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Commentaire du poème L'albatros de Charles Baudelaire

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Par   •  2 Janvier 2015  •  1 365 Mots (6 Pages)  •  1 333 Vues

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Les Fleurs du mal occupent une place exceptionnelle dans l’univers littéraire de la France. Baudelaire y livre sa conception de la poésie tout en s’appuyant sur son expérience de la vie, traversée de douleurs dès l’enfance et toujours consacrée à la recherche de la beauté, littéraire, picturale – il sera un critique d’art remarquable – et musicale. La première édition de 1857 a été condamnée par la justice, il en proposera une édition nouvelle en 1861. C’est dans cette dernière édition que paraît, en deuxième place de la première section (Spleen et Idéal), le poème L’Albatros. Et c’est sur ce poème que portera notre étude. Nous verrons d’abord que ce poème peut être compris comme une anecdote de voyage ; nous aurons à montrer ensuite que ce texte est surtout un poème symbolique proposant une image complexe du poète.

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Ce poème se propose, en première lecture, comme un récit, du moins dans les 3 premières strophes ; il en présente plusieurs caractéristiques.

D’abord, cette anecdote est sans doute à mettre en rapport avec le voyage que Baudelaire a effectué en 1841 dans l’hémisphère austral, vers La Réunion et l’île Maurice. Il y a ainsi dans ce poème une valeur de souvenir personnel et un témoignage.

Ensuite, ce récit installe le lecteur dans une temporalité évolutive : « Souvent », vers 1, indique une répétition de la même action, la capture d’albatros par les marins. « A peine les ont-ils déposés sur les planches » marque la rapidité de la transformation de l’oiseau en « infirme ». Enfin, l’adverbe « naguère » impose l’idée d’un avant (l’oiseau « volait », verbe à l’imparfait), et un après qui est le présent (« il est » x 2). C’est donc un récit qui retrace la dégradation progressive de la situation de l’oiseau.

Un récit comporte des personnages. Ici, outre l’albatros, ce sont des « hommes d’équipage », peu spécifiés : « ils », « L’un », « L’autre ». Les actions de ces personnages sont simples : prendre des albatros, les « dépos[er] sur les planches », et « s’amuser » en agaçant et mimant l’oiseau embarrassé de ses ailes.

Cet oiseau est aussi un personnage en évolution, une victime désignée par son nom, « albatros » ; il est d’abord décrit de manière positive : « vastes oiseaux », « compagnons » ; deux personnifications mélioratives sont à observer : « rois de l’azur », « prince des nuées ». mais la description se complète par un système d’antithèses qui suscitent la compassion du lecteur : « si beau » s’oppose à « laid », « voyageur » s’oppose à « infirme ». Un vocabulaire péjoratif peint ce qu’est devenu l’oiseau « naguère » libre : « maladroits et honteux », « piteusement », « gauche et veule », « comique et laid ». Le lecteur peut éprouver de la compassion pour l’albatros qui a perdu la souveraineté des « rois », du « prince ».

Les lieux sont peu nombreux : « l’azur » du ciel, la mer et ses « gouffres amers », ses « tempêtes », et un « navire » avec ses « planches »  et ses « avirons ».

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Les trois premiers quatrains présentent bien quelques éléments narratifs. Mais ce poème se poursuit par un dernier quatrain qui en modifie profondément le sens général.

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Ce poème manifeste une puissance symbolique ou allégorique très forte autour de l’image de l’albatros liée à celle du poète.

Une figure de style majeure apparaît au vers 13, la comparaison, qui apporte un dévoilement de l’idée exprimée par Baudelaire : « Le Poète est semblable au prince des nuées ». Du coup, le poème appelle une seconde lecture éclairée.

L’idée de grandeur ou de majesté est valorisée d’emblée. Le poète est un être qui se complaît dans les hauteurs d’un univers immense : « Vastes oiseaux des mers », « rois de l’azur » ; si l’on ajoute le mot « prince », le lecteur prend conscience de la beauté, de la souveraineté, de la majesté qui caractérisent l’oiseau et le poète. Comme l’albatros, le poète est un être pacifique et inoffensif, « indolent », qui écarte l’idée de violence ; le mot « compagnons » met en avant des qualités de partage, peut-être d’amitié.

Cette majesté est suggérée par un rythme solennel. D’abord par un enjambement aux vers 1-2, qui donne un élan à la présentation des « Vastes oiseaux des mers » ; un second enjambement aux vers 7-8 laisse deviner sur 24 syllabes les « longues ailes blanches » qui « [traînent] à côté d’eux » ; un dernier, enfin, aux vers 15-16, reprend cette idée de supériorité

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