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Commentaire de texte - Blaise Cendrars, L'Homme Foudroyé, "La femme à Mick"

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Par   •  5 Novembre 2019  •  Commentaire de texte  •  1 755 Mots (8 Pages)  •  1 779 Vues

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Blaise Cendrars est un auteur français né en Suisse en 1887. Il est mort à Paris en 1961. Il est à la fois poète, romancier et auteur de récits autobiographiques. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a eu une vie très mouvementée. Il publie en 1945 un récit personnel intitulé L’Homme foudroyé, dans lequel il évoque notamment son amour pour Marseille et le Sud de la France. Le texte que nous allons étudier est tiré du chapitre « Le Vieux Port ». Lors d’un passage pittoresque il met en scène « la femme à Mick ». Elle vient faire le ménage dans la maison qu’il loue. On peut se demander comment Blaise Cendrars parvient à mettre à l’honneur ce personnage. Nous verrons qu’il y arrive à travers un don qui lui permet d’évoquer par la suite l’heureuse élue.

Tout d’abord nous verrons les conditions exceptionnelles qui entourent ce cadeau, et ensuite le présent en lui-même. Ce cadeau fait par le narrateur à la « femme à Mick » n’est pas un cadeau prémédité. En effet, cette idée, ces actions, lui sont venues sur le moment. C’est donc un événement particulier, ce qui est marqué par l’utilisation de « un beau matin ». De plus, le narrateur précise qu’il part « sans même avoir sifflé Volga », ce qui signifie qu’il part dans la précipitation, sans réfléchir. Cela prouve donc que les conditions qui précède ce cadeau sont exceptionnelles, elles n’arrivent pas tous les jours. C’est une action entreprise sur le moment, sur un coup de tête très certainement. Nous avons de même des verbes d’actions successifs qui montrent le dynamisme du narrateur, tels que « détachais » ou « filai » (l.4 et l.5), soit le champ lexical du mouvement, qui insufflent un rythme soutenu. L’auteur insiste sur le fait que c’est la seule fois qu’il se rend à Marseille, malgré son amour par la ville, comme l’indique l’expression « unique escapade » (l.6). S’ajoute à cela un souvenir joyeux, qui montre que l’événement, dans la mémoire de l’auteur, est marquant, comme le prouve l’expression « J’en ris encore après vingt ans » (l.1). Le présent, quant à lui, est une tenue de gouvernante, avec un tas d’autres accessoires. Cendrars, en utilisant l’expression « un jour, je lui avais donné une paire de bas blancs » nous démontre que ce n’est pas la première fois qu’il fait un cadeau à cette femme. L’auteur use d’un procédé d’énumération et d’insistance, ainsi que de nombreux détails pour marquer l’abondance de cadeaux et leurs valeurs, tout au long de sa description de celui-ci, avec notamment « une tenue irréprochable de gouvernante de bonne maison, une robe noire avec une collerette et des manchettes blanches… » qui est une longue description des différents cadeaux, fournis en détails divers et variés. Le narrateur, en utilisant « j’avais rapporté à la donzelle » montre qu’il est allé spécialement pour elle chercher ce cadeau de très grande valeur. Les accessoires que le narrateur sont aussi sujets à une nouvelle énumération détaillée où l’on retrouve donc « une broche, une torsade en or, et un grand flacon de patchouli ». Cendrars utilise l’expression « aussi » pour insister sur l’abondance de cadeaux, et leur valeur, dans tout ce qu’il offre à la femme. Le cadeau, d’un autre côté, met en avant une nouvelle apparence, plus strict, de la femme, avec « irréprochable », « gouvernante de bonne maison » ou encore « escarpins de curé à talon plat ».

Nous allons à présent considérer l’effet du cadeau sur celle qui se nomme elle-même « la femme à Mick ». Tout d’abord nous verrons l’opposition entre le don et la personne à qui il est destiné. Ensuite nous noterons son influence sur le comportement du personnage. Enfin nous nous intéresserons plus précisément au narrateur.
Comme nous l’avons démontré précédemment, le don est d’une très grande valeur. En effet, il contient de nombreux accessoires et est constitué, principalement, d’une tenue de gouvernante. Et pourtant, dans le texte, le fossé entre le don et la femme est très vaste. L’auteur, dans le texte, nous indique que pourtant « la femme était impayable dans cette tenue sévère », ce qui nous montre que le contraste entre la valeur du cadeau et celle à qui il est destiné n’empêche pas l’auteur d’avoir un ressenti « positif » de la dame. Le portrait qu’il fait de la « femme à Mick » est en tout point différent de la description abondante en détails du cadeau de très grande valeur. Cette « tenue irréprochable » et la « robe noire » se substituent au profit de celle qui va les porter. La femme, telle qu’elle est décrite par Cendrars, ne change pas tant que ça, même après avoir enfilé sa nouvelle tenue. Elle reste cette femme familière, comme nous le montre l’auteur au travers de l’emploi du vocabulaire familier « trogne de gouape », de l’emploi du vocabulaire péjoratif « son chignon ridicule », ou encore au travers de la métaphore animale « avec ses dents de carnassier ». Cette femme est donc présentée comme sauvage, familière, soit le total opposé du don fait par Cendrars.
Après que le narrateur ait fait ce don, il nous décrit alors la réaction de la « donzelle » face à celui-ci. Cette réaction, si l’on se réfère à la description que l’auteur nous en fait, semble exagérée, comparable à celle d’un enfant qui vient de recevoir un présent. La femme est tellement contente que son comportement en est impacté, il change de manière radicale. Ainsi, Cendrars nous apprend qu’elle est tellement excitée que « elle ne tenait plus en place ». À cette surexcitation enfantine décrite par l’auteur, s’ajoute la comparaison familière « elle jacassait comme une pie », comparaison où l’on retrouve le côté animal de la femme, que Cendrars a déjà évoqué auparavant dans le texte. Cette comparaison animale devient une métaphore, avec la phrase « Note-t-on les propos d’une pie ». Pour accentuer ce ressenti de surexcitation, le narrateur utilise le champ lexical des mouvements rapides, crée par « ne tenait plus en place », « sautes », « envols », qui démontrent surtout la transformation et la métamorphose à la fois du comportement de la protagoniste, mais de la femme en elle-même aussi.
Le narrateur, tout au long du texte, n’est pas subjectif dans les descriptions qu’il fait de la femme et du cadeau. Il décrit le présent avec beaucoup de détails, et en insistant sur sa valeur, en précisant notamment qu’il contient de l’or. La femme, quant à elle, est décrite sur un ton péjoratif, mais aussi sur un ton blagueur. Pour autant, le narrateur ne se moque pas d’elle. On comprend que cette femme, mystérieuse, qu’il ne connaît qu’au travers du cadre professionnel, l’intrigue énormément. Mais vers la fin du texte, cet intérêt semble disparaître pour laisser place à de l’agacement, à un abandon du narrateur pour tenter de comprendre le personnage auquel il fait à présent face. Il ne comprend pas son vocabulaire, et ne désire plus tenter de le faire. Il ne veut plus tenter de converser avec elle, car la femme ne s’exprime qu’au travers de « Ô !…ô !…ô !... », qui ne sont que la marque de l’enthousiasme et de la surprise. Au vu des « propos » que tient la femme, il est évident que l’on ne peut plus parler de dialogue. Le narrateur parle à la femme, mais elle ne se contente d’émettre des bruits, à la manière d’un animal. L’intérêt porté par Cendrars à ce personnage ne peut être assouvi, car elle ne s’exprime pas. Mais le narrateur nous indique au travers d’une énumération qu’il n’est pas tendre lorsqu’il tente de converser avec la femme. Celui-ci va donc s’exprimer avec le champ lexical de l’agressivité avec « dur », « brutal » et « brusqueries ». L’hyperbole « mes brusqueries » va aussi décupler l’agressivité que l’auteur place dans ses tentatives de dialogue. Les adjectifs personnels « mon » et « mes » qu’utilise Cendrars nous montrent qu’il revendique le fait de ne pas lui parler convenablement, peu importe si cela blesse la femme ou non. L’agacement du narrateur est marqué par les échappatoires que la donzelle utilise pour éviter de parler à Cendrars. Cet agacement est marqué par le vocabulaire péjoratif « la gueuse » que le narrateur va alors utiliser. La contrariété naissante de l’auteur est aussi intensifiée par l’utilisation du champ lexical de l’évitement, avec « échappatoires », « détours » ou encore « me répondre à côté », ce qui renforce le caractère insaisissable de la dame. Celle-ci semble quant à elle s’être donné une quête, celle de ne rien dévoiler sur sa vie, sur elle. Le narrateur nous le prouve au travers des négations tel que « ne laisse rien deviner », « ni de la vie » ou encore « elle ne voulait pas ». S’ajoute à cela la double question rhétorique posée par l’auteur à la fin du texte, « pourquoi elle ne voulait pas me l’amener alors que je lui demandais avec insistance, et pourquoi les deux ou trois fois que je m’étais encore présenté à leur cabanon, ils rentraient et s’enfermaient à clé ? ». La perplexité dans laquelle l’auteur est plongé est renforcée, à la fin du texte, par l’utilisation de la ponctuation et plus précisément des points de suspension. Ces points de suspensions sont une représentation de l’état dans lequel se trouve Cendrars. Il ne comprend toujours pas, et ne comprendra alors jamais, pourquoi elle ne voulait pas répondre à ses questions, malgré l’insistance qu’il mettait dans celles-ci.

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