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Commentaire de texte La chanson de Roland

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Par   •  21 Avril 2018  •  Commentaire de texte  •  2 911 Mots (12 Pages)  •  1 931 Vues

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Bles Louison

Cours du mardi 12h45

Commentaire de texte La chanson de Roland

Laisses 148-150

La chanson de Roland est l'un des plus célèbres chanson de geste datant de la fin du XIe siècle. Rédigé par un poète anonyme, elle relate de manière plus ou moins objective la bataille de Roncevaux menée par Charlemagne et son arrière garde contre les sarrasins en 778. Cette épopée comme nombre de chanson du genre, met sur le devant de la scène un personnage principal ; l'histoire se centre ici sur Roland, héros éponyme, neveu de Charlemagne et chevalier au sein de son armée, ainsi que son compagnon Olivier et douze autres chevaliers.

Les laisses que nous étudierons se situent au cœur de l'affrontement entre les sarrasins et les francs, après que Roland ait sonné du cor, après avoir refusé une première fois de le faire, pour finalement avertir Charlemagne de la gravité de la situation. Ces laisses 148 à 150 se centrent sur la mort d'Olivier, fidèle compagnon de Roland qui est d'abord si mourant qu'il ne reconnaît pas ce dernier qui l'accompagnera dans ses derniers moments. Cette scène dépeint de manière tragique et touchante la mort d'un preux chevalier et ami.
Mais, en quoi ces laisses, à travers la mort d'Olivier, sont-elles l'incarnation du système de valeurs idéologiques du moyen-âge ?

Nous verrons d'abord que ces laisses dépeignent une scène de mort pathétique et tragique, mais également comment une fidélité sans limite transparaît dans ces laisses et enfin comment ces laisses humanisent le guerrier.

        Tout d'abord, les laisses 148-150 sont la représentation d'une scène de mort pathétique avec la mort tragique d'Olivier, fidèle compagnon de Roland.

        En effet, le tragique de cette scène réside dans les adieux de Roland à Olivier faisant ressortir le puissant lien d'amitié et de compagnonnage qui unit les deux guerriers. La relation d'amitié qui unit les chevaliers prend une place très importante dans le genre de la chanson de geste. Les combats sanglants sont mis entre parenthèses le temps de la mort d'Olivier et Roland oublie un temps son statut de chevalier pour n'être qu'un ami pour Olivier. Ainsi, cette scène d'adieu met en exergue le couple chevaleresque et montre que le lien qui les unit est plus fort que l'appartenance à la même armée. Les termes «cumpaignum» et «cumpain» sont utilisés plusieurs fois dans toutes les laisses de notre extrait témoignant de l'affection profonde qui unit les deux êtres. Roland désigne Olivier par des termes amicaux plutôt que chevaleresque. La qualification d’irremplaçabilité est mise en avant au vers 1984  «jamais n'iert hume ki tun cors cuntrevaillet», Roland tout en admettant la mort inévitable d'Olivier pleure son ami qui sera à jamais irremplaçable du fait de l'estime profonde qu'il lui porte, plus que de par sa qualité de guerrier. Cette estime profonde est d'autant plus mise en avant dans les vers « Sire cumpain, faites le vos de gred ? / Ja est ç' Rollant, ki tant vos soelt amer ! » après qu'Olivier ait frappé Roland à cause de son aveuglement. Le code chevaleresque voudrait que Roland se venge de cette outrage, il répond pourtant «dulcement e süef» faisant preuve d'une tendresse et d'un amour plus fort que tout puisqu'il efface tout réflexe chevaleresque de Roland. Ce dernier est ici dominé par ses émotions et son amour pour Olivier. Roland affirme également «Par nule guise ne m'avez desfiét.'» brisant encore une fois les codes chevaliers puisque le coup d'Olivier devrait représenter un outrage mais Roland affirme qu'il n'a en aucun cas été défié. Le terme «amur» est également utilisé au vers 2009 témoignant de la relation d'amour et d'amitié qui unit les deux hommes.

        De plus, le tragique et le pathétique de cette scène sont renforcés par l'aspect de pardon qui domine cette scène. En effet, les laisses précédentes ont constituées une scène de tension entre les deux compagnons à la suite du refus de Roland de sonner du cor à la demande d'Olivier. Cette scène de pardon peut être entendue comme une scène de pardon à double sens. Suite à son aveuglement, Olivier frappe Roland sans le reconnaître, Olivier implore donc le pardon de Roland «Ferut vos ai ? / Car le me pardunez !» ce à quoi Roland répond «'Jo n'ai nïent de mel». Les excuses d'Olivier et le pardon de Roland témoigne ici de la disparition totale des tensions crées entre les deux personnages afin de renforcer l'aspect dramatique de cette scène d'adieu. L'amour qui unit ses deux personnages pardonne tout comme démontré précédemment et les unis de manière définitive dans le pardon. Cette scène de pardon se clôt d'ailleurs par les vers «A icel mot l'un a l'altre ad clinét. / Par tel amur as les vus desevréd !» comme pour souligner le pardon comme finalité, comme délivrance. Olivier peut mourir car Roland l'a pardonné et parce que toute rancœur entre eux est oubliée. La mort d'Olivier semblait attendre le pardon mutuel. La scène de pardon est ici utilisée pour renforcer le pathétique et toucher le lecteur de manière plus forte.

        Enfin, le pathétique de cette scène d'adieu est renforcé par le témoignage de Roland face à la mort de son compagnon, ce qui n'était pas le cas avec les morts de ses autres compagnons francs.  La douleur intense de Roland qui s'exprime de manière orale mais également physique. En effet, à la vue du corps d'Olivier pale et ensanglanté, Roland exprime son désemparement face à la mort qui est présentée comme inéluctable «or ne sai jo que face », cette impuissance face à la douleur et la mort renforce le pathétique et le tragique de cette scène qui impose la mort et la douleur comme seule solution. Mais la douleur de cette impuissance dépasse la simple parole puisque cette douleur devient physique «a icest mot sur sun cheval se pasmet», la tristesse est telle que le corps ne peut plus la supporter et l'évanouissement semble la seule solution supportable pour Roland qui ne peut sauver son fidèle compagnon d'une mort certaine et préfère s’évanouir à la vue d'une telle souffrance. De plus après la mort d'Olivier, le poète choisir de clore la laisse 150 sur deux vers mettant en avant la douleur de Roland «Rollant li ber le pluret, si l'duluset ; / Jamais en tere n'orrez plus dolent hume.» Cette tristesse est décrite comme inégalable et insurmontable par le poète qui prononce son avis selon lequel Roland est l'homme le plus triste que l'on verra. Le preux chevalier, vaillant et insurmontable Roland pleure de manière humble et véritablement touchante la mort d'un ami cher. Cette douleur de Roland envers la mort de son ami renforce la scène de mort tragique d'Olivier.

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