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Commentaire de l'incipit de falaises d'Olivier Adam

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Par   •  7 Février 2017  •  Commentaire de texte  •  1 550 Mots (7 Pages)  •  3 885 Vues

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Rappel de notre problématique : Comment cet incipit de roman place-t-il le personnage principal à mi-chemin entre un espace de vie et un espace de mort, entre lesquels il semble devoir choisir ?

Introduction

L’incipit d’un roman est un moment privilégié du récit, puisqu’il constitue, pour le lecteur, les premiers pas dans la fiction. En ce sens, bien souvent, l’incipit offre, selon divers modes, les informations nécessaires à l’appréhension de cet univers singulier, informations qui passent en général par la découverte du personnage principal. Dans Falaises, roman autobiographique publié en 2005, Olivier Adam présente un personnage qui revient sur son passé traumatisant. Il choisit d’ouvrir son roman par les réflexions du narrateur interne et protagoniste du récit, qui, à l’âge de trente et un ans, fait le point sur sa vie. Le soir des vingt ans de la mort de sa mère, qui s’est jetée du haut d’une falaise, il s’installe seul sur le balcon d’une chambre d’hôtel et observe sur la plage les fantômes des proches disparus, tandis que sa compagne et sa fille dorment de l’autre côté des baies vitrées, à l’intérieur. De façon originale, ce texte offre à sa manière une entrée efficace et intrigante dans l’univers de fiction qu’il installe et nous invite à nous poser la question suivante : Comment cet incipit de roman place-t-il le personnage principal à mi-chemin entre un espace de vie et un espace de mort, entre lesquels il semble devoir choisir ? Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps la mise en place, autour du personnage, de deux espaces séparés, puis nous aborderons la position centrale du narrateur, situé comme sur un fil entre la vie et la mort avant d’interroger pour finir l’orientation que choisit le texte entre ces deux directions habilement renversées.


I – Deux espaces séparés : vie et mort

1° - Un espace de vie tourné vers l’avenir : Chloé, la fille, symbole de l’enfance, de la jeunesse et de la vie qui commence ; « ma vie commence », répété deux fois ; « table rase », mais Chloé s’est invitée ; espace positif = « protégée », « paisible et légère », « un sourire très doux », « me sourit ». Donc, avenir radieux à l’intérieur. Mais à l’extérieur…

2° - Un espace de mort tourné vers le passé : « fantômes », « corps », « froid qui descend et s’amplifie », « Ma mère est morte et tous les miens s’en sont allés » (passé composé). « nuit profonde et noire », « perdue dans la nuit maritime », « les falaises »

3° - Le réel et l’irréel séparés par la baie vitrée : « De l’autre côté des baies vitrées, séparée du dehors » (idée de séparation entre deux espaces posée dès le début du texte). Dedans, le réel, Claire et Chloé, dehors l’irréel, les fantômes, irréel qui contamine jusqu’au paysage et forme une scène théâtrale, une illusion dont le narrateur est spectateur (tissu du ciel, décor factice, balcon, lumière, « funambule, équilibriste »).

Transition[1] : Le passage met donc en place deux espaces nettement séparés en apparence, un, qui correspond à la réalité, tourné vers la vie et l’avenir, un, irréel, qui correspond au passé et à la mort. Or, la mise en place de cet univers scindé en deux semble avoir pour but principal de placer le personnage, dès le début du roman, dans l’entre-deux, à mi-chemin entre la vie et la mort, entre-deux qui semble être le fil directeur du passage et contamine tous les éléments du texte.

II – Un personnage sur le fil


1° - Situation géographique du personnage : l’isolement. Le narrateur semble en fait coupé des deux espaces, il ne participe réellement d’aucun, il est isolé. S’il est « ici », il n’est pas sur la plage ou sur les falaises avec les morts, il est sur le balcon. Il n’est que spectateur (« contemple ») et une « couverture [le] protège » ; cependant, il n’est pas non plus à l’intérieur avec Claire et Chloé, qui forment une unité close sur elle-même, dont le narrateur est résolument exclu, malgré les brefs contacts, qui n’en sont pas vraiment. L’hôtel, espace transitoire.


2° - Entre deux temps : le temps arrêté, suspendu. Négation de l’enfance « Je n’ai pas d’enfance », « table rase », et avenir incertain : « et qui sait où nous allons », «  se perd à l’ouest ». Le choix du présent : présent d’énonciation qui situe justement dans un temps figé, arrêté, ce qui est manifesté par les aspects cycliques : célébration d’un anniversaire (les bougies), construction circulaire (le chiasme), images récurrentes du cercle. Le temps tourne en rond, ce qui revient à la figer, temps perpétuel et cyclique du souvenir, qui fait ressurgir le passé dans le présent.

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