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Commentaire de l'excipit du roman Bel-Ami de Guy de Maupassant

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Par   •  15 Mai 2014  •  2 125 Mots (9 Pages)  •  2 421 Vues

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Maupassant : Bel-Ami. Commentaire de l’excipit (fin du roman).

Le texte qui nous est ici proposé est extrait du roman Bel-Ami, publié par Guy de Maupassant en 1885. Il en constitue l’excipit. Ce roman évoque l’ascension fulgurante de Georges Duroy qui, en à peine plus de trois ans, parvient au sommet de l’échelle sociale. Au moment où le récit se clôt, Bel Ami (c’est le surnom que lui donnent ses conquêtes féminines), devenu rédacteur en chef du journal La Vie française, épouse la fille de son patron, Suzanne Walter, qu’il a séduite et enlevée. Ce mariage, avec une des plus riches héritières de Paris, se déroule en présence du Tout-Paris, en l’église de la Madeleine, et constitue le point d’orgue de son parcours, son apogée. Nous analyserons donc dans un premier temps la façon dont le narrateur met en relief le triomphe de son héros. Nous nous pencherons ensuite sur l’image que nous laissent de lui, au moment de refermer le livre, les derniers paragraphes du roman.

I La mise en relief du héros lors de son triomphe.

Georges Duroy atteint ici le faîte de sa gloire. Ce mariage sonne comme l’apothéose d’un parcours exceptionnel. Le lieu lui-même, l’église Sainte-Madeleine, situé dans les beaux quartiers de Paris, non loin de la Place de la Concorde et de l’Assemblée Nationale (le Palais Bourbon), est en lui-même symbolique de ce trajet, qui l’a mené des quartiers populaires du XVIIe arrondissement jusqu’en ces lieux de pouvoir.

Analysons donc la façon dont le narrateur souligne le caractère triomphal de cet événement.

Constatons tout d’abord que tout le passage se construit sur un effet de contraste, qui oppose la masse anonyme des spectateurs à la singularité du héros. Le narrateur insiste en effet sur le nombre important des participants : le mot « foule » est employé à trois reprises, aux lignes 25 et 32, et le « défilé des assistants » est qualifié d’ « interminable » (l. 11). Il souligne également la densité de cette masse, évoquant l’église « pleine de monde » (l. 28) et les bousculades que cela entraîne : « d’autres personnes se poussaient » (l.25). Une comparaison à valeur hyperbolique accentue cette dimension : « la foule coulait devant lui comme un fleuve » (l. 25), ainsi que des adjectifs soulignant le caractère indistinct de tous ces corps réunis : la foule est « amassée, noire, bruissante » (l. 32) : notons ici l’allitération en [s] - amassée – bruissante - qui suggère le bruit de fond produit par cette assistance nombreuse. Les lignes 32 et 33 mettent bien en évidence cette opposition de l’un et du multiple : le pronom personnel de la 3ème du singulier, présent sous ses trois formes « il », « le », « lui » pour désigner Georges Duroy, est répété à 6 reprises dans ces deux lignes, et s’oppose au caractère collectif de l’assistance, désignée par les mots « foule » et « peuple de Paris ».

Par ailleurs, la mise en scène est fortement théâtralisée : le dispositif de la cérémonie est spectaculaire. Les « haies de spectateurs » sont évoquées à deux reprises, tout d’abord dans la nef de l’église : « chacun avait regagné sa place, afin de les voir passer ensemble » (l. 28), puis sur les marches du perron (l. 37). Georges Duroy est le centre d’un véritable spectacle, et cette dimension est encore accentuée par la position surplombante, dominante du héros, qui doit baisser les yeux pour apercevoir la foule massée au pied du « haut perron » de l’église : « lorsqu’il parvint sur le seuil, il aperçut… » (l. 32). Cette position spatiale est bien évidemment symbolique de la position sociale qu’il occupe désormais.

On notera encore le caractère cérémoniel et solennel de la marche du héros à travers l’assistance : le narrateur insiste à deux reprises sur la lenteur de sa progression : « il allait lentement » (l. 29) ; « il descendit avec lenteur » (l. 37). La description de son attitude, à la ligne 29 : « d’un pas calme, la tête haute, les yeux fixés sur… », construite sur un rythme ternaire, avec 3 groupes nominaux apposés, donne à la phrase, et à la procession, une dimension majestueuse.

C’est d’ailleurs à un « roi » que Georges s’identifie devant l’hommage que lui rendent les spectateurs de son triomphe : « Georges, affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer » (l. 9) La désignation de l’assistance par l’expression « le peuple de Paris », à la ligne 33, accentue cette transfiguration du héros en véritable monarque. Le jeu des regards contribue à renforcer cet effet de sens : en effet, tout comme une altesse royale, Georges dédaigne de poser ses regards sur l’assistance, sinon fugitivement : « les yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la porte […] Il ne voyait personne » (l.31), « il ne les voyait point » (l.38), alors qu’il est le point de mire de la foule entière : « Le peuple de Paris le contemplait » (l. 33). La gestuelle mécanique qu’il adopte pour répondre aux compliments de l’assistance (« Il serrait des mains, balbutiait des mots qui ne signifiaient rien, saluait, répondait…», l. 10), soulignée par l’accumulation des verbes à l’imparfait de répétition, fait d’ailleurs penser à l’attitude des souverains ou des chefs d’état, lorsqu’ils prennent un bain de foule… Georges Du Roy « mérite » à présent son nom : la connotation royale inscrite dans son patronyme trouve ici enfin tout son sens !

Il n’est pas jusqu’au Christ lui-même qui ne vienne célébrer la réussite de Bel Ami : la descente de l’esprit saint, à l’appel du prêtre, ne vient pas consacrer, comme le veut la tradition chrétienne, son mariage avec Suzanne, mais « le triomphe du baron Georges Du Roy » (l. 3) !

Les notations de lumière - « la grande baie ensoleillée de la porte »(l. 29), « ses yeux éblouis par l’éclatant soleil » (l.38) - renforcent cet effet d’apothéose.

Enfin, le choix du point de vue narratif, en focalisation interne, nous donne accès aux émotions ressenties par le personnage ; une hyperbole souligne l’intensité de son bonheur

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