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Commentaire de l'incipit de Stupeur et tremblements d'Amélie NOTHOMB

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Par   •  21 Avril 2020  •  Commentaire de texte  •  2 482 Mots (10 Pages)  •  2 726 Vues

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Née en 1967 à Kobe au Japon, Amélie Nothomb est la fille de l’ambassadeur de Belgique. Elle passe ses cinq premières années de sa vie au Japon et elle parlera couramment la langue japonaise et deviendra interprète. L’auteure a vécu également dans d’autres pays comme la Chine, le Bengladesh, la Birmanie et le Laos avant d’aller en Belgique à dix-sept ans. Elle publie divers romans dont Hygiène de l’assassin et Stupeur et tremblements.

Ce dernier est son septième roman publié en 1999, il s’agit d’un roman autobiographique narrant une partie de la vie de Nothomb. L’auteure connaît un large succès, elle fut récompensée par le grand prix du roman de l’Académie française et fut l’objet d’une adaptation cinématographique. Ce livre expose le système japonais du monde du travail qui consiste à réclamer la perfection aux employés mais aussi à mettre à l’écart sans licencier les employés jugés incapables.

Amélie, jeune diplômée belge, a un contrat d’un an dans la grande entreprise de Yumimoto au Japon, pays qu’elle adore. Elle est au service de tout le monde mais sa supérieure directe est Mori Fubuki. Amélie a du mal à s’adapter au système japonais et enchaîne les maladresses. Elle va donc subir pendant un an les humiliations de ses supérieurs et se fait même avouer une inaptitude au travail et une incapacité intellectuelle. Dans cet incipit, nous trouvons l’arrivée de Nothomb alors qu’elle vient d’être engagée dans l’entreprise. Ainsi, comment est montrée l’originalité de cet incipit autobiographique ? Dans un premier temps nous analyserons la rencontre de la narratrice entre deux univers, dans un second temps nous étudierons les différents états de la narratrice et dans un dernier temps nous mettrons en relief la satire de l’univers professionnel japonais.

Le début de ce roman met la narratrice entre deux univers complètement différents. Tout d’abord, elle découvre un univers professionnel oppressant et corrobore au lecteur le poids de la hiérarchie dans la compagnie Yumimoto. Ainsi, la construction chiasmique du premier paragraphe, la construction grammaticale ternaire des phrases (Groupe sujet « Monsieur Haneda » + verbe « était » + attribut du sujet « le supérieur de monsieur Omochi ») et l’emboîtement des propositions subordonnées relatives introduites par le pronom relatif « qui » expliquent cette hiérarchie paralysante où tous les employés sont figés à leur place avec un ordre strict et immuable ; d’ailleurs il s’agit d’une forme pyramidale ayant comme tête monsieur Haneda. De plus, la répétition des mots « supérieur » (sept fois) et « ordre » (quatre fois) entre la première et la vingt-cinquième ligne montre une hiérarchie omniprésente et pesante semblant écraser les employés au sein de l’entreprise. La présence de la phrase négative entre les lignes deux et trois : « Et moi, je n’étais la supérieur de personne. », illustre une insistance, sur la première personne du singulier ne représentant que la narratrice (« moi » + « je »), et faisant écho à « Donc, dans la compagnie Yumimoto, j’étais aux ordres de tout le monde » (l.5-6), tout cela exprime l’insistance sur la subordination de la narratrice inférieure professionnellement à tout le monde ; d’emblée est résumée l’intrigue principale du roman in medias res. En effet, l’auteure porte un regard critique et objectif sur ses erreurs et capacités et elle souligne également l’infériorité du statut de la narratrice.

Cet incipit nous met entre deux champs lexicaux opposants, le premier est celui de l’entreprise : « compagnie Yumimoto » (l.5-6), « réception » (l.10), « bureau » (l.20), « vice-président » (l.21), « travaillaient » (l.24), « réunion » (l.26), etc. qui s’oppose à celui de l’imaginaire propre de la narratrice…

Par ailleurs, l’auteure explique son étouffement et son anonymat dans cette compagnie. L’antithèse filée entre le « je » de la narratrice et les autres employés de l’entreprise désignés par des substantifs généraux et cardinaux (« des hordes de gens » (l.19) et une quarantaine de personnes formant une assemblée (l.24 et 27)) met en évidence la singularité du personnage d’Amélie. En fait, la solitude s’oppose à la multitude, l’unicité à la multiplicité et la singularité à l’anonymat. Outre cela, le champ lexical de l’entreprise représente un univers clos, fermé et oppressant enfermant les employés dans leur statut et crée un sentiment de malaise, d’aliénation et d’écrasement de la narratrice dans un milieu étranger et hostile : « l’ascenseur » (l.7), « hall » (l.8), « d’innombrables et immenses salles » (l.18-19), « bureau » (l.20), « une porte » (l.22). L’espace reste flou et imprécis aux yeux de la narratrice puisqu’elle utilise le partitif « d’ » et l’article indéfini « une ».

La narratrice se pose comme différente des autres employés (elle est occidentale) et cherche à échapper à ce carcan car son premier réflexe est de s’évader et de s’échapper de cette endroit : à peine entrée dans les locaux de l’entreprise, son premier réflexe est de se défenestrer dès son arrivée.

Par ailleurs, le monde intérieur de l’entreprise est décalé de la narratrice puisqu’elle s’évade par sa pensée. Ainsi, la métaphore de la défenestration et sa comparaison (« La fenêtre, au bout du hall, m’inspira comme l’eût fait le hublot brisé d’un avion » (l.8)) exposent la nécessité de s’évader dès l’arrivée de la narratrice pour échapper à l’emprise professionnelle et au poids de la hiérarchie. De plus, nous trouvons une triple occurrence de l’adverbe « loin », entre les lignes huit et neuf, accentuée par les adverbes d’intensité « très » et « si » et le champ lexical du vide et de l’oubli (« je songeai » (l.9), « il n’y avait dans ma tête aucune pensée » (l.10), « la fascination pour le vide » (l.11), « j’oubliais les noms au fur et à mesure » (l.19-20)) annoncent la volonté de partir vers un ailleurs détaché de la réalité du monde professionnel. La narratrice semble être présente physiquement mais son esprit est ailleurs. Par conséquent, l’imaginaire de la pensée fait écho à celui des mots.

La narratrice s’évade encore mais cette fois nous pouvons parler d’une évasion par les mots, cela est montré par la présence de l’antithèse entre le travail demandé par monsieur Saito (la lettre à monsieur Johnson) et l’imaginaire des mots qui reposent sur des références culturelles comme « Belle marquise » (l.50) qui fait référence au Bourgeois gentilhomme de Molière et « dans l’œil d’Aristote » (l.54) qui réfère à la rhétorique. Ces deux

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