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Commentaire du poème l'irrémédiable de Charles Baudelaire

Analyse sectorielle : Commentaire du poème l'irrémédiable de Charles Baudelaire. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  8 Mai 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 427 Mots (6 Pages)  •  7 260 Vues

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Le poème est un tableau du mal, qui est «l’irrémédiable», et auquel est opposé «la conscience».

Un des rares du recueil ‘’Les fleurs du mal’’ constitués de dix quatrains d’octosyllabes aux rimes embrassées, c’est un des poèmes longs de la partie ‘’Spleen et idéal’’, et il témoigne d’une très grande rigueur métrique. Les deux derniers quatrains furent séparés des huit autres dans la deuxième édition du recueil (1861).

Il relève du mode emblématique, qui est fondé sur la juxtaposition de deux signifiants, l’un iconique, l’autre verbal, lui-même dissocié, dans la tradition de l’emblème, en une légende ou «motto», et une épigramme ou «subscritio». Les images successives, de l’«Idée» au «navire», constituent le «corps» de l’emblème, la strophe VIII assurant le rôle d’une devise, tandis que la seconde partie du poème, suite de syntagmes nominaux et d’oxymorons, tient lieu d’épigramme explicative.

Dans la première partie, la succession de points-virgules indique que se succèdent cinq «emblèmes», qui ne sont pas des cauchemars (même si le mot est employé au vers 7), ni même une série d'images hantant I'esprit du poète, mais des symboles de I'existence.

La première strophe est, sur la signification métaphysique du poème, d'une netteté remarquable, et Villiers de l'Isle-Adam l’avait bien comprise, qui écrivait à Baudelaire que «’’L'Irrémédiable’’ commence «dans une profondeur hégélienne».

En effet, à travers ces allégories, l’«Idée», la «Forme», l’«Être», est exprimée l’idée que I'existence est une chute (rendue dramatique par l’enjambement), depuis «l’azur» du ciel, siège traditionnel de l’idéal, jusque dans «un Styx bourbeux et plombé», le Styx étant le fleuve de l’Enfer, considéré par le poète comme plein de boue et d’une teinte grisâtre. Cette chute est celle du péché qui, comme l’indique le vers 4, fait échapper à l’«oeil du Ciel», cet oeil de Dieu que Victor Hugo allait évoquer si puissamment dans ‘’La conscience’’. Cette idée était présente à I'esprit de Baudelaire lorsqu'il prit des notes pour ‘’Mon coeur mis à nu’’. Il écrivit : «La création ne serait-elle pas la chute de Dieu?» À plus forte raison, l'existence est-elle, pour l'être créé, «péché d'exister».

Avec l’«Ange» de la deuxième et troisième strophes, Baudelaire prit, pour symbole de la chute dans I'existence, l'Éloa de Vigny, ange imprudent qu’il est juste d'appeler «voyageur», puisqu'il s’est risqué loin du séjour céleste, qui fut bien tenté par «I'amour du difforme». On constate la force de suggestion que purent avoir pour Baudelaire ces vers de Vigny :

«La mort est dans Ies mots que prononce sa bouche,

Il brûle ce qu'il voit, il flétrit ce qu'il touche...»

C’est bien parce que cet «Ange» est tombé dans le Styx, qu’il se débat «comme un nageur», contre ce «gigantesque remous» sur lequel le poète s’étend un peu inutilement sur deux autres vers, en le personnifiant et en lui prêtant des actions.

On remarque, dans ces deux strophes, les échos significatifs que font les mots à la rime.

La quatrième strophe évoque vraisemblablement le malheureux prisonnier de l'Inquisition qu’on voit dans la nouvelle d'Edgar Poe, ‘’Le puits et le pendule’’. «Ensorcelé» parce que comme victime d’un sortilège, il se rend compte qu’au centre de son cachot ténébreux se trouve un puits plein de reptiles, et que ses bourreaux I'y poussent de façon irrésistible. «Ses tâtonnements futiles» rappelle ses efforts pour, dans I'obscurité, découvrir une issue.

Dans la cinquième et sixième strophes, Baudelaire se souvint de Quincey qui écrivit : «En examinant les murs vous apercevez un escalier, vous le suivez jusqu'à son extrémité, vous y apercevez Piranesi lui-même. Suivez I'escalier, vous le voyez se terminer brusquement sans balustrade.» Mais, soucieux, à la manière d’un Matthew Lewis ou d’un Lovecraft, d’accroître l’épouvante, il suscita un «damné», rendit les escaliers «éternels», ajouta le «gouffre», «l’odeur», définie seulement après un enjambement, de «l’humide profondeur» (à propos de laquelle, il faut signaler que Nadar publia un projet de Baudelaire inspiré de Quincey, où on retrouve le détail de ce vers : «Fissures, lézardes. Humidité provenant d'un réservoir situé près du ciel.»), et, à l’absence de «rampe», joignit l’absence de «lampe», faisant habilement rimer les deux mots. De nouveau, la sixième strophe développe avec une complaisance pas vraiment utile la vision effrayante d’assez conventionnels

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