le poète est donc bien présent dans l’œuvre, s’adressant à sa bien-aimée dont la présence est soulignée par les deux occurrences du pronom possessif « ton » (v.9 et 2). Nous remarquons cependant que celle-ci semble uniquement être évoquée au travers de pronoms possessifs et jamais personnels, témoignant de la déshumanisation qu’elle subit. La femme devient entité, objet, pour mieux se diriger vers l’idéal de ce rêve poétique.

        La femme aimée ne devient alors que prétexte au récit d’un rêve poétique, un voyage imaginaire qu’elle rend possible. En effet, la perception olfactive reste tout de même intimement liée à la description de l’idéal, ce dont témoignent les vers 2 et 9 : l’usage du verbe à la voix active « Je respire » suivi du complément d’objet direct puis le participe passé suivi du complément d’objet « guidé par ton odeur ». Baudelaire devient alors spectateur du rêve exotique dont le parfum est la clé. Le poète évoque également l’idée de simultanéité au travers de la conjonction qui ouvre le sonnet, « Quand » (v.1) qui est suivi de « je respire » (v.2) et de « je vois » (v.3). Le parfum entraîne le voyage puisque quand le poète « respire » (v.2), il « voi[t] ». Mais ce rêve poétique dont le parfum est l’acteur est finalement issu d’une anecdote personnelle : le lecteur rentre dans le cercle intime de l’auteur. Baudelaire semble tout d’abord dessiner un contexte bien réel : il s’endort sur un « sein chaleureux » lors d’ « un soir chaud d’automne ». Il ancre ainsi son récit dans la réalité par l’évocation du toucher au travers de la chaleur à deux reprises. La sensation de luminosité et de chaleur dans le premier quatrain (« feux » v.4, « soleil » v.4) introduit le thème en créant le début du monde exotique qu’il aborde dans les strophes suivantes. Le sonnet semble donc marqué par le bonheur et la fixité au travers de trois éléments : la femme (« ton sein chaleureux » v.2), l’île (« île paresseuse » v.5) et le port (« un port rempli » v.10) qui contribuent à fixer le lecteur dans l’essence vagabonde du parfum : le monde idéal peut être créé.

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